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Assises de la Gironde : "On n’oublie pas un acte comme ça !" selon le fils du chasseur tué à Barsac en 2020

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Deuxième jour d’audience aux assises de la Gironde pour le procès d’un chasseur du Langonais accusé d’avoir tué un ancien compagnon de chasse à Barsac en 2020. Ce lundi a été consacré, le matin, à l’audition des parties civiles, notamment proches de la victime et l’après-midi, à celle des experts.

Deux des quatre avocats des parties civiles, Julie Elduayen et Julien Plouton, au procès aux assises de la Gironde de Patrick Guimpier Deux des quatre avocats des parties civiles, Julie Elduayen et Julien Plouton, au procès aux assises de la Gironde de Patrick Guimpier
Deux des quatre avocats des parties civiles, Julie Elduayen et Julien Plouton, au procès aux assises de la Gironde de Patrick Guimpier © Radio France - Laëtitia Heuveline

Le procès aux assises de la Gironde d'un chasseur du Langonais doit se terminer mercredi. Patrick Guimpier est accusé d'avoir tué Amar Bey, ancien compagnon de chasse et ancien collègue, à Barsac le 19 septembre 2020. À l'audience, la journée de ce lundi a notamment été consacrée à l'audition des parties civiles, le matin, et à celle des experts balistique et légiste.

Le témoignage du fils d'Amar Bey Nino, a été très poignant. Il a parlé droit dans les yeux de l'accusé : "Je lui ai demandé pourquoi, pourquoi il avait fait ça. J'ai travaillé avec lui, donc je l'ai connu gentil, respectueux envers mon père, envers moi. Et je ne comprends pas". "Tu nous laisses comme ça, sans réponse, s'énerve le fils d'Amar Bey en parlant directement à Patrick Guimpier. T’as que ça à nous dire ? Il laisse cinq enfants Amar," lâche Nino. "Tu crois que ça suffit ?" La réponse est brève depuis le box des accusés, Patrick Guimpier secoue la tête et dit : "C'est pas moi, je peux rien te dire".

L'avocat général lui demande ce qu'il attend du procès. Nino répond "qu’il avoue que c’est lui, qu’il dise qu’il était là ce soir-là. Il avait l’habitude d’avoir des soirées arrosées. Oublier une soirée avec des copains, je dis pas, mais un acte comme ça on ne peut pas oublier !"

"J'ai tout perdu mais surtout, j'ai perdu mon père"

L'accusé est beaucoup plus vouté qu'au premier jour du procès. Mais cette maigre réponse ne convient pas à la famille de la victime, Nino avoue : "Je ne le crois pas parce qu'il y a que lui, mon père n'avait pas d'ennemis." Et dans les larmes, le jeune homme de 28 ans se confie : "j'ai perdu mon père, j'ai perdu mon travail, j'ai perdu ma maison. J'ai tout perdu, mais surtout, mon père. Mon plus petit frère, il a 15 ans et il n'a plus le père... alors que lui (Patrick Guimpier ndlr), il a ses enfants et ses enfants, ils ont leur père."

Quelques minutes plus tard, Kareen, la compagne de la victime a elle-aussi témoigné. Elle a décrit très précisément la nuit d'angoisse où elle a perdu sa raison de vivre. C'est elle qui le dit à la cour : "Il n'y a plus de vie après ça, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ?", lâche-t-elle dans les larmes à la cour. "La vie, c’est les cauchemars, me revoir encore et encore nettoyer les murs de cette chambre, enlever des morceaux." Parce que Karen se rappelle comme hier de cette nuit, son conjoint qui sort avec son fusil pour voir cette voiture qui passe encore près de chez eux au milieu des vignes, ce "Patoche, qu'est-ce que tu fous ?" lancé par Amar avec un timbre de voix, une terreur dans le ton, qu'elle n'avait jamais entendu auparavant.

Le premier coup de feu, le corps qui s'affaisse, les mots de son conjoint : "Cœur, appelle." Et les deux autres coups de feu alors qu'elle partait s'enfermer dans la salle de bains. Cette femme frêle, qu'on sent au bord de s'écrouler, tremble à la barre, mais garde le cap pour dire SA vérité. Est-ce qu'elle attend une explication ? Non, avoue-t-elle. "Quand on est capable de tirer deux fois sur un homme à terre, on est capable de mentir. Le pourquoi, je m’en fous" dit-elle. Et elle se tourne vers l'accusé : "Je sais que c’était toi, je t’ai vu !" Et à la cour : "S’il ment depuis tout ce temps, il mentira aussi pour l’explication."

"Pas de grandeur ou de cohérence dans les passages à l'acte criminel"

Maître Julien Plouton la représente, ainsi que ses enfants. Selon lui, le mobile n'est pas tout : "La fréquentation des cours d'assises permet de comprendre que les criminels sont rarement à la hauteur des actes qu'ils ont commis. Il ne faut pas aller chercher une forme de grandeur ou une forme de cohérence dans les passages à l'acte criminel" explique l'avocat. "Ça peut tout simplement être motivé par la bêtise, par l'alcool, par une rancœur qui reste quelque chose de très personnel et très enfoui au sein de cette personne." Pourtant, outre cette absence de mobile, il faut regarder selon Maître Plouton "s'il y a des preuves suffisantes pour justifier la présence de cet homme devant la cour d'assises et si ces preuves sont suffisantes pour fonder une condamnation. Et nous considérons dans ce dossier que les preuves sont plus que suffisantes. Elles sont extrêmement concordantes."

La défense, de son côté, assure que Patrick Guimpier n'est pas l'auteur des faits, qu'une autre personne aurait pu subtiliser son arme et sa voiture et commettre l'assassinat. Les trois avocats demandent d'ailleurs un renvoi du procès pour obtenir des pièces complémentaires, des analyses ADN et de téléphonie notamment. L'accusé, lui, clame son innocence depuis deux ans et demi.

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