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Climat : la COP 27 s'ouvre ce dimanche en Égypte, à quoi faut-il s'attendre ?

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  • France Bleu

La COP27 débute ce dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh en Égypte. Cette 27e Conférence des Parties va accueillir, pendant douze jours, 200 pays du monde entier. Un monde menacé par la multiplication des catastrophes climatiques.

La COP 27 débute ce lundi en Égypte La COP 27 débute ce lundi en Égypte
La COP 27 débute ce lundi en Égypte © AFP - Khaled DESOUKI

La 27e conférence de l'ONU sur le climat (COP27) débute ce dimanche et va réunir près de 200 pays à Charm el-Cheikh en Égypte jusqu'au 18 novembre. Plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour le "sommet des leaders", dans un contexte de crises multiples et liées : guerre en Ukraine, tensions inflationnistes et spectre de récession mondiale, crises énergétique et alimentaire. De quoi reléguer au second plan une crise climatique "existentielle, primordiale et omniprésente", selon les mots du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui présidera la COP27. Quels sont les enjeux ce cette 27e COP ? Peut-elle être un succès ? France Bleu fait le point. 

Quels sont les enjeux ? 

"Maintenir en vie" l'objectif de l'accord de Paris

Les rapports alarmants sur le climat se sont multipliés depuis la COP26 à Glasgow, quand près de 200 pays s'étaient solennellement engagés à "maintenir en vie" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, traité fondamental conclu en 2015, à savoir contenir le réchauffement sous la barre des 2°C. 

Même si tous les pays tenaient leurs promesses, ce qui n'est encore jamais arrivé, le monde serait sur une trajectoire de réchauffement de 2,4°C d'ici la fin du siècle. Et avec les politiques actuelles, c'est un catastrophique +2,8°C qui se profile. "Pitoyablement pas à la hauteur", a fustigé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. "Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale" a-t-il lancé. 

Le secrétaire général des Nations unies a donc appelé ce jeudi à "un pacte historique" entre pays riches et pays en voie de développement pour des engagements efficaces contre le réchauffement climatique lors de la COP27.

Aider financièrement l'Afrique

En plus d'évoquer la question de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, cette COP27, présentée comme une "COP africaine", est l'occasion pour les pays africains de pousser à l'adoption d'un mécanisme de prise en compte des "pertes et dommages" provoqués par le changement climatique, auxquels ils sont durement exposés. 

Ils espèrent une contribution financière spécifique des pays développés, à l'origine d'une majorité des émissions de gaz à effet de serre. "Historiquement, l'Afrique est responsable de moins de 4% des émissions mondiales mais les Africains souffrent de certains des effets les plus brutaux de la crise climatique", souligne la jeune militante Ougandaise Vanessa Nakate. 

Lors de la COP26 de Glasgow, les pays riches avaient rejeté l'établissement d'un tel mécanisme financier dans l'immédiat, acceptant seulement la mise en place d'un simple calendrier de "dialogue" sur des compensations financières. Mais les militants espèrent que le sujet pourra revenir sur la table à Charm el-Cheikh, au moment où la planète est confrontée à une série d'inondations, canicules et sécheresses. Des catastrophes particulièrement sévères pour l'Afrique. Selon une étude récente du Carbon Brief, les événements météorologiques extrêmes ont tué au moins 4.000 personnes et en ont déplacé 19 millions à travers le continent rien que depuis le début de l'année. 

Signe que le débat avance, les Etats-Unis se son dit "pleinement favorables" à ce que la question des dommages subis de façon disproportionnée par les pays pauvres face au changement climatique soit débattue lors de la COP27, a déclaré fin octobre l'envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry. "Nous devons passer à l'étape supérieure et avoir un réel dialogue sur la façon dont le monde va gérer les pertes et dommages", a déclaré John Kerry lors d'une conférence de presse. Washington fera lors de la COP27 "des annonces sur (son) soutien à l'Afrique en matière d'adaptation" face au changement climatique, a-t-il déclaré. La France aussi est ouverte sur la question des "pertes et dommages". Mais un conseiller du chef de l'Etat a aussitôt précisé qu'aux yeux de Paris, la création d'une "nouvelle facilité financière" n'était pas la réponse la "plus efficace". Il a expliqué vouloir privilégier la recherche de "solutions" concrètes "parce que l'argent en fait il existe déjà dans d'autres fonds".

"On jugera du succès ou de l'échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages," assuré Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l'ONU, pays touché par de terribles inondations entre juin et septembre. 

Cette COP27 s'annonce-t-elle déjà comme un échec ?

Lors de la COP26 à Glasgow l'an dernier, les Etats s'étaient engagés à renforcer leur ambition climatique, mais depuis, la situation géopolitique a changé : la Russie a envahi l'Ukraine et la question du changement climatique recule. "Est-ce que nous pouvons être optimistes quant à la COP qui va se tenir dans quelques jours ? Je ne le crois pas, compte tenu du contexte géopolitique", a expliqué l'ancien président français François Hollande. "La Chine a d'autres préoccupations aujourd'hui que simplement réduire ses émissions de CO2, (...) la Russie, vous imaginez qu'elle ne va pas être un acteur primordial de la négociation, d'autant qu'elle veut vendre du gaz à toute la Terre sauf à l'Europe" a t-il poursuivi. Ces deux pays, qui font partie des États les plus pollueurs dans le monde, seront d'ailleurs absents de la COP27. L'ancien chef de l'État s'est aussi inquiété du contexte politique aux États-Unis avec "des élections qui vont avoir lieu au mois de novembre". "Si les Républicains obtiennent une majorité au Congrès, il est à craindre qu'il n'y ait pas la même ambition", a t-il jugé. 

Beaucoup de militants n'attendent d'ailleurs rien de cette COP27, comme la figure suédoise Greta Thunberg, qui a décidé de boycotter la conférence. Pour elle, les COP "sont surtout utilisées comme une opportunité pour les dirigeants et les gens au pouvoir pour obtenir de l'attention, pour toutes sortes de 'greenwashing'", c'est-à-dire des opérations de communications pour prétendre agir contre la crise climatique quand ce n'est pas le cas. 

Ouverture de la COP27 en Égypte, pour relancer la lutte pour le climat
Ouverture de la COP27 en Égypte, pour relancer la lutte pour le climat © Visactu

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