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INFO FRANCE BLEU : Antony Gautier, patron de l'arbitrage, reconnaît deux erreurs contre le Stade Brestois à Lyon

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Après le revers 4-3 du Stade Brestois à Lyon dimanche, le patron de l'arbitrage français a accepté de revenir sur les faits chauds d'une rencontre marquée par plusieurs erreurs arbitrales. Il en reconnaît deux défavorables aux Ty Zefs et conteste les accusations de partialité des arbitres.

Retraité des terrains, Antony Gautier est le directeur technique de l'arbitrage à la FFF et patron de l'arbitrage français Retraité des terrains, Antony Gautier est le directeur technique de l'arbitrage à la FFF et patron de l'arbitrage français
Retraité des terrains, Antony Gautier est le directeur technique de l'arbitrage à la FFF et patron de l'arbitrage français © Getty - John Berry

Antony Gautier accorde une interview à France Bleu Breizh Izel, au lendemain du revers 4-3 du Stade Brestois à Lyon pour la 29e journée de Ligue 1 dimanche, marqué par plusieurs erreurs arbitrales suscitant le courroux dans les rangs des Ty Zefs.

Le patron de l'arbitrage français, joint en fin d'après-midi, revient sur les faits chauds d'un match entaché de nombreuses mauvaises décisions. Antony Gautier en reconnaît deux défavorables au Stade Brestois, et importantes, car situées en tout début de rencontre. Sans oublier deux autres décisions qui auraient dû être profitables aux Lyonnais. Enfin, devant les accusations de partialité des arbitres formulées par Grégory Lorenzi, le directeur sportif du Stade Brestois, Antony Gautier les conteste fermement après avoir joint le dirigeant brestois dans la journée.

Il aurait dû y avoir pénalty pour Brest et le premier but lyonnais n'aurait jamais du être marqué

France Bleu Breizh Izel : Revenons d'abord sur le premier fait de match à la 16e minute ? Cette main d'O'Brien dans la surface lyonnaise. Un pénalty aurait-il dû être accordé au Stade Brestois ?

Antony Gautier : "Vous l'avez souligné, il y a eu quelques décisions inopportunes. Des décisions qui n'étaient pas attendues. Et le premier fait de match se déroule effectivement la 16e minute avec cette situation de contact entre le ballon et la main d'un défenseur lyonnais. La position technique de la direction de l'arbitrage est claire sur ce sujet. Vous avez une augmentation artificielle de la surface couverte par le corps du défenseur lyonnais, avec évidemment un défenseur qui prend le risque de toucher le ballon avec sa main et d'être sanctionné dans cette situation. Et donc là, la décision attendue était un pénalty et une intervention de l'assistance vidéo si la décision n'était pas prise sur le terrain".

France Bleu Breizh Izel : La suite de l'action, ce sont les Lyonnais qui partent vers le but brestois. Il y a une faute sifflée contre Lilian Brassier sur Alexandre Lacazette qui entraine un coup franc et l'ouverture du score. Sur cette action, un hors-jeu d'Alexandre Lacazette est en question. Qu'en dîtes-vous ?

Antony Gautier : "Sur cette situation, vous avez effectivement l'attaquant lyonnais qui est en position de hors jeu au moment où le ballon est passé en avant par l'un de ses coéquipiers. Et l'attaquant lyonnais interfère avec un défenseur brestois parce que nécessairement, il y a une volonté de disputer le ballon avec une course qui est initiée vers le haut, vers le ballon. Et donc sur cette situation, la décision attendue était de sanctionner la position de hors jeu de l'attaquant et donc de répondre par un coup franc indirect pour le Stade Brestois."

Pas de prise sur l'éventuel retrait du carton rouge contre Lees-Melou

France Bleu Breizh Izel : Dernier fait majeur côté brestois : le carton rouge à l'endroit de Pierre Lees-Melou à la 86e minute, après avoir subi une faute. Le défenseur lyonnais Tagliafico le relève, l'arbitre dégaine un carton jaune aux deux joueurs. Qu'est ce que vous en dites ?

Antony Gautier : "Sur la situation de l'attroupement que vous évoquez, vous avez un arbitre qui effectivement est intervenu d'un point de vue disciplinaire auprès des deux instigateurs initiaux de la confrontation de masse, puisque cela fait partie des différentes directives qui peuvent être données au niveau de l'UEFA, au niveau de la direction de l'arbitrage pour gérer ces situations. Donc, un joueur de chaque côté et l'arbitre décide d'avertir chacun des deux joueurs. Donc, comme c'est le deuxième avertissement pour chaque joueur, les deux joueurs sont exclus".

France Bleu Breizh Izel : Cela veut dire que le carton rouge contre Pierre Lees-Melou sera maintenu ? Il n'y aura pas de rapport complémentaire auprès de la commission de discipline pour le faire retirer ?

Antony Gautier : "Vous savez, en tant que directeur de l'arbitrage de la Fédération française de football, je n'ai pas vocation à intervenir sur le périmètre disciplinaire qui dépend exclusivement de la Ligue du football professionnel".

Il n'y avait pas main de Matic, Bizot aurait du être exclu

France Bleu Breizh Izel : Il y a deux autres faits de match, côté lyonnais cette fois. Le coup franc qui entraîne le deuxième but en faveur du Stade Brestois. Une faute de main de Matic signalée par l'arbitre devant la surface de réparation. Y avait-il main ?

Antony Gautier : "Les images parlent d'elles mêmes puisque vous avez un joueur lyonnais qui a le bras et le coude collés au corps et qui avec cette position, voit le ballon heurter le haut de son bras. Donc évidemment, il n'y a aucune augmentation artificielle de la surface couverte par le corps par le joueur lyonnais. Et donc très clairement, cette main là n'était pas sanctionnable et n'aurait pas dû faire l'objet d'un coup franc en faveur du Stade Brestois".

France Bleu Breizh Izel : Il y a enfin le dénouement de cette rencontre. Ce duel dans la surface de réparation entre Marco Bizot et Alexandre Lacazette, et Brendan Chardonnet qui enlève le ballon juste avant. Le gardien brestois percute l'attaquant lyonnais. Y aurait-il dû y avoir un carton rouge à l'endroit du gardien brestois ?

Antony Gautier : "Vous l'avez compris, et moi, je suis là dans un langage de vérité et je sais reconnaître les dysfonctionnements et les erreurs lorsqu'elles se produisent, même si ce n'est jamais agréable. Sur cette situation, les faits sont assez clairs. Vous avez le gardien brestois qui ne touche pas le ballon et vient impacter directement, notamment avec son genou à hauteur du torse de l'attaquant lyonnais. Donc la décision attendue sur cette situation, c'est celle dans un premier temps de pénalty puisque le contact est avéré et sanctionnable. Et c'est, d'un autre côté, un carton rouge puisqu'il y a clairement une mise en danger de l'intégrité physique du joueur lyonnais".

"Je réfute évidemment ce genre d'allégations"

France Bleu Breizh Izel : Voilà pour les décisions qui ont fait polémique des deux côtés. Il y a aussi des déclarations. Les Brestois disent, pour résumer, que les grosses équipes sont avantagés et que le Stade Brestois dérange dans ces sphères du classement. Que répondez-vous à Grégory Lorenzi, le directeur sportif du Stade Brestois ?

Antony Gautier : "J'ai eu l'occasion d'échanger avec Grégory Lorenzi dans la journée, en toute transparence, comme je le fais toujours avec eux, avec les clubs professionnels qui le souhaitent. J'ai d'ailleurs échangé également avec le directeur général de l'Olympique Lyonnais. Et je réfute évidemment ce genre d'allégations puisque aujourd'hui, nous ne pouvons pas remettre en cause la probité et l'honnêteté intellectuelle des arbitres qui entrent toujours sur un terrain avec la même impartialité. Il peut y avoir des décisions malheureuses et, je peux vous dire aujourd'hui que pour avoir échangé très longuement avec Mathieu Vernice, il est probablement le plus malheureux d'entre nous. Mais ce sont les exigences du haut niveau qui, naturellement, demandent à ce que chaque arbitre puisse bien s'interroger sur ses performances. Mon but, aujourd'hui, est d'être en mesure d'accompagner Mathieu Vernice pour lui permettre de revenir au plus vite, surtout sur les terrains. Mais, donc, il n'y a jamais de décisions qui peuvent être prises en fonction de telle ou telle équipe. Le seul objectif qui doit être atteint par les arbitres, c'est celui de prendre les bonnes décisions sur le terrain, et ce, évidemment indépendamment des équipes. Donc je le dis de façon très claire et sans aucune réserve".

"Brest ne dérange pas plus que d'autres clubs"

France Bleu Breizh Izel : Donc Brest ne dérange pas ?

Antony Gautier : "Absolument pas, pas plus que d'autres clubs".

France Bleu Breizh Izel : Sur la sonorisation des arbitres, dont il a été question avec Pierre Lees-Melou après le match, est-ce qu'on avance à ce niveau ? Des expérimentations sont annoncées pour la fin de saison. Quand la verra-t-on en Ligue 1 ?

Antony Gautier : "C'est un souhait fort que que le président de la Fédération et l'ensemble du Comex portent depuis janvier 2023. Et moi, je m'inscris naturellement pleinement dans cette démarche. Parce que c'est le sens de l'histoire. Et aujourd'hui, je le répète, l'arbitrage français n'a rien à cacher. Moi, je suis très favorable à l'idée de développer la sonorisation en direct et en continu des arbitres. Le seul problème, auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, c'est que nous avons besoin pour cela de l'autorisation de l'IFAB. Et l'IFAB, malheureusement, refuse de nous accorder cette autorisation. Donc, nous restons prêts, le moment venu, à pouvoir mettre en place cette sonorisation. Mais, ce sur quoi nous nous sommes déjà mobilisés, c'est une autorisation que nous avons reçu de l'IFAB pour lancer ce que vous avez probablement déjà pu rencontrer lors de compétitions internationales organisées par par la FIFA, et qui consiste à autoriser les arbitres à communiquer sur le terrain des explications qui découlent de l'utilisation de l'assistance vidéo. Concrètement, vous avez un arbitre qui est appelé pour consulter des images ou qui par lui même décide d'aller consulter les images. C'est une consigne que j'ai donné dernièrement aux arbitres de pouvoir se saisir beaucoup plus facilement de l'assistance vidéo à des fins managériales pour aller consulter les images en certaines circonstances exceptionnelles. Et donc, à l'issue de ce visionnage, l'arbitre sur le terrain, interviendra dans le stade et auprès des diffuseurs pour donner explicitement les raisons qui auront motivé la décision qu'il va prendre sur le terrain.

France Bleu Breizh Izel : Ça sera opérationnel pour les finales de Coupe de France féminine et masculine comme annoncé ?

Antony Gautier : "Ça sera mis en place pour la première fois en France lors de la prochaine finale de la Coupe de France féminine, le 4 mai prochain à Montpellier. Nous le dupliquant ensuite sur les quatre matchs de play-offs de D1. Nous organiserons également lors de la finale de la Coupe de France masculine à Lille. Et l'objectif, puisque les arbitres sont déjà prêts, c'est de pouvoir réunir toutes les conditions techniques et technologiques auprès de l'ensemble des stades de Ligue 1 pour que ce dispositif puisse ensuite être mis en place. Donc j'espère que ça le sera dans les meilleurs délais, tout au moins pour le début de la saison 2024-2025. Mais cette décision. Incombe exclusivement à la Ligue de football professionnel."

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