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JO Paris 2024 : village olympique en bois, concours d'art, parité, voici à quoi ressemblaient les Jeux en 1924

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  • France Bleu

En 1924, Paris accueillait les JO. Rebelote en 2024, la capitale se pare des couleurs des anneaux olympiques. Mais en cent ans, les Jeux ont bien changé. Village olympique rudimentaire, concours d'art et sports en démonstration : voici à quoi ils ressemblaient en 1924.

Le 1500m hommes des Jeux olympiques 1924 Le 1500m hommes des Jeux olympiques 1924
Le 1500m hommes des Jeux olympiques 1924 © Getty - Central Press/Hulton Archive

En 1924, la Seine sort de son lit, Chamonix organise les premiers Jeux d'hiver de l'histoire et le président Gaston Doumergue est élu. Mais c'est surtout le plus grand événement sportif mondial que les Français et les touristes, notamment américains, attendent avec impatience.

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Mais à quoi ressemblaient les Jeux olympiques de 1924 à Paris ? À l'occasion du retour des JO dans la capitale cet été (26 juillet-11 août), France Bleu vous propose de remonter le temps et de vous arrêter il y a cent ans. Voici les six différences majeures entre les Olympiades de 1924 et celles de 2024.

Un homme à la table d'un café, avec l'affiche des Jeux de Paris 1924 accroché sur un mur derrière lui
Un homme à la table d'un café, avec l'affiche des Jeux de Paris 1924 accroché sur un mur derrière lui © Getty - Fireshot/Universal Images Group

Des Jeux de Paris... à Colombes

Si les affiches accrochées sur les murs des faubourgs de la capitale indiquaient toutes "Paris 1924", dans les faits, c'est le stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine) qui demeure la principale enceinte de ces olympiades. La cérémonie d'ouverture se déroule donc en banlieue ouest, le 5 juillet : plus de 3.000 athlètes défilent devant 45.000 spectateurs avec parmi eux de "nombreuses personnalités qui se bousculent dans les gradins", raconte le site internet du département, comme le futur roi du Royaume-Uni Edouard VIII.

La cérémonie d'ouverture au stade Yves-du-Manoir de Colombes en 1924
La cérémonie d'ouverture au stade Yves-du-Manoir de Colombes en 1924 © Getty - Keystone/Hulton Archive

Une grande partie des épreuves y sont aussi organisées : les matchs de football, de rugby, les épreuves de gymnastique ou encore de cyclisme. Le stade est également le cadre des courses épiques des athlètes britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell, immortalisées dans le film aux quatre Oscars "Les Chariots de feu" (1981) sur la musique de Vangelis.

Harold Abrahams remporte la médaille d'or du 100m aux Jeux de Paris 2024
Harold Abrahams remporte la médaille d'or du 100m aux Jeux de Paris 2024 © Getty - Jewish Chronicle/Heritage Images

Agrandi juste avant la Seconde Guerre mondiale pour accueillir 60.000 spectateurs et recevoir la finale de la Coupe du monde de 1938, il a vu se disputer 42 finales de Coupe de France et 79 matches de l'équipe de France de football.
Mais l'inauguration en 1972 du Parc des Princes nouvelle mouture a signé son déclin et trois de ses quatre tribunes furent rasées à la fin du XXe siècle. Avant les Jeux de 2024, le stade de Colombes a eu le droit à un petit coup de jeune. Il accueillera cette fois (seulement) les tournois de hockey sur gazon.

Des maisonnettes en bois pour héberger les athlètes

À quelques mètres du stade Yves-du-Manoir, les athlètes des Jeux 1924 logent pour la plupart sur le boulevard de Valmy dans le tout premier village olympique de l'histoire des JO. À l'époque, les logements sont des baraques en bois, meublées et prévues pour accueillir trois personnes. On est bien loin du confort vanté dans le village olympique version 2024 situé à cheval entre Saint-Denis et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Les athlètes prendront leur quartier dans des appartements flambants neufs qui seront réutilisés et vendus à l'issue des Jeux olympiques et paralympiques, contrairement aux maisonnettes de 1924. "Nous avons eu une réflexion pérenne, pour la construction d’un quartier de ville, avec des logements et des bureaux pour faire vivre ce quartier", expliquait sur France Bleu Paris, Isabelle Vallentin directrice générale adjointe de la Solideo, la société qui s’occupe de la livraison des ouvrages olympiques.

Le village olympique en 1924
Le village olympique en 1924 © Getty - Hulton Archive
Appartement du village des athlètes
Appartement du village des athlètes © AFP - MIGUEL MEDINA
Une chambre du village olympique des Jeux 2024
Une chambre du village olympique des Jeux 2024 © Radio France - Faustine Mauerhan

Du sport... et de l'art !

Depuis 1912 et les Jeux de Stockholm (Suède), l'art côtoie le sport. L'idée est chère au fondateur Pierre de Coubertin (1863-1937). Il souhaitait "associer les sports, les lettres et les arts pour enrichir les Olympiades modernes à l’égal des illustres jeux de l’Antiquité grecque", peut-on lire dans Le Figaro (article payant). Ainsi, des épreuves d'architecture, de peinture, de sculpture, de littérature et de musique sont organisées.

Les olympiades de 1924 sont un franc succès pour les épreuves artistiques : 193 candidats s'inscrivent. Chaque artiste expose ses œuvres au Grand Palais, qui accueillera cent ans plus tard l'escrime et le taekwondo. Les "art-hlètes" sont départagés par d'éminents membres du jury comme les sculpteurs Paul Landowski, Antoine Bourdelle et Aristide Maillol. Cette année-là, Ils offrent le Prix olympique de Sculpture au Grec Constantin Dimitriadis, selon un numéro du Figaro de l'époque. Ces épreuves d'art traversent sept olympiades et disparaissent définitivement aux JO d'Helsinki en 1952.

Retrouvez les résultats de ces concours d'art dans les extraits du rapport officiel des JO 1924 ci-dessous.

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La savate et la pelote basque en démonstration

Dans l'histoire des Jeux modernes, de nombreux sports ont disparu. Le tir à la corde, le croquet, le jeu de paume ou encore le polo ont tous été présents au moins une fois dans la première partie du XXe siècle. C'est aussi le cas de la pelote basque et de la savate qui, contrairement aux Jeux de 2024, faisaient partie de la compétition cent ans plus tôt. Mais pas comme des épreuves olympiques à part entière.

La pelote basque fait son retour en 1924, mais seulement en démonstration, car 24 ans auparavant, déjà à Paris, le sport n'avait pas suscité un grand engouement. Le fronton, situé à cheval entre Boulogne et le 16e arrondissement de Paris, est toujours utilisé pour des compétitions ou des événements culturels. Tout en haut du mur ocre, on peut lire "1924", rapporte Le Monde.

La pelote basque était un sport en démonstration aux Jeux de Paris 1924
La pelote basque était un sport en démonstration aux Jeux de Paris 1924 - COMITÉ EXÉCUTIF DES JEUX DE LA VIIIE OLYMPIADE

À l'époque, la savate, aujourd'hui plus connue sous le nom de boxe française, souhaite se développer. "Au début du XXe siècle, la boxe française est très bien implantée en France. Elle commence à s’exporter à l’international, il y a une vraie volonté de développement" explique Hugues Relier, directeur technique national de la Fédération française de savate, à franceinfo. La discipline connaît ensuite un long déclin, mais reprend des couleurs dans les années 2000. La savate comptait 50.000 licenciés en 2015. La Fédération veut désormais célébrer son histoire olympique. "Cette année, toute notre communication est ancrée autour des 100 ans des sports de démonstration aux Jeux olympiques de 1924", assure Hugues Relier.

1924, des Jeux qui se structurent

Les olympiades de 1900, organisées pour "produire du spectacle, de la fête" selon les mots de Sylvain Bouchet, historien spécialiste des Jeux olympiques, ont une place particulière dans l'histoire des Jeux. "Il fallait être universel, intégrer la singularité et le particularisme de l’exercice physique" explique l'historien à franceinfo. Des épreuves étonnantes ont donc côtoyé les disciplines les plus mythiques : tir au pigeon, lâchers de pigeons, nage avec obstacle, saut de tonneau et même un concours de montgolfière ! Selon franceinfo, le vainqueur a volé jusque dans le centre de l'actuelle Pologne.

En 1924, la durée des JO est raccourcie et les Jeux se recentrent sur les épreuves comme la lutte ou l'athlétisme. "Les Jeux se sont assez rapidement fixés à quinze jours de compétition et, forcément, on ne peut pas tout faire [...] La temporalité a obligé à faire des choix", poursuit Sylvain Bouchet.

En 1924, (beaucoup) plus d’hommes que de femmes

Les Jeux de Paris 2024 ont pour ambition d'être les premiers Jeux strictement paritaires : sur les 10.500 sportifs et sportives, il y aura autant de femmes que d'hommes. Un objectif à des années lumières de la situation de 1924 où la participation des femmes est anecdotique. Les femmes représentent moins de 5% des athlètes (135 contre 2954) et n'ont accès qu'à quelques sports.

À l'époque, Pierre de Coubertin estime que la femme "est avant tout la compagne de l'homme, la future mère de famille", une pensée dominante dans les années 20. Les Jeux Olympiques constituent 'l'exaltation solennelle et périodique de l'athlétisme mâle avec […] l'applaudissement féminin pour récompense" écrivait le fondateur des Jeux en 1912.

Pierre de Coubertin et la place des femmes aux JO

De Coubertin refuse d'ouvrir des épreuves d'athlétisme aux femmes, ce qui pousse Alice Milliat, pionnière du sport féminin, de lancer les premiers JO féminins à Paris en 1922. Pour contrer le succès de ces Jeux, qui sont contraints de ne plus utiliser le terme "olympiques", les fédérations masculines ouvrent certaines épreuves aux femmes : seulement cinq sur treize en athlétisme.

Comment Alice Milliat a imposé les femmes aux Jeux olympiques

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