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Trois ans après la fusion avec le CHU de Poitiers, quel bilan pour l'hôpital de Chatellerault ?

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A l'occasion de l'inauguration des Urgences rénovées et agrandies du centre hospitalier de Chatellerault, la direction du CHU de Poitiers a dressé le bilan de la fusion des deux sites, trois ans après le rapprochement.

Les travaux de rénovation des Urgences ont couté environ 2,3 millions d'euros. Les travaux de rénovation des Urgences ont couté environ 2,3 millions d'euros.
Les travaux de rénovation des Urgences ont couté environ 2,3 millions d'euros. © Radio France - Anne-Lyvia Tollinchi

Ce mercredi 10 avril, la direction du CHU de Poitiers a profité de l'inauguration des nouvelles Urgences de Chatellerault pour dresser le bilan de la fusion, effective depuis trois ans maintenant.

"On ne pouvait pas se passer de cette fusion. Châtellerault était le seul établissement de la Vienne qui n'était pas intégré au CHU à l'époque et vu les difficultés économiques que l'hôpital avait, il fallait fusionner." Pour le professeur Pierre Corbi, président de la Commission médicale d'établissement, tout comme pour la directrice générale du CHU de Poitiers Anne Costa, la décision de fusionner l'hôpital Nord-Vienne fait déjà ses preuves.

Modernisation des Urgences

Les Urgences, par exemple, ont été modernisées. L'Agence régionale de Santé avait lancé l'alerte en 2017 indiquant que les locaux étaient adaptés à environ 15.000 passages par an alors que les chiffres sont aujourd'hui plutôt autour des 22.000 passages annuels. Des travaux ont donc été effectués de 2019 à 2023 pour rénover et agrandir les espaces, créer des salles de soin supplémentaires et revoir toute l'organisation et le tri des patients.

Un espace de 170m2 a été ajouté aux 600m2 existants des Urgences.
Un espace de 170m2 a été ajouté aux 600m2 existants des Urgences. © Radio France - Anne-Lyvia Tollinchi

Jérémy Guénézan, chef du service, y voit un progrès pour les patients comme pour les soignants. "C'est une vraie amélioration, ne serait-ce que la lumière par exemple. Avant c'était sombre, maintenant c'est lumineux, ça fait du bien quand vous travaillez 24 heures de suite, ça aide à garder le moral jusqu'au lendemain matin. Et comme on a plus d'espace, on peut faire diminuer les temps d'attente à l'accueil."

Lyse Beau, infirmière syndiquée à la CNI de Chatellerault, alerte en revanche sur les problèmes signalés par les agents d'accueil des Urgences. "La porte d'entrée tournante a été en panne plusieurs mois. Nos secrétaires ont des bureaux très bas, sans aucune protection, ce qui n'est pas bon pour leur sécurité. Si un patient s'agite, devient violent, elles peuvent se prendre des coups. Ça parait des petites choses mais c'est le quotidien des équipes et ça irrite ou ça inquiète."

L'hôpital de Chatellerault dispose de 549 lits et places installées.
L'hôpital de Chatellerault dispose de 549 lits et places installées. © Radio France - Anne-Lyvia Tollinchi

Entre Poitiers, Chatellerault, Loudun et Montmorillon

Pour valoriser la fusion de Chatellerault dans le CHU de Poitiers, la direction parle aussi du travail en équipe entre les sites de Poitiers, Chatellerault, Loudun, Lusignan et Montmorillon. Les médecins peuvent ainsi remplacer au pied levé un collègue absent sur une autre partie du territoire de la Vienne et tourner en fonction des besoins.

Même chose pour les patients. "Là, je n'ai plus beaucoup de places donc je vais appeler Loudun", détaille Sébastien Texier, qui gère les flux de départs et d'arrivées sur trois écrans dans son bureau.

Sébastien Texier gère les flux d'arrivée et de sortie sur des écrans géants.
Sébastien Texier gère les flux d'arrivée et de sortie sur des écrans géants. © Radio France - Anne-Lyvia Tollinchi

"L'idée c'est que Poitiers ne devienne pas l'ogre qui mange tout et qui laisse le reste de la population sans soins à proximité, précise le Professeur Olivier Mimoz, chef de l'ensemble des services d'urgences du CHU de Poitiers. Cette équipe territoriale, composée d'une soixantaine de docteurs qui sont partout, va permettre justement que le même soin soit donné quel que soit l'endroit où on est pris en charge. L'idée, c'était vraiment d'apporter à l'ensemble de la population un service d'urgence, ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et sans aucune fermeture."

"La fusion n'a pas réglé le problème du recrutement"

"Ça donne des médecins qui sont à droite à gauche, deux jours à Loudun, un à Montmorillon, à Chatellerault, à Poitiers... c'est compliqué de travailler comme ça", souligne de son côté Céline Laville, infirmière au CHU de Poitiers et présidente du syndicat national du CNI. "Et puis la fusion n'a pas réglé le problème du recrutement. Plus personne ne veut rester parce que ça devient intenable de travailler dans des conditions pareilles."

Le service de cardiologie, par exemple, est fermé depuis 2021 à Chatellerault faute de cardiologue. Selon la direction, il y a également deux postes de titulaires vacants dans le service Gynécologie-obstétrique, trois dans le service Pédiatrie, près de trois également dans le service Anesthésie-réanimation. Des départs ou prochains départs perturbent aussi les services Hépato-gastro-entérologie, Chirurgie viscérale ou Urologie.

La directrice générale assure toutefois que la situation s'améliore quand on la compare à celle des années précédentes.

Des finances plus saines selon la direction

Autre argument mis en avant dans le bilan de la fusion : les investissements rendus de nouveau possible. Le niveau d'endettement du site de Chatellerault, à hauteur de 57% en 2019, a pu être en partie résorbé grâce à la solide santé financière du CHU. "On a donc pu investir, ce que l'hôpital ne pouvait plus faire", se félicite Anne Costa.

Deux caméras haute technologie pour le laboratoire qui fabrique des médicaments, un scanner supplémentaire prévu pour 2026, la rénovation du matériel de soin, la mise à niveau des blocs opératoires... Selon le CHU de Poitiers, entre 200 et 500 000 € ont été investis chaque année pour améliorer l'hôpital".

Une technologie de pointe a été installée dans le laboratoire, inspirée de ce qui se fait déjà à Poitiers.
Une technologie de pointe a été installée dans le laboratoire, inspirée de ce qui se fait déjà à Poitiers. © Radio France - Anne-Lyvia Tollinchi

Du matériel vieillissant

"Et nous, en gériatrie, on n'a parfois pas assez de couvertures pour nos patients", répond une aide-soignante syndiquée à la CGT. "Hier encore, j'étais dans le service, j'ai remarqué qu'une personne n'avait pas de couverture mais il n'y en avait plus. Et on n'arrive pas à être approvisionnés correctement... Je trouve ça scandaleux. Je travaille à l'hôpital de Chatellerault depuis plus de 20 ans et j'ai vu les conditions de travail se dégrader de plus en plus. S'il fallait tout refaire, je changerais de carrière."

D'autres soignants prennent l'exemple des chariots "vieux comme la nuit des temps" pour illustrer cette question du matériel. Et Céline Laville de conclure : "A entendre la direction, on a l'impression d'être dans le pays des Bisounours. Mais nous, sur le terrain, on sait très bien que les Bisounours n'existent plus depuis longtemps."

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