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COP15 Biodiversité : 190 pays s'engagent à protéger 30% de la surface de la planète

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Un accord pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité a été signé ce lundi à Montréal, dans le cadre de la COP15, par 190 pays. Mesure phare : la création d'aires protégées sur 30% de la planète.

Devant le site de négociations de la COP15 à Montréal. Devant le site de négociations de la COP15 à Montréal.
Devant le site de négociations de la COP15 à Montréal. © AFP - ANDREJ IVANOV

La 15e Conférence des Nations unies pour la diversité biologique -ou COP15 Biodiversité- a débouché ce lundi sur un accord à Montréal. Ce "pacte de paix avec la nature", appelé "accord de Kunming-Montréal", est le fruit de quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique. Plus de 190 États approuvent ce texte, négocié sous l'égide de la Chine, présidente de la conférence.

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L’objectif de l’accord : protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique. Les pays se sont mis d'accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d'ici 2030.

La question financière entre pays du Nord et du Sud a été l’un des points de tension de la conférence. En échange de leurs efforts en faveur de la préservation des espèces et des milieux, les pays les moins développés réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Ils ont obtenu en partie satisfaction.

Les principaux points de l'accord de la COP15

Les 30% de la planète protégée : l'objectif phare du texte, "que, d'ici 2030, au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines (...) soient efficacement conservées et gérées". L'objectif est mondial et pas national, impliquant que certains pays en fassent plus que les autres, ou en fassent plus sur terre que sur mer.

Ces 30% sont un minimum pour les scientifiques et les ONG, qui jugent que 50% serait nécessaire. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.

Une membre d'une délégation de la COP15 prend en photo une photo de papillon, espèce menacée.
Une membre d'une délégation de la COP15 prend en photo une photo de papillon, espèce menacée. © AFP - ANDREJ IVANOV

Vingt milliards de dollars d'aides internationales. Les négociations ont été marquées par un long marchandage entre le Nord et le Sud : plus d'ambitions écologiques en échange de plus de subventions internationales, et vice-versa.

Au final, le texte approuve l'objectif pour les pays riches de fournir "au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, et au moins 30 milliards de dollars par an d'ici 2030". Soit environ le double puis le triple de l'aide internationale actuelle pour la biodiversité.

Restaurer 30% des terres dégradées : un tiers des terres émergées sont "modérément ou fortement dégradées" par l'activité humaine, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Pour y remédier, le texte prévoit "que, d'ici 2030, au moins 30% des écosystèmes terrestres, de mers intérieures et d'écosystèmes côtiers et marins dégradés fassent l'objet d'une restauration effective".

Réduction des pesticides et des plastiques. Pour "réduire les risques de pollution”, les signataires doivent, entre autres "réduire de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux" et "prévenir, réduire et travailler à l'élimination de la pollution plastique."

Partage des bénéfices. L'accord a été approuvé grâce à une avancée sur une "injustice" brandie par nombre de pays du Sud : l'absence de partage des bénéfices réalisés par le Nord avec des médicaments ou produits cosmétiques issus de leurs ressources biologiques. Le texte prévoit d'établir "un mécanisme mondial de partage des avantages” découlant de l'utilisation de ces données par la recherche et l'industrie.

Sur les réseaux sociaux, le détail de l'accord est présenté, mesure par mesure :

Des échéances trop lointaines

"La plupart des gens disent que c'est mieux que ce que nous attendions des deux côtés, pour les pays riches comme pour ceux en développement. C'est la marque d'un bon texte", a confié à l'AFP Lee White, ministre gabonais de l'Environnement. Autre réaction, celle Brian O'Donnell, de l'ONG Campaign for nature : "Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d'espèces dont les perspectives d'avenir seront considérablement améliorées".

Mais les défenseurs de l'environnement craignent pour beaucoup des échéances trop lointaines au vu de l'urgence actuelle. Selon les scientifiques, 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu : plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

"Ça ne casse pas la baraque, mais ça sauve les meubles" juge d'ailleurs sur franceinfo Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes à WWF France. "Sur l'agriculture, des solutions sont avancées comme l'agro-écologie, et des problèmes sont pointés du doigt comme les risques liés aux pesticides, et ce n'était pas évident à gagner vu les lobbys qui existent aujourd'hui", ajoute-t-il. Mais il déplore que "le modèle de production et de consommation n'ait pas été vraiment remis en cause".

Le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n'a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l'absence de mécanismes d'application véritables. Tirant les enseignements de cet échec, les pays ont adopté un mécanisme de planification et de suivi commun, avec des indicateurs précis. Une éventuelle révision des stratégies nationales est prévue, si les pays ne sont pas sur la bonne trajectoire.

"La France salue un accord ambitieux réaliste et applicable" a réagi lundi matin dans un communiqué le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

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