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Space : Marc Fesneau le ministre de l'agriculture invité exceptionnel de France Bleu Armorique

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Alors que le Space, le salon international de l'élevage, ouvre ses portes ce mardi 13 septembre au parc expo de Rennes le ministre de l'agriculture était l'invité exceptionnel de France Bleu Armorique. Marc Fesneau a également répondu aux auditeurs.

La 35ème édition du Space, le Salon international de l'élevage vient de s'ouvrir ce mardi 13 septembre au parc des expositions de Rennes. Invité exceptionnel pour en parler sur France Bleu Armorique, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.

France Bleu Armorique : Le Space réunit pendant trois jours, à Rennes, les professionnels de la filière agricole. Un salon qui s'ouvre dans un contexte difficile pour les éleveurs. Il y a déjà la sécheresse de cet été qui n'épargne pas la Bretagne. Certains éleveurs doivent déjà utiliser leurs stocks de fourrage de l'hiver. Est-ce que l'État va les aider ?

Marc Fesneau : Oui, bien entendu. Ce à quoi on assiste, depuis cet été et même depuis le printemps, c'est à une pluviométrie faible. Ensuite, il y a eu des événements caniculaires qui ont dégradé profondément la capacité à produire du fourrage, maïs et autres. J'ai eu une rencontre hier avec la filière laitière en particulier et aujourd'hui, je rencontrerai au Space l'ensemble des filières, pour parler de ce problème de trésorerie. 

L'objectif, c'est d'accélérer le processus car les paiements c'est mars/avril normalement - Marc Fesneau, ministre de l'agriculture

Pour aider les éleveurs et les agriculteurs, on va débloquer une somme plus importante sur la PAC à partir du 16 octobre, ça fera de la trésorerie. Deuxièmement, le régime des calamités agricoles permettra aussi de débloquer des moyens. Il faut qu'on ait tout de même un état des lieux mais il faut attendre la fin de la saison de pousse des prairies. L'objectif, c'est d'accélérer le processus car les paiements c'est mars/avril normalement. Il faut un délai plus court pour faire en sorte qu'on ne trouve pas des agriculteurs en situation d'impasse. Il faut éviter qu'un certain nombre d'éleveurs décapitalisent, c'est-à-dire qu'ils vendent du bétail pour pouvoir simplement alimenter le reste du troupeau. Une baisse du cheptel c'est une baisse de souveraineté donc on a besoin de travailler là-dessus.

FBA : D'autant que la sécheresse n'est pas le seul problème des agriculteurs. Il y a aussi l'augmentation des prix de l'énergie. Comment faire ?

Marc Fesneau : Une première série de mesures ont été prises au printemps, un plan de résilience sur l'alimentation animale qui touchait, pour être très précis, plutôt le porc et la volaille.

FBA : Le porc qui est une production importante en Bretagne...

Marc Fesneau : Effectivement. Il y a eu plus de 500 millions d'euros ont été engagés pour amoindrir les effets de la hausse de l'alimentation et on est en train de réévaluer. Il y a aussi des besoins énergétiques, y compris pour les industries de transformation, le lait et autres. On est en train de recalibrer un dispositif qui permettra d'essayer de passer ce cap dans les meilleures conditions. Il y a un troisième sujet qui va avec. C'est la question du prix et de la rémunération des producteurs, en particulier sur le lait. Comme vous le savez, il y a un dialogue qui ne trouve pas son aboutissement entre les éleveurs et la grande distribution. Aujourd'hui la rémunération n'est pas au rendez-vous. Et dans une situation déjà tendue, liée à l'augmentation des coûts et à la sécheresse, il faut que chacun prenne ses responsabilités. 

Rendre le bio plus attractif

Olivier, agriculteur bio en Ille-et-Vilaine : L'avenir bio est très incertain parce que les prix ne sont pas rémunérateurs. Je suis agriculteur en lait et dans les œufs. Quels sont les leviers que le ministre peut apporter sur le court terme et sur le long terme pour aider les agriculteurs bio ? 

Marc Fesneau : La filière bio est une de celles qui souffrent le plus de l'augmentation des prix de matières premières. Donc on a un problème conjoncturel et un problème structurel. Pour le problème conjoncturel un plan a été voté par le projet de loi de finances rectificative cet été, pour amoindrir les coûts de l'inflation avec une aide de 100 euros par foyer et 50 euros en plus, par personne, à l'intérieur du foyer. 

FBA : Une aide pour que les consommateurs puissent acheter notamment du bio... 

Marc Fesneau : Oui donc cette aide, c'est un élément conjoncturel. Et pour le problème structurel, je pense qu'on a peut-être un travail à faire pour regagner des consommateurs. En faisant notamment de la communication pour inciter à acheter des produits bio. Il y a des produits qui sont moins impactés que d'autres par la hausse des prix. Les fruits et légumes, par exemple, le sont moins que le lait ou les œufs. Donc on a besoin de travailler avec eux. Mais je pense qu'il faut d'abord de mettre en avant l'intérêt du bio. 

Prix du lait : la France est "largement en dessous" comparé aux autres pays européens

FBA : Plus généralement, Marc Fesneau, le prix du lait n'est pas rémunérateur en France qu'on soit dans le bio ou dans le conventionnel. Surtout il l'est moins que dans certains autres pays européens. Là, il y a beaucoup d'attentes. Rappelons que l'Ille-et-Vilaine est le premier département laitier de France. 

Marc Fesneau : J'étais hier (lundi 12 septembre) dans une exploitation laitière en Ille-et-Vilaine. Le prix n'est pas au rendez-vous. Et c'est vrai que les prix sont plus bas que dans certains pays européens. Il y a parfois les mêmes centrales d'achat, dépendant parfois des mêmes groupes qui, à l'extérieur de nos frontières payent 500 euros les 1.000 litres. Chez nous, c'est encore parfois largement en dessous.

FBA : À 427 euros les 1.000 litres en moyenne récemment.

Marc Fesneau : Effectivement, il y a donc deux choses à faire. Premièrement, je réunis chaque semaine, avec mes collègues de Bercy, la structure de réunion des négociations commerciales pour faire un point d'étape et mettre de la pression, pour faire en sorte qu'on tienne bien compte de la hausse des charges pour les éleveurs. Deuxième élément, c'est un débat d'opinion. Il faut qu'on se dise une chose simple, s'il n'y a pas de rémunération au bout, il n'y a pas de souveraineté. 

La grande distribution ne peut pas se plaindre de ne pas trouver tous les produits qu'elle voudrait pour les proposer à ses consommateurs si elle ne rémunère pas correctement en amont - Marc Fesneau, ministre de l'agriculture

FBA : Il faut donc que le consommateur accepte aussi de payer plus cher son litre de lait ?

Marc Fesneau : Je ne veux pas être un donneur de leçon. Je sais qu'il y a des gens qui nous écoutent, qui ont des moyens parfois limités. C'est pour ça d'ailleurs qu'on les aide puissamment. Donc ce n'est pas qu'un message aux consommateurs, c'est un message aussi aux distributeurs. La grande distribution ne peut pas se plaindre de ne pas trouver tous les produits qu'elle voudrait pour les proposer à ses consommateurs si elle ne rémunère pas correctement en amont. On a besoin d'avoir une prise de conscience collective. Les consommateurs ont leur part, mais ils ne sont pas les seuls. La grande distribution va prendre sa part et je note avec plutôt intérêt, pour pas dire satisfaction, le fait qu'un certain nombre de grandes enseignes se sont positionnées, ces derniers jours, pour dire qu'ils étaient prêts à aller jusqu'à 500 euros les 1000 litres. Ils commencent à s'aligner sur la question de la rémunération. Le prix, c'est la souveraineté et donc il faut que chacun agisse pour nos agriculteurs français

Quelles solutions pérennes pour l'agriculture française ?

Gilles, auditeur de France Bleu Armorique : Le gouvernement va donner des aides aux agriculteurs qui ont de moins en moins de revenus. Est-ce que cela ne veut pas dire qu'il y aura des augmentations d'impôts ?

Marc Fesneau : Il n'y a pas de corrélation entre le soutien aux agriculteurs et les augmentations d'impôts. Il y a eu, c'est vrai, en 1976, l'impôt sécheresse. Ce n'est pas du tout ce qui est sur la table aujourd'hui. Évidemment, on va être au rendez vous pour aider les agriculteurs mais il n'y aura pas d'augmentation d'impôts. L'Etat est au rendez-vous de la solidarité comme il l'a toujours été. 

FBA : Vous parlez de ces aides ponctuelles pour les agriculteurs. Mais ne faut-il pas imaginer l'agriculture de demain pour faire face à ces aléas climatiques ?

Marc Fesneau : Il faut à la fois traiter la conjoncture du moment, je ne laisserai pas un éleveur, un agriculteur dans une situation de détresse suffisamment puissante pour que lui même arrête son activité mais il faut aussi penser à l'avenir. L'épisode climatique que nous traversons et qui n'est pas terminé, montre que le dérèglement climatique s'accélère et qu'il a des conséquences. L'agriculture, c'est une activité qui se déroule à ciel ouvert. C'est une des rares activités économiques qui est très voire totalement dépendante de la météorologie. Je vais donc regarder aujourd'hui au Space ce que font les filières pour s'adapter au dérèglement climatique. Tout ce qui concerne l'enjeu de la captation de carbone, de la décarbonation. 

FBA : Mais ce sont les filières qui vont apporter les solutions ? 

Marc Fesneau : Non, mais c'est avec les filières qu'on y travaille, ça ne peut pas se faire contre elles. Dans le programme France 2030, on met des moyens importants pour l'agriculture qui vont permettre de faire face à ce dérèglement. C'est le changement de pratiques agricoles, c'est les évolutions techniques ou technologiques. C'est tout ça sur lequel il faut qu'on travaille. Parce qu'avec un climat qui va se modifier il faut qu'on ajuste les choses.

Faire face à la hausse des prix de l'énergie 

Rémi Thiriot, président de Lizio 4 Saisons : Selon vous, comment les agriculteurs vont-ils faire pour absorber les hausses des prix de l'énergie dans l'application de la loi et faut-il prévoir une loi ? 

Marc Fesneau : Nous avons déjà la loi Egalim 2 pour faire en sorte qu'on travaille le prix à partir de la rémunération de l'agriculteur. Ça avait plutôt bien fonctionné jusqu'au mois de mars, jusqu'à la crise ukrainienne, où là les prix se sont envolés. Et là, pour le coup, le système a été perturbé à cause de ça. Premièrement, il faut que les distributeurs, comme je le disais tout à l'heure, soient au rendez-vous de la loi et on fera en sorte qu'ils le soient, c'est à dire qu'ils répercutent les hausses

J'invite à ne pas désarmer nos agriculteurs - Marc Fesneau, ministre de l'agriculture

FBA : Quitte à les contraindre ?

Marc Fesneau : Oui, la loi est contraignante et si jamais ils ne la respectent pas, ils seront évidemment soumis à des contrôles. La grande distribution n'est pas intouchable. Il y a une question de responsabilité de la grande distribution et même un peu de patriotisme. Vladimir Poutine fait de l'alimentation une arme et donc j'invite à ne pas désarmer nos agriculteurs. Parce que je trouve qu'on a diablement besoin d'un dialogue entre le monde agricole et les citoyens. Le monde agricole a besoin d'être soutenu, mais pas seulement, il a aussi besoin d'être compris face à la complexité des actions qu'il a à mener. 

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