Ancy soit-il
C’est pas souvent qu’un super-héros combat dans un village mosellan !
Je connais la ligne de TER qui relie Nancy à Metz par cœur. Les réunions régionales ont toujours lieu à Metz, et on se demande bien pourquoi ils ont choisi une ville qui change de nationalité tous les trente ans pour la coordination de la police nationale du Grand Est...
Question cohérence, on repassera. Les jours de réunion, c'est tout le contingent nancéien qui monte dans le train ; y'a tellement de vieux briscards dans le machin qu'on pourrait convoyer de l'or ; ça pue le brassard, le SIG-Sauer SP 2022 et la barbe de trois jours à plein nez - si le tortillard déraille et explose ce jour-là, il n'y a plus aucun policier gradé à Nancy.
J'ai fait tellement de fois ce trajet que je pourrais le décrire les yeux fermés : départ de Nancy en pente légère, entre deux murs bariolés de graffitis qui font un musée de peintures à l'air libre, puis les murets qui baissent, baissent, baissent, jusqu'à dévoiler le paysage, progressivement, la Manufacture, la façade de la villa art nouveau, la sortie de la ville, un éléphant bleu à Maxéville, l'aiguillage de Frouard à la septième minute qui secoue et faire zouker le train, ce qui réveille les voyageurs endormis en leur tapant la tête contre le carreau, puis c'est la plongée vers l'étranger, Pont-à-Mousson, Pagny-sur-Moselle, tiens, checkpoint, le contrôle des visas et le passage à l'ennemi. Ce n'est pas pour verser dans la vieille rancœur entre Nancéiens et Messins, mais la rancœur est là, qu'on le veuille ou pas. C'est une question de division, et pas seulement au foot. Quelqu'un qui s'appelle Platini comme moi est très, très bien placé pour le savoir.
