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Éducation : à quoi vont ressembler les groupes de niveau au collège ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

La ministre de l'Éducation Nicole Belloubet a annoncé ce jeudi un assouplissement dans la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques l'an prochain au collège. Mais un certain flou plane toujours sur l'application de cette réforme contestée par les syndicats.

Nicole Belloubet a annoncé un assouplissement dans la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques l'an prochain Nicole Belloubet a annoncé un assouplissement dans la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques l'an prochain
Nicole Belloubet a annoncé un assouplissement dans la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques l'an prochain © Maxppp - Fred HASLIN/PHOTOPQR/LE COURRIER PICARD

Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale nommée début février, a déclaré jeudi qu'elle allait "introduire une certaine souplesse" dans l'instauration des groupes de niveau au collège en français et mathématiques, en préservant des moments "en classe entière", alors que cette réforme suscite beaucoup d'opposition du côté des syndicats. Ils s'inquiètent d'un risque de stigmatisation et de "tri" des élèves. Ce projet est une mesure emblématique du Choc des savoirs, le paquet de réformes lancées par Gabriel Attal pour améliorer le niveau des élèves. Voici où en est le projet.

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Une version édulcorée

Gabriel Attal avait annoncé en décembre la création de ces groupes de niveau à la rentrée 2024 en 6e et en 5e, et en septembre 2025 en 4e et 3e. Mais dans l'entretien accordé au journal Le Monde, la ministre dresse un projet loin du discours initial, même si Nicole Belloubet se défend de toute inflexion. Toutes les heures de mathématiques et français ne se feront finalement pas uniquement par groupes d'élèves (de bons, de moyens et de plus en difficulté). Il y aura aussi des moments en classes entières, comme c'est le cas aujourd'hui. Elle assure qu'il "appartiendra au chef d'établissement de voir à quels moments dans l'année, il faut rassembler les élèves en classe entière, afin de réexaminer la composition des groupes", explique la ministre, qui dit "croire à l'autonomie des établissements" et "faire confiance aux équipes éducatives".

Cependant, "la confiance n'exclut pas les responsabilités, tempère-t-elle. Il y aura un travail avec les corps d'inspection pour voir si ce qui a été imaginé par les équipes répond bien à la commande de la constitution de groupes".

Les syndicats ont vu dans les annonces de Nicole Belloubet un "recul" du gouvernement. "On acte le fait que les groupes de niveau ne vont plus apparaître dans les textes", a souligné Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées. "C'est un changement de braquet qu'il faut saluer", a renchéri Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissements. "Les équipes vont pouvoir réfléchir localement".

Comment ces groupes vont-ils s'organiser ?

Comment ces groupes de niveau vont-ils s'organiser concrètement dans la vie scolaire des collégiens ? Imaginons un collège où il y a quatre classes de 6e. Tous les jours, ils suivent leurs cours d'histoire-géographie ou de physique-chimie en classe entière. En revanche, pour les maths et le français, les quatre classes vont se mélanger et reformer des groupes en fonction des difficultés et des compétences de chaque élève sur un chapitre bien précis. Sur le thème géométrie, il existera un groupe de collégiens à l'aise, un groupe d'élèves moyens et un groupe d'élèves en difficulté. Les professeurs devront mettre en œuvre cette répartition qui durera plusieurs semaines.

Les classes devront ensuite se reformer pour une ou deux semaines de brassage. Puis, les élèves retrouveront des groupes de niveau sur les fractions, le chapitre suivant. Si un élève peut avoir été très bon en géométrie, il pourra se retrouver avec les plus faibles s'il est en difficulté sur les fractions. Le ministère imagine donc un système très fluide.

Un "crash annoncé" car "les moyens ne sont pas là"

Depuis son arrivée, la nouvelle ministre a tenté de déminer ce sujet inflammable. Elle a notamment précisé à plusieurs reprises que ces groupes, qu'elle s'est gardée de qualifier de "groupes de niveau", seraient flexibles et qu'elle "refuserait tout système de tri social".

Mais les annonces faites ce jeudi sont cependant loin de répondre à toutes les questions soulevées. "Ça ne change rien à la philosophie générale que l'on n'a pas validée, car les moyens ne sont pas là", a réagi auprès de l'AFP Agnès Andersen, secrétaire générale du syndicat de chefs d'établissement ID-FO. "Nous avions estimé à 6.000 le nombre de professeurs nécessaires" pour cette réforme, contre 2.300 annoncés par le ministère, déplore-t-elle. Les chefs d'établissements refusent d'être les boucs émissaires d'un crash annoncé". "On revendique la mise en œuvre de recrutements spécifiques pour l'accompagnement des élèves", a abondé Ghislaine Morvan-Dubois de la FCPE, la fédération des parents d'élèves, sur franceinfo.

Une usine à gaz ?

Certains enseignants voient déjà dans ce projet de groupes de niveau une usine à gaz, très complexe à mettre en œuvre. Selon eux, si les élèves alternent périodes en classe entière et périodes en groupes de compétences, il faudra que tous les profs avancent exactement à la même vitesse, et donc qu'ils terminent le chapitre fraction à la même date.

Des groupes classes moins nombreux

Plutôt que des groupes de niveau, les enseignants réclament des classes avec moins d'élèves. "Ce qu'on demande, quelles que soient les étiquettes syndicales, ce sont des groupes classes moins nombreux, explique Simon Rubert, professeur d'histoire-géo au collège Honoré d'Urfé. Au lieu de groupes de niveau figé comme ça, écoutez nos revendications, mettez les moyens pour qu'on ait des classes qui ne soient pas surchargées", a-t-il déclaré sur France Bleu Saint-Etienne Loire.

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