Coup de boule à Meisenthal
En fait dans le Bitcherland, vous êtes comme des Mosellans, mais en plus mosellans encore !
Ouais, je sais. Un flic fan du groupe Autopsy, ça fait un peu ton sur ton.
Sauf que, déjà, je suis commissaire, et pas légiste, et ensuite, le Death Métal fait partie des connaissances spécifiques et très pointues qui font ma réputation, au même titre que les marques de montres de collection ou le goût des kebabs dans Nancy et son agglomération. On croit que toute la flicaille verse dans Les Forbans ou Michel Sardou, mais je ne suis pas tous les flics, si bien que lorsque j’ai vu qu’Autopsy, le groupe californien fondé par l’ancien batteur de Death, Chris Reifert, était de passage en Lorraine, je n’ai pas hésité un instant à prendre un billet – la seule chose qui aurait pu me faire hésiter était que le concert avait lieu en Moselle, de l’autre côté de la frontière.
Arrivé à la Halle Verrière de Meisenthal, une ancienne fabrique de verre dont on a fait une salle de concerts et de spectacles hyper moderne, je tends mon billet à une bénévole, cheveux rouges et badge autour du cou, qui jette un œil au ticket avant de le scanner avec sa douchette. Elle me le rend avec un air surpris, peut-être à cause du nom qu’elle a lu sur le tickson, « Platini », peut-être à cause de l’imperméable que je porte – un peu hors cadre au milieu des tee-shirts noir à l’effigie du groupe et des blousons en cuirs. La faune qui fréquente ce genre d’endroits est déjà là, ados attardés, geeks à cheveux longs, amateurs de pogo qui ne vont pas tarder à montrer leur cul, et même quelques darons à ventre à bière, des anciens qui sont là depuis le début du mouvement.
