Passer au contenu

Hôpital de Toulouse : jusqu'à 430 lits fermés cet été à cause du manque de personnel

Par

On se souvient d'une situation critique au CHU de Toulouse l'été dernier, en raison notamment d'une grève. La saison estivale s'annonce un peu moins compliquée cette année. France Bleu Occitanie fait le point avec le présidente de la commission d'hospitalisation du CHU de Toulouse.

Plus de 400 lits fermés au CHU de Toulouse cet été Plus de 400 lits fermés au CHU de Toulouse cet été
Plus de 400 lits fermés au CHU de Toulouse cet été © Maxppp - REMY GABALDA

L'été est une période critique pour la prise en charge dans les établissements de soin. Entre les congés des soignants et l'afflux de patients, l'attente peut être très longue aux urgences. France Bleu Occitanie a fait le point ce mercredi 28 juin, avec la docteur Béatrice Riu, présidente de la commission d'hospitalisation du CHU de Toulouse et cheffe de la réanimation à Purpan.

France Bleu Occitanie : L'année dernière, on se souvient d'un contexte tendu aux urgences, avec un gros mouvement de grève, jusqu'à 80% de grévistes. C'était historique. Alors comment va se passer cet été ?

Béatrice Riu : Il y a deux sujets. Le sujet du mouvement social de l'année dernière et le sujet qui est national : les tensions estivales qui couvrent toute la France. Sur la période de l'été, il y a les congés de nos soignants, et nous avons de moins en moins de soignants. Du coup, nous avons des tensions qui concernent à la fois le service public et le service privé. Les CHU sont en première ligne. Nous ne sommes plus l'hôpital de recours mais plutôt l'hôpital de secours. C'est comme ça que nous vivons les choses depuis deux ans. Avec la commission des hospitalisations, nous nous préparons à un été difficile. Concernant le mouvement social de l'année dernière, nous n'avons pas de signaux actuellement qui nous feraient dire que l'on pourrait avoir des problèmes de cet ordre-là. Les choses sont plutôt calmes sur ce front à Toulouse.

Un été difficile mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que des patients vont encore être refusés aux urgences cet été ?

Ce que l'on conseille à la population, c'est d'avoir une utilisation raisonnable des urgences. Faire le 15, et si les patients peuvent attendre, attendre le lendemain matin. Après, bien sûr, on assure la sécurité, donc les patients qui auront besoin des urgences seront pris en charge. Ils n'attendront pas devant l'hôpital. Mais il faut savoir qu'un volume de patients trop important peut gêner l'organisation des urgences et faire que les temps d'attente peuvent être plus longs pour des patients qui nécessiteraient une prise en charge couchée.

Rien n'a été mis en place depuis l'été dernier ?

On a un manque de soignants, mais c'est un manque qui est national. On essaye de gérer la pénurie de soignants, on a embauché autant que faire se peut. Ce que je peux vous dire, c'est que l'on a les infirmiers et aide-soignants qui sortent de l'école au mois de juillet. Ils sortent de l'école, ils ont envie de prendre des congés. Donc ce sont des soignants qu'on va voir arriver au mois de septembre. On s'est organisés, on a des fermetures de lits. Mais ces fermetures de lits, elles existent dans le privé, dans le public. On les a anticipées, on les connaît depuis le mois d'avril.

Vous pouvez les chiffrer ?

On a une fermeture progressive, une montée en charge des fermetures au mois de juillet. Au pic des fermetures, on aura 430 lits fermés au CHU de Toulouse. Ce sont vraiment des fermetures programmées, versus 490 l'année dernière. Donc on fermera un petit peu moins cet été que l'année dernière.

Les agents grévistes l'année dernière demandaient 40 postes à Purpan. 31 personnes ont été recrutées, selon le directeur au mois d'avril. Jean-François Le Fèvre, évoquait encore 120 postes vacants sur l'ensemble du CHU, en soins et hors soins, il y a toujours des postes vacants, pourtant, la région est plutôt attractive pour les personnels soignants…

Oui, il y a des postes vacants puisqu'on n'a pas de personnel, donc on est vraiment sur les sorties d'écoles.

La région n'est pas épargnée par cette problématique ?

Non, mais nous sommes quand même mieux dotés que certaines autres régions.

Globalement, est ce qu'on n'aurait pas finalement un peu oublié de tirer des leçons du Covid ? Parce que ça a soulevé toutes ces problématiques, elles ont été mises en avant, très médiatisées. On n'a pas retenu la leçon ?

Pour former une infirmière, il faut trois ans. Pour former un médecin, il faut dix ans. Dans certains services d'urgences, les pénuries viennent des paramédicaux. Mais il y a des services d'urgence dans le privé, ça ne nous concerne pas nous à l'hôpital où les problématiques viennent des médecins.

Mardi, des enfants et des adultes ont dû être évacués de la crèche du Grand Rond à Toulouse, par précaution à cause d'un dégagement de monoxyde de carbone. Certains d'entre eux ont dû être évacués vers l'hôpital de Montauban et celui d'Albi. Ça veut dire qu'il y a une solidarité entre les hôpitaux. Là, en l'occurrence, c'est les petits qui aident le gros.

Quand il y a comme ça des situations pareilles, ça passe par une régulation, par le quinze et c'est le quinze qui a dû prendre cette décision. Et entre nous, oui, il y a une solidarité, c'est le rôle du 15. Mais sachez que le 15 est extrêmement sollicité et que l'année dernière, il y a eu 30% d'appels en plus.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined