Passer au contenu

Groupes de niveau au collège : une formule qui marche depuis près de trente ans dans le Jura Suisse

Par

En Suisse, les collèges du canton du Jura regroupent leurs élèves par niveau depuis le milieu des années 1990, afin d'améliorer leurs résultats. Un modèle qui fonctionne et dont la France veut s'inspirer à partir de septembre.

En Suisse, le système des groupes de niveau existe depuis le milieu des années 1990 au collège Thurmann, dans le canton du Jura. En Suisse, le système des groupes de niveau existe depuis le milieu des années 1990 au collège Thurmann, dans le canton du Jura.
En Suisse, le système des groupes de niveau existe depuis le milieu des années 1990 au collège Thurmann, dans le canton du Jura. © Radio France - Marek Khetah

C'est une des mesures emblématiques du « choc des savoirs » voulu par le gouvernement à la rentrée prochaine. Des groupes de niveau en français et en mathématiques pour les 6e et les 5e, afin d'améliorer leurs résultats scolaires. Le Premier ministre Gabriel Attal a confirmé l'application de cette mesure, vendredi 8 mars. En Suisse, le modèle existe déjà dans certaines régions [NDLR dans le pays l'éducation relève de la compétence de chaque canton]. Il est apparu au milieu des années 1990 dans le canton du Jura pour les mathématiques, le français et l'allemand. Au collège Thurmann de Porrentruy, enseignants et élèves sont convaincus des bienfaits de ce dispositif.

Un modèle convaincant

Il est 14h ce jour-là. Des centaines d'élèves fourmillent dans le hall principal. Ils sont en 9e, 10e et 11e, l'équivalent de la 5e, la 4e et la 3e en France. Les groupes d'amis se forment et se déforment pour aller de classe en classe. Ici, les collégiens changent régulièrement de salles et de camarades. C'est l'effet des groupes de niveau. « A » pour les meilleurs, « B » pour les moyens et « C » pour les plus en retard. Entre deux cours, Yannick, 13 ans, en 10e, donne son point de vue : « j'aime bien, chaque élève peut apprendre à son niveau. Je suis en A en allemand parce que je suis bilingue, en B en maths et en C en français, où j'ai plus de difficultés. Alors c'est sûr, je ne vais pas autant dans le détail que les B ou les A, mais c'est plus adapté à moi, j'ai de meilleures notes. » L'adolescent, qui se rêve plus tard menuisier, a le sentiment de progresser. Il est d'ailleurs passé dernièrement du niveau C au niveau B en mathématiques. « C'est le gros avantage de notre système scolaire, explique le directeur de l'établissement, Mathieu Chaboudez, dans le calme de son bureau. Les élèves peuvent transiter d'un niveau à un autre. S'ils se donnent les moyens, ils peuvent monter, sinon ils vont descendre pour trouver un niveau plus approprié à leur niveau de compétence. » Les transitions se font tous les deux semestres quand c'est nécessaire. Dans le canton du Jura, 20% des élèves, soit un élève sur cinq, changent de niveau au cours de l'année. Preuve d'un système perméable, qui colle mieux au profil des élèves, selon le corps enseignant du collège Thurmann.

Le directeur du collège Thurmann Mathieu Chaboudez considère que les groupes de niveau permettent à chaque élève de trouver leur place et de s'épanouir.
Le directeur du collège Thurmann Mathieu Chaboudez considère que les groupes de niveau permettent à chaque élève de trouver leur place et de s'épanouir. © Radio France - Marek Khetah

Pas de stigmatisation

Le collège Thurmann, c'est 342 élèves en 2024, pour une cinquantaine d'enseignants. Les groupes de niveaux sont restreints. Des classes d'une vingtaine d'élèves pour les meilleurs, une quinzaine pour les moyens et une dizaine pour les moins avancés. Des groupes homogènes pour permettre aux professeurs d'être au plus près d'eux. Julien Boegli, professeur de français y retrouve « des élèves qui en général se sentent à l'aise, car ils côtoient des camarades avec un niveau similaire au leur. » Selon lui, il n'y a pas de tri : « honnêtement je ne pense pas, en tout cas, je ne l'ai jamais ressenti comme ça. Justement, je pense qu'il y a beaucoup moins cette stigmatisation trop faible ou trop fort. »

Un remède miracle… pas sans conditions

Presque trente ans après la mise en place du dispositif dans le canton du Jura, le bilan est très positif, selon le corps enseignant. Vincent Eschmann est conseiller pédagogique au compte du Service de l’enseignement du canton du Jura, qui assure la gestion de l'éducation jurassienne. D'après lui, ce changement a été souhaité à l'époque par les politiques et par la population. Mais il ne peut pas se faire à la va-vite.

loading

Pour que les groupes de niveau fonctionnent, il n'en reste pas moins « qu'il faut y mettre les moyens, insiste Mathieu Chaboudez. Il est clair que si l'on a que les inconvénients, à savoir un nombre d'élèves trop nombreux, ça peut très vite se compliquer. » C'est précisément l'un des aspects qui fait grincer des dents en France. Même si le Premier ministre Gabriel Attal a promis la création de 830 postes pour assurer la mise en place de la réforme, le corps enseignant craint que ce soit insuffisant.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined