Bâches trouées, aucune tenue spécifique... La CGT pointe des erreurs dans le désamiantage du CHU de Toulouse
Deux ans après le décès d'une auxiliaire de puériculture, la direction du CHU de Toulouse et son sous-traitant n'ont pas pris la mesure du problème de l'amiante, selon le syndicat qui s'apprête à déposer une plainte à la rentrée.
"Ils ont gardé sur place pendant sept mois des sacs craqués !" Un ancien chef de chantier prend la parole, deux mois après avoir démissionné auprès de son employeur, l'entreprise Cassin, un sous-traitant du CHU de Toulouse. Intervenu pour la démolition d'un bâtiment du site de Purpan Nord, il a constaté que des déchets amiantés ont été mélangés à des gravats, sans aucune entreprise spécialisée dans le désamiantage pour les déplacer, comme le racontait Médiacités à la mi-juin.
"À deux mètres des services de soins !"
"Mes formations n'étaient pas à jour depuis cinq ans", ajoute le chef de chantier démissionnaire, qui se souvient avoir travaillé avec des intérimaires sans formation dédiée à l'amiante. "La liste est hallucinante, et nous sommes à deux mètres des services de soins..." se désole Julien Terrié, secrétaire de la CGT au CHU de Toulouse. Vidéos à l'appui, le syndicat prépare avec un avocat spécialisé une plainte, qui sera déposée à l'automne. "Les déchets devaient être évacués avec des tenues spéciales pour l'amiante, ce qui n'était pas le cas".
La CGT a organisé jeudi une visite des chantiers sur place pour la députée Anne Stambach-Terrenoir. "Je vous parle de déchets littéralement sous les fenêtres de l'unité de psychiatrie, il y a même un potager qui est entretenu par les adolescents, une consultation de cardiologie pas loin, il y a des gens qui continuent de passer, alerte la députée LFI de la 2e circonscription de Haute-Garonne. On est quand même dans un hôpital, c'est censé être le temple de la santé, et là, au contraire, des gens sont mis en danger !"
De son côté la direction précise que "ce chantier a fait l’objet d’une visite de l’inspection du travail le 17 mars 2023, sans signalement d’une non-conformité ou d’une mise en demeure." Après la première procédure déclenchée par la CGT, le CHU explique avoir "immédiatement saisi les opérateurs intervenant dans ce chantier dont le maître d’œuvre ainsi que l’entreprise en charge du désamiantage, avec une mise en demeure écrite de rappel du respect de la réglementation et la mise en œuvre d’actions conservatoires immédiates : évacuation rapide des déchets, meilleure signalisation du risque amiante". Par ailleurs, des mesures d'empoussièrement dans l'air ont été réalisées pendant les travaux et "n'ont révélé aucune présence de fibres d'amiante", ajoute la direction.
Des effets "deux à trois décennies plus tard"
En novembre 2021, une auxiliaire de puériculture est décédée après un cancer lié à l'amiante et reconnu comme maladie professionnelle. Marie-Christine Anglade avait travaillé pendant une quarantaine d'années dans une crèche sur le site Purpan du CHU, qui n'a pas été totalement désamiantée pointe la CGT.
Deux ans après ce décès, "la démarche pour mon épouse ne la fera pas revenir mais c'était pour que ça serve de point d'appui et qu'ils fassent toute la politique préventive pour que l'on apprenne pas qu'il existe d'autres cas", explique son mari, Pascal Anglade, qui alerte sur le cancer déclaré il y a quelques mois par une ancienne collègue de son épouse, L'expertise n'a pas encore eu lieu et ce cancer n'a pas été reconnu comme maladie professionnelle pour le moment. "À ce jour, le CHU de Toulouse n’a pas été saisi d’une autre demande de reconnaissance de maladie professionnelle émanant d’un ancien agent de la crèche André Bardier suite à une exposition à l’amiante", répond la direction.
Contactée, la direction du CHU temporise, 24 heures après l'ouverture par la CGT d'une troisième procédure pour danger grave et imminent. La CGT recherche d'autres témoignages en lien avec les conséquences de l'amiante au CHU de Toulouse à l'adresse email suivante : cgtchutoulouse@gmail.com. À Purpan, cinq bâtiments du secteur nord du site sont en cours de désamiantage et de démolition depuis octobre 2021 et jusqu’au mois de juillet 2023.
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