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Le carnet d'un déporté sarthois retrouvé 80 ans après la Seconde Guerre mondiale

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Près de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le carnet d'un déporté a été retrouvé dans un tiroir à Cahors, dans le Lot. Son étude a révélé qu'il appartenait à Paul Duval, un boulanger manceau. Il y avait compilé des recettes de cuisine pour "exorciser la faim" dans les camps.

Enzo Delpech et Charlotte Leroy, historiens ont été étudié le carnet de Paul Duval, déporté sarthois lors de la Seconde Guerre mondiale Enzo Delpech et Charlotte Leroy, historiens ont été étudié le carnet de Paul Duval, déporté sarthois lors de la Seconde Guerre mondiale
Enzo Delpech et Charlotte Leroy, historiens ont été étudié le carnet de Paul Duval, déporté sarthois lors de la Seconde Guerre mondiale © AFP - Ed JONES / AFP

C'est une découverte émouvante. Près de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le carnet d'un déporté sarthois à Auschwitz a été retrouvé par hasard à Cahors dans le Lot. L'objet sommeillait dans le tiroir d'une vieille machine à coudre. "C'est un bénévole d'Emmaüs qui est tombé dessus et qui nous l'a confié en octobre 2023", racontent Charlotte Leroy et Enzo Delpech, historiens à la direction du patrimoine de la ville de Cahors. Le binôme se lance alors dans l'étude du petit carnet de la taille d'un jeu de carte et parvient à identifier son propriétaire grâce à son matricule de déporté à Auschwitz, le 185.502.

Le carnet appartenait à Paul Duval, né le 19 juin 1915 au Mans. "C'était un boulanger. Il est arrêté dans la région toulousaine, interné à Biarritz, puis Bordeaux, Compiègne avant d'être envoyé à Auschwitz avec le "convoi des tatoués" le 27 avril 1944", précise Enzo Delpech. Le Manceau passera ensuite par les camps Buchenwald, Flossenbürg et Flöha où il décèdera le 10 mai 1945, soit deux jours après la fin officiel des combats.

Une centaine de recettes de cuisine

Ce qui interpelle les deux chercheurs, c'est le contenu du carnet, à savoir une centaine de recettes de cuisine écrites au crayon à papier. "On pourrait croire qu'il aurait pu y raconter son quotidien comme un journal intime. Mais en réalité, il n'y a que des recettes", constate avec étonnement Charlotte Leroy.

Celles-ci sont détaillées et variées : cassoulet, pudding, pot au feu, etc. Certaines sont associées à un prénom, "comme le coq-au-vin de Paul, ce qui laisse à penser que les déportés échangeaient à ce sujet", pense Enzo Delpech. Dans le carnet figure d'ailleurs 25 noms de compagnons d'infortune du déporté manceau.

"C'est assez émouvant de les imaginer discuter de ces recettes." Les historiens font l'hypothèse que ces déportés se nourrissaient de mots et d'imaginaire culinaire pour exorciser la faim. "La nourriture manquait partout en Europe durant la guerre et plus encore dans les camps de concentration, on peut donc comprendre aisément que ce besoin de se nourrir était au centre de toutes les réflexions." Bien que rares, ces écrits ne sont pas inédits, d'autres carnets similaires comportant des recettes de cuisine ayant été retrouvés à la Libération.

Le carnet comporte une centaine de recettes
Le carnet comporte une centaine de recettes - Charlotte Leroy

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