Grippe aviaire : après un hiver sans contamination dans les Landes, est-ce la fin de la crise ?

Après des années de crise dans la filière foie gras à cause de la grippe aviaire, un vent d'optimisme semble souffler en cette fin d'hiver 2024. Plus de cinq mois après le début de la vaccination des canards dans les Landes, la saison a été particulièrement calme pour les éleveurs. Quelle est la situation ? Le vaccin a-t-il un lien avec cette accalmie ? La crise est-elle enfin terminée pour la filière foie gras ? France Bleu Gascogne fait le point ce dimanche 17 mars.

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Quelle est la situation en cette fin d'hiver ?

La France a été quasi épargnée par la grippe aviaire ces derniers mois avec, depuis août dernier, seulement 22 cas d'oiseaux retrouvés contaminés dans la faune sauvage, et uniquement 10 foyers en élevage (dont trois de canards, les autres de poules et de dindes). Aucun de ces foyers en élevage n'a été recensé dans le Sud-Ouest. À la même époque l'an dernier, plus de 300 foyers de grippe aviaire étaient identifiés dans le pays.

En raison de cette situation favorable, le niveau de risque sera abaissé en France à "modéré" à compter de ce lundi 18 mars.

Est-ce le signe que la campagne de vaccination est efficace ?

La France est le seul pays européen à avoir mis en place, depuis l'automne dernier, une vaccination obligatoire dans les élevages de plus de 250 canards. Les experts, joints par France Bleu Gascogne, expliquent qu'il est donc utile de comparer la situation en France avec celle d'autres pays européens ayant une densité d'élevage comparable et où la vaccination n'est pas obligatoire, comme la Hongrie par exemple. Dans ce pays, "ils ont eu des introductions primaires [dans les élevages, ndlr] liées à l'avifaune sauvage et des diffusions importantes en élevage" note Béatrice Grasland, responsable du laboratoire national de référence pour l'influenza aviaire à l'Anses.

Alors qu'en France, s'il y a eu de rares introductions du virus dans des élevages (10 au total dans le pays), aucune diffusion à l'extérieur n'a été observée, contrairement aux années précédentes. "Quand on voit la situation européenne par ailleurs, on peut quand même penser qu'il y a sans doute un effet protecteur de la vaccination" estime Jean-Luc Guérin, professeur de pathologie aviaire à l'école nationale vétérinaire de Toulouse.

Mais les experts restent quand même prudents. Parce que cette accalmie en France est peut-être liée aussi au fait que le virus semble moins présent cet hiver dans la faune sauvage, notamment chez les oiseaux migrateurs (qui sont souvent responsables de l'introduction du virus dans les élevages de canards). "On peut quand même se dire que c'est peut-être le cumul de la vaccination et des avantages de la diminution de circulation du virus en avifaune sauvage [...] qui permet d'avoir cette situation favorable en France" conclut Béatrice Grasland.

Est-ce la fin de la crise pour la filière foie gras ?

Il est trop tôt pour le dire, le bilan définitif de cette campagne de vaccination ne sera tiré que dans les prochaines semaines. "On a quand même un bon espoir maintenant que l'on puisse ouvrir une nouvelle page" estime Jean-Luc Guérin, tout en rappelant que "ce virus nous a donné de nombreuses mauvaises surprises dans le passé, donc par respect vis-à-vis des producteurs, il faut rester extrêmement prudent". Il rappelle que seuls les canards sont protégés actuellement par la vaccination (elle n'est pas obligatoire pour les autres volailles) : "On n'est pas à l'abri que l'on ait une émergence de virus plus spécifique sur la poule pondeuse ou sur la dinde."