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MeToo à l'hôpital : dans la Somme, des étudiants infirmiers victimes de violences sexistes et sexuelles

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Au sein des hôpitaux, la parole se libère après les accusations de harcèlement sexuel contre l’urgentiste Patrick Pelloux. À Amiens, des étudiants infirmiers victimes de violences témoignent.

Le hashtag #MeToo hôpital a émergé il y a une semaine sur les réseaux sociaux. Image d'illustration. Le hashtag #MeToo hôpital a émergé il y a une semaine sur les réseaux sociaux. Image d'illustration.
Le hashtag #MeToo hôpital a émergé il y a une semaine sur les réseaux sociaux. Image d'illustration. © Radio France - Luc Nobout

Depuis l’accusation portée par l’infectiologue Karine Lacombe contre l’urgentiste Patrick Pelloux, les témoignages de professionnels de santé se multiplient pour dénoncer les violences sexuelles au sein de l’hôpital. Les étudiants sont particulièrement concernés. Selon la fédération nationale des étudiants en sciences infirmières, plus d’un étudiant sur six est victime d’agressions sexuelles durant sa formation.

Dans la Somme, l’institut des soins infirmiers du CHU d’Amiens n’est pas épargné. Depuis plusieurs années, sa corporation d’étudiants, l’association qui défend les droits des étudiants et anime leur vie universitaire, recueille les témoignages de futurs infirmiers victimes de harcèlement. Elle en recense près de 40 depuis la rentrée de septembre.

Un harcèlement fréquent en stage

Les remarques sur le physique et les comportements sexistes sont récurrents. La grande majorité a lieu en service hospitalier. Julie* est étudiante en première année à l’IFSI. Pendant un stage au CHU d’Amiens, elle est victime de moqueries sexistes. Elle explique qu'un infirmier et un aide-soignant ont "fixé" ses seins alors qu'elle ramassait son stylo. Elle ajoute que l'un d'entre eux s'est même exclamé : “c’est clair qu’on a envie de mettre sa main dedans.”

Parfois, ce sont des étudiants qui harcèlent d’autres étudiants en milieu hospitalier. “À chaque fois que cet externe me voyait, il me mettait une main aux fesses”, raconte Angèle*, en 2e année d'études d’infirmière. J’en ai parlé à l’équipe qui a répondu que ça devait être une erreur et qu’il ne faisait pas exprès.”

"On a des étudiants qui se retrouvent traumatisés"

Les étudiants masculins sont également touchés par des comportements déplacés. En formation dans une équipe exclusivement féminine, Maxime* est obligé de se changer dans le vestiaire des femmes. Lors d’un début de service, il se fait agresser sexuellement par une aide-soignante dans ce même vestiaire. “Dès que je me suis mis en caleçon, elle a collé ses fesses à mon sexe en disant que ça faisait longtemps qu’elle attendait ça”.

“On a des étudiants qui se retrouvent traumatisés par ce genre de blagues”, regrette Gabriel Buttin, président de la corporation des étudiants infirmiers du CHU d’Amiens. Mais des futurs soignants décident de ne rien dire ni à leurs formateurs ni aux membres de la corporation. “Les étudiants ont peur d’en parler parce qu’ils craignent que cela nuise à leur formation”, explique Gabriel Buttin.

Pour ces futurs infirmiers, parler de violences au sein d’un stage, c’est risquer de l’invalider et d’allonger la durée de la formation. Une crainte qui alimente la loi du silence et qui fait perdurer des comportements déplacés dans certains services.

Un problème pris au sérieux par les établissements

De son côté, le CHU d’Amiens souligne sa politique de fermeté et de zéro tolérance pour tout acte sexiste, violence sexuelle ou morale au sein du centre hospitalier et de ses instituts de formations. “Nous disposons de dispositifs de recueil des situations de violences, interprofessionnelles et de conciliatrices internes. Tous les cas portés à notre connaissance donnent lieu à instruction selon les modalités adaptées”, répond le centre hospitalier d'Amiens à France Bleu Picardie.

À l’IFSI d’Amiens, les cas de harcèlements lors des stages sont pris au sérieux par l’établissement. Les étudiants peuvent se confier aux membres de la corporation et à leurs formateurs. “Quand il y a des problèmes pendant des stages, les référents interviennent. Ils peuvent même fermer des lieux de stage", souligne Gabriel Buttin. Le président de la corporation salue cette libération de la parole au sein des hôpitaux : “on est content que les étudiants soient de plus en plus écoutés”.

*les prénoms ont été modifiés.

Propos recueillis par Flora Granchette.

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