Passer au contenu

Transmission de la grippe aviaire à l’homme : l'OMS s'alarme, des spécialistes tempèrent

Par

L'OMS partage ce jeudi 18 avril son "énorme inquiétude" de la transmission de la grippe aviaire H5N1 à l'homme. Une alerte à prendre au sérieux sans céder à la panique, rassurent des spécialistes.

Vaccination des canards contre la grippe aviaire, illustration Vaccination des canards contre la grippe aviaire, illustration
Vaccination des canards contre la grippe aviaire, illustration © Maxppp - Jérôme Fouquet

C'est une annonce choc : l'Organisation mondiale de la Santé fait part de son "énorme inquiétude" ce jeudi 18 avril face à la propagation de la souche H5N1 de la grippe aviaire à de nouvelles espèces, y compris les humains. "Pas de panique" tempère Jean-Luc Guérin, professeur en pathologie aviaire à l'École nationale Vétérinaire de Toulouse et directeur d'unité à l'INRAE, l'Institut national de la recherche agronomique.

Tout part d'une contamination aux États-Unis, au début du mois d'avril, d'un éleveur de bovins. Au Texas, une de ses vaches laitières lui transmet le virus et l'agriculteur montre les mêmes symptômes qu'une conjonctivite. Jeremy Farra, scientifique en chef de l'OMS, explique son inquiétude : "Cela se produit dans le pays le plus riche du monde où des études ont été lancées pour voir si la transmission entre éleveurs et vaches se produit. Il est encore plus important de comprendre combien d'infections humaines surviennent sans qu'on n'en ait connaissance".

Cette nouveauté a aussi surpris Jean-Luc Guérin : "Ce qui se passe aux États-Unis est très étonnant, mais il faut rester prudent. Cela ne signifie pas que ce virus chez les bovins est plus adapté à l'homme. Il n'y a pas d'alarme à court terme". Cette analyse est corroborée, sur franceinfo, par Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires : "La situation deviendra vraiment inquiétante si des porcs sont contaminés par le virus de la grippe aviaire, puisque cela signifierait que le virus a évolué et pourrait également toucher l'homme". Si la transmission d'animaux à l'homme n'est pas nouvelle, il n'y a jamais eu de transmission d'homme à homme.

"La souche H5N1 n'est pas la même partout"

L'OMS a enregistré 880 cas humains d'infection de la grippe H5N1 dans 23 pays ces 20 dernières années (de 2003 à 2024). 463 sont morts, soit un taux de mortalité de 52%. Exemple récent, cet enfant de neuf ans au Cambodge, porteur de la souche H5N1, mort au mois de février.

Pour autant, le professeur en pathologie aviaire à l'École nationale Vétérinaire de Toulouse l'affirme : "La souche H5N1 n'est pas la même partout. Celle en France n'est pas la même qu'aux États-Unis. Même si elles sont proches. Ce virus H5N1 en France et aux États-Unis est encore différent de celui en Asie. Ce dernier y circule depuis des années et occasionne plus souvent des cas humains. Pourtant, il s'appelle aussi H5N1".

La vaccination peut-elle tout résoudre ?

Autre constat, le virus de la grippe aviaire s'adapte. Brigitte Autran l'observe : "Depuis plusieurs années, il y a une recrudescence de cas de grippes aviaires chez des oiseaux sauvages et domestiques". Elle précise d'ailleurs qu'après un vaccin pour protéger les canards domestiques, un vaccin pour protéger les bovins est en ce moment à l'étude.

Depuis octobre 2023, plus de 26 millions de palmipèdes d'élevage ont reçu une première injection de vaccin contre la grippe aviaire, selon le ministère de l'Agriculture. "L'objectif est de réduire la quantité de virus chez les oiseaux et donc de réduire la probabilité de transmission à d'autres espèces", expose Jean-Luc Guérin.

La grippe aviaire doit être prise dans sa globalité : "On a tendance à aborder les choses avec un prisme local, développe le directeur d'unité à l'INRAE. La vaccination dans le sud-ouest, c'est vrai, fonctionne bien. La pression d'infection a largement diminué. En revanche, au niveau mondial, le dossier n'est absolument pas réglé."

La présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires reste lucide : "Ce qui est inquiétant, c'est la transmission du virus par les oiseaux aux mammifères sauvages en Europe, Afrique, Asie, Amérique du Sud, du Nord… S'il se développe aussi vite, c'est qu'il s'adapte vite, il y a donc un risque de transmission à l'homme".

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined