Mort de Bernard Pivot : une vie au service de la littérature
Bernard Pivot est mort ce lundi 6 mai à l'âge de 89 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. Passionné de littérature, il a dédié sa vie à la défendre et à la rendre accessible à tous les Français, notamment à travers sa mythique émission télévisée Apostrophes.
La littérature vient de perdre l'un de ses plus grands défenseurs. Bernard Pivot est mort à Neuilly-sur-Seine ce lundi 6 mai, a annoncé sa famille à l'AFP. Il avait 89 ans. Avec sa mythique émission télévisée "Apostrophes", à l'antenne de 1975 à 1990, suivie chaque vendredi par des millions de téléspectateurs, Bernard Pivot avait fait entrer la littérature dans le salon de Français.
Amoureux fou de la littérature, défenseur acharné de la langue française et ami sincère des mots, il était l'un des visages les plus connus du monde des livres. En 2004, il était devenu le premier non-écrivain à rejoindre la prestigieuse Académie Goncourt. Il en était devenu le président en 2014, avant de prendre sa retraite fin 2019.
Bernard Pivot avait également tenté de réconcilier les Français avec l'orthographe. Vêtu de la blouse grise que portaient les instituteurs d'autrefois, il avait organisé les Dicos d'or à partir de 1985. Un championnat d'orthographe qui a remis la dictée au goût du jour.
Son amour pour la littérature et la langue française remontait à son enfance, expliquait-il. "Je suis un enfant de la guerre. J'étais réfugié avec ma mère dans un petit village du Beaujolais, et mes seuls livres étaient un dictionnaire et les fables de La Fontaine. La Fontaine me parlait de 'zéphyr' ou 'd'aquilon', et Le Petit Larousse me renseignait sur ces mots étranges", avait-il confié en 2016 lors de la parution de son livre "Au secours ! Les mots m'ont mangé" (Allary Editions).
Une de ses plus grandes fiertés était justement d'être entré dans le Petit Larousse en 2013.
Passionné de vin et de football
Passionné de lettres, Bernard Pivot n'a pourtant écrit que deux romans : "L'amour en vogue" (1959) et "Oui, mais quelle est la question ?" (2012). En parallèle, il est l'auteur de plusieurs essais, sur la langue française, mais aussi sur ses deux autres grandes passions : le vin et le football.
Né à Lyon le 5 mai 1935 dans une famille de petits commerçants, il a passé son enfance dans le Beaujolais et était connu pour être un amateur éclairé des vins de ce terroir. On lui doit notamment un "Dictionnaire amoureux du vin" (Plon, 2006) qui fait autorité. Passionné par le ballon rond, il était un fervent supporter de l'AS Saint-Etienne et de l'Equipe de France.
L'amoureux des livres de papier avait également su se moderniser pour vivre avec son temps. Très actif sur le réseau social Twitter, son compte était suivi par plus d'un million d'abonnés. Il y partageait ses humeurs et ses opinions avec esprit.
Mais c'est principalement en tant que journaliste que Bernard Pivot aimait à se définir. Après un passage au Progrès de Lyon, il entre au Figaro littéraire en 1958. Chef de service au Figaro en 1971, il démissionne en 1974 après un désaccord avec Jean d'Ormesson. L'académicien aux yeux bleus sera néanmoins le recordman des passages dans les émissions littéraires de Pivot.
Des moments de télévision mythiques
Pivot apparaît pour la première fois sur le petit écran en 1967 pour évoquer Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. La première émission d'"Apostrophes" est diffusée le 10 janvier 1975 sur Antenne 2, nouvelle chaîne fraîchement créée après l'éclatement de l'ORTF en 1974. En 1975, il fonde avec Jean-Louis Servan-Schreiber le magazine Lire.
Jusqu'en 1990, "Apostrophes" devient le rituel du vendredi soir pour des millions de téléspectateurs français. L'émission se déroule en direct, introduite par le Concerto pour piano n°1 de Rachmaninov. On y rit beaucoup, on s'insulte, on s'embrasse... Le public est conquis et les ventes de livres suivent.
Pendant ces quinze années, Pivot reçoit les plus grands écrivains. Le journaliste sait créer une intimité avec ses invités et surtout, il a un talent pour réunir des duos improbables. Ce qui donnera de nombreux moments de télévision devenus inoubliables : Cavanna taclant un Charles Bukowski ivre avec le célèbre "Ta gueule, Bukowski !", l'interview de Soljenitsyne, de Marguerite Duras ou de Patrick Modiano.
Sagan, Barthes, Bradbury, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Badinter, Levi-Strauss ou encore le président Mitterrand seront ses invités. En 1987, il interviewera clandestinement Lech Walesa en Pologne. Facétieux, il soumet ses invités au "questionnaire de Pivot", inspiré de celui de Proust.
Quand "Apostrophes" s'arrête, l'infatigable Bernard crée "Bouillon de culture", à l'horizon plus large que les livres. L'émission cesse en juin 2001. Le dernier numéro rassemble 1,2 million de téléspectateurs.
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