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Ouverture à la concurrence des TER en Auvergne-Rhône-Alpes : bénéfices ou pertes ?

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Alors que la région Auvergne-Rhône-Alpes s'apprête à lancer l'ouverture à la concurrence de ses lignes TER, entretien croisé avec son vice-président aux transports Frédéric Aguilera, Julien Troccaz, secrétaire fédéral Sud rail et des représentants des usagers.

TER Auvergne-Rhône-Alpes - Illustration TER Auvergne-Rhône-Alpes - Illustration
TER Auvergne-Rhône-Alpes - Illustration © Radio France - Laurent Gallien

C'est pour se mettre "en conformité avec la loi" que la région Auvergne-Rhône-Alpes lance en cette fin juin 2023, la procédure d'ouverture à la concurrence des ses lignes TER. Selon les règles européenne traduites en droit français il faut "ouvrir" le réseau avant le 25 décembre 2023. La région Auvergne-Rhône-Alpes est une des dernières à se mettre en conformité et, selon Frédéric Aguilera, vice-président aux transports, il n'y a plus le choix puisque si la limite n'est pas respectée "nous ne pourrons même plus, à partir de 2024, contractualiser avec la SNCF pour prolonger". Il faut en effet fixer un cahier des charges appelé à devenir une règle pour les sociétés qui voudront bien répondre aux appels d'offres. Dans les faits il n'y aura pas de changement d'opérateur - qui est aujourd'hui la seule et unique SNCF - avant 2029 sur la ligne Grenoble-Chambéry, ou encore 2033-2034 sur l'étoile ferroviaire lyonnaise.

C'est une privatisation des TER ou pas ?

Pour la région, qui a attendu que d'autres essuient les plâtres mais qui au final est assez satisfaite de cette ouverture, la concurrence va permettre de confronter la SNCF à d'autres offres en termes de coût et de régularité du service. Sans pour autant parler de "privatisation" assure Frédéric Aguilera. "Dans une privatisation vous vendez les trains, vous vendez le service etc, et après l'entreprise fait ce qu'elle veut. Alors que là on est dans une organisation où la région garde la main. On fait un appel d'offre et par contre elle a un opérateur qui sera encore la SNCF ou un autre". L'image est celle des transports en commun urbains, qui fonctionnent bien souvent comme ça. Les sociétés capables d'entrer en concurrence avec la SNCF sont d'ailleurs, en France, celles que l'on retrouve déjà dans les grands réseaux de bus, tramway et autres métro : RATP, Kéolis, Transdev, pour ne citer que celles-là.

Des opérateurs potentiels "qui sont bien des sociétés privées" tempête Julien Troccaz, opposé à l'ouverture à la concurrence. "On est sur de la sémantique, dit le secrétaire général du syndicat Sud rail, invité de France Bleu Isère, M. Aguilera ne veut pas assumer politiquement de privatiser, de libéraliser, avec l'ouverture à la concurrence. Ce que je ne comprend pas, c'est que tout le monde, même dans sa famille politique, l'assume de partout en France. Nous, quand on dit qu'on transfère le trafic voyageur qui était une entreprise historique et publique vers des opérateurs privés ou des filiales privées de la SNCF, je ne sais pas comment définir ça, à part une privatisation, une filialisation, puisque très rapidement, évidemment, on peut parler d'ouverture du capital. Donc il faut qu'il assume de privatiser".

Une ouverture qui risque de "fragmenter" le service

Pour le responsable syndical les choix différents des régions vont entrainer une sorte d'éclatement, d'éparpillement, du service. C'est aussi une crainte du vice-président de l'association d'usagers des transports ADTC. "Ça génère beaucoup d'inquiétudes, explique François Lemaire, parmi ce qui est prévu, il va y avoir notamment un lot dédié à la relation voyageur. C'est à dire que globalement, ils vont faire un site internet spécial en AURA pour vendre des billets, pour fournir les horaires s'il y en a des problèmes ensuite pour les remboursements. Ce qui nous inquiète, c'est qu'en fin de compte, chaque région est en train de faire son petit site internet pour vendre ses billets chacun dans sa région. Si vous circulez dans la région, ça va plutôt bien se passer. Il n'y a pas de raison. Mais quand vous faites une relation entre deux régions ou deux ou plusieurs régions, lorsque vous êtes un TGV et que vous faites une correspondance avec TER, comment ça va se passer ?"

"On espère un mieux", Olivia, auditrice

Des inquiétudes les habitués des TER en ont aussi. Ainsi que des espoirs. Olivia, auditrice de France Bleu Isère, espère "juste des trains !". "On va essayer de croire que c'est une bonne idée, dit-elle,  je suis à la gare de Tullins et [..] quand on arrive le matin, on regarde les écrans et on se dit est ce que notre train sera là ? Est ce qu'on sera à l'heure au travail ? Est ce qu'on pourra être au travail ? Tout simplement". Même chose dans l'autre sens : "le soir je repars d'Echirolles, c'est une petite gare qui n'est pas très bien desservie et en plus le peu de trains qui vont s'y arrêter parfois ils ne s'y arrêtent pas... L'autre fois (après le dernier coup de vent), il leur a fallu deux jours pour enlever un arbre !"

La concurrence ne changera rien en la matière répond Julien Troccaz, secrétaire fédéral Sud rail**,** "ça montre juste un truc. C'est qu'il faut en fait améliorer l'existant. En faire la priorité. Nous les cheminots, les cheminotes, évidemment nous ne sommes pas satisfaits qu'on mette deux jours pour enlever un arbre. Mais avec l'ouverture à la concurrence, il restera quand même deux jours, en fait parce que c'est du sujet de maintenance du réseau. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est améliorer l'existant, c'est donner des moyens [...] sinon il n'y aura pas plus de train avec l'ouverture à la concurrence. La priorité, c'est d'améliorer l'existant."

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