Une femme et ses quatre enfants retrouvés morts à Meaux : ce que l'on sait de l'affaire

Le père de famille soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants lundi 25 décembre à Meaux (Seine-et-Marne), a reconnu l'intégralité des faits, a appris ce jeudi France Télévisions auprès d'une source proche de l'enquête, confirmant une information de BFMTV. Selon cette même source, cette homme, interpellé mardi matin à Sevran (Seine-Saint-Denis), a aussi déclaré qu'il entendait des voix. Son audition a commencé mercredi, il est toujours en garde à vue.

Selon les premiers éléments de l'enquête, il avait déjà porté un coup de couteau à sa compagne en 2019. France Bleu fait le point.

Le voisinage contacte la police le soir du 25 décembre

Le lundi 25 décembre, peu avant 21h, des proches et membres du voisinage contactent la police car ils s'inquiètent de "l'absence de réponse" de la famille, alors qu'on frappait à la porte du domicile, un appartement au rez-de-chaussée d'un immeuble. Les voisins constatent des "traces de sang sur le palier", et racontent avoir entendu des cris pendant la nuit, sans s'inquiéter car les cris étaient fréquents.

La police se rend sur place, force un volet, et rentre dans l'appartement par la fenêtre de la chambre conjugale. Les fonctionnaires découvrent une "scène de crime d'une très grande violence", a indiqué le procureur de la République de Meaux Jean-Baptiste Bladier lors d'une conférence de presse mardi, évoquant des "mares de sang" dans différentes pièces de l'appartement. Cinq cadavres sont découverts sur place, celui de la mère de famille, âgée de 35 ans, et ceux des quatre enfants : une fille de dix ans, une fille de sept ans, un petit garçon de quatre ans et un bébé de neuf mois. Le père est absent et la porte d'entrée fermée, sans signe d'effraction.

Les constatations révèlent que les trois défuntes présentent un "grand nombre de coups de couteau" et des "lésions de défense". Il est "impossible de déterminer le nombre des coups de couteaux" sur la mère et les deux filles, poursuit le procureur. Le petit garçon et le bébé ne présentent pas de plaies apparentes, ce qui peut évoquer "à ce stade la piste de l'étouffement ou d'une noyade". L'autopsie des corps devait être réalisée à l'institut médico-légal de Paris ce mercredi.

Troubles dépressifs et psychotiques

On retrouve sur place des "documents médicaux et administratifs pouvant évoquer un internement de nature psychiatrique en 2017 du père et des ordonnances pour des tranquillisants", a ajouté Jean-Baptiste Bladier. La vidéosurveillance dans l'enceinte de la copropriété et de la ville de Meaux ainsi que la coopération des proches de la famille permettent de retracer l'itinéraire du père, désigné comme le "premier suspect" par le procureur. L'homme est interpellé mardi à 7h47, à Sevran en Seine-Saint-Denis. C'est la police judiciaire de Versailles qui prend la charge de la garde à vue.

Le suspect, hospitalisé en Seine-Saint-Denis dans un cadre juridique de garde à vue, a commencé à être entendu mercredi, a appris France Télévisions de source proche de l'enquête. Il avait des "blessures à la main". Selon les policiers qui ont notifié la garde à vue, l'homme a dit au moment de son interpellation "savoir pourquoi" il était arrêté et a "évoqué sa dépression". L'homme a ensuite reconnu l'intégralité des faits et déclaré qu'il entendait des voix.

Un coup de couteau en 2019

L'homme de 33 ans né à Colombes (Hauts-de-Seine) a un casier judiciaire vide, mais le procureur de Meaux cite une "procédure relative à des violences avec couteau commises sur la mère de famille en novembre 2019", juste avant l'accouchement de leur troisième enfant. Il avait affirmé vouloir se suicider et avait blessé sa compagne d'un coup de couteau dans l'épaule alors qu'elle lui tournait le dos. Lors de son audition, la mère avait expliqué que son conjoint souffrait d'un état dépressif ancien, une main courante avait d'ailleurs été déposée pour une tentative de suicide en 2017.

À l'issue de son audition en 2019, la mère de famille n'a pas porté plainte et a refusé l'assistance d'une association.
Le compagnon a été hospitalisé en psychiatrie le jour-même, affirmant que le coup de couteau était "parti tout seul", qu'il avait touché sa compagne "sans faire exprès". Il était suivi depuis 2017 pour des troubles dépressifs et psychotiques. La procédure a été classée sans suite au motif d'un "état mental déficient".

Ouverture d'une information judiciaire

À l'issue de la garde à vue, une information judiciaire sera ouverte pour "homicides volontaires sur mineurs" et "homicide volontaire par conjoint". "Pour ces deux chefs, la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité", a rappelé le procureur. En cas d'altération du discernement, "la peine encourue serait de trente ans de réclusion criminelle", et en cas d'abolition complète du discernement, des "mesures de sureté" sont possibles.