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Hausse de l'énergie : "Nos entreprises sont étranglées", dénonce le président des bouchers de Haute-Garonne

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Les bouchers français manifestent ce mardi et c'est assez rare pour le souligner, ça n'était pas arrivé depuis plus de 20 ans. Face à la flambée des prix de l'énergie et malgré les aides de l'État, les bouchers sont en difficulté. Le président des bouchers de Haute-Garonne fait le point.

Les bouchers manifestent ce mardi devant l'Assemblée nationale Les bouchers manifestent ce mardi devant l'Assemblée nationale
Les bouchers manifestent ce mardi devant l'Assemblée nationale © Maxppp - Nicolas Parent

Une trentaine de bouchers de Toulouse et de la région fait le déplacement ce mardi à Paris pour manifester. La hausse des prix de l'énergie les met en difficulté. Problématique que connait bien Didier Manjon, artisan-boucher, charcutier, traiteur à Brugières et président des bouchers de Haute-Garonne. Il était notre invité ce mardi matin.

France Bleu Occitanie : Vous êtes plombés par la flambée des prix de l'énergie. Vous, par exemple, vous ne savez pas comment vous allez tenir ? Votre facture a été multipliée par combien dans votre boutique ?

Dider Manjon  : C'est vrai qu'on ne se fait pas souvent entendre, mais là c'est urgent. Ma facture va être multipliée par quatre, voire huit. Nous sommes aussi confrontés à l'augmentation des prix de la viande. Les volailles ayant pris 20%, le bœuf a pris en moyenne 14% et le veau de 6 à 7%.

Que l'on se rende bien compte, qu'est-ce qui consomme le plus dans une boucherie ?

Dans une boucherie, nous avons en priorité les frigos, et puis les vitrines, tout ce qui est matériel de cuisson, les éclairages. C'est ce qui consomme le plus dans nos boucheries.

Le gouvernement a mis en place le bouclier tarifaire pour une partie des TPE. Ça va quand même aider pas mal de patrons, non ?

Ça a aidé pas mal de patrons. Mais ce sont des sommes minimes par rapport aux coûts que nous allons avoir. Je peux vous donner une idée, par exemple, on va passer de 20.000 euros en moyenne à 40.000 euros sur une année. Nos entreprises sont étranglées par le coût de l'énergie.

Vous estimez que les critères de ce bouclier tarifaire professionnel sont trop restrictif ?

Ce n'est pas assez pour notre profession, c'est pour ça qu'aujourd'hui nous nous mobilisons à Paris. En espérant que tous les collègues vont se mobiliser. Et d'ailleurs, pour les collègues qui ne peuvent pas aller à Paris, nous faisons une opération "lumières éteintes" dans nos commerces. De 9h à 11h, symboliquement, nous éteindrons nos lumières dans nos boutiques pour protester.

Les boucheries sont ouvertes quand même, mais les lumières éteintes. Il y a aussi l'amortisseur électricité, pour les entreprises qui ne sont justement pas éligibles au bouclier tarifaire mis en place par l'État. Les modalités doivent être détaillées aujourd'hui. Cet amortisseur, ça peut être utile, non ?

C'est sûr, il faut savoir que le gouvernement a été très attentif à nos revendications. Dès demain, nous serons reçus par le gouvernement. Donc, ça va bouger très rapidement, dès demain matin, nous sommes reçus pour justement défendre nos artisans qui ont énormément de problèmes.

Cette manifestation, c'est donc une pression supplémentaire, pour être sûr d'être bien reçus ce mercredi ?

Une pression supplémentaire, et nous les bouchers, nous n'avons pas l'habitude de sortir dans la rue. Il y a un ras-le-bol, un mécontentement général de la profession et les bouchers ne pourront plus payer. Le problème que l'on va avoir, c'est qu'au cours du premier trimestre de 2023, beaucoup d'entreprises fermeront. Malheureusement, je pense que l'on va en arriver là et nous, on ne veut pas ça. On veut être solidaires dans la profession avec les bouchers, charcutiers et pourquoi pas les autres professions si elles nous suivent.

Combien de professionnels vous ont déjà dit qu'ils pourraient fermer boutique ?

Il y en a beaucoup. On était en assemblée générale la semaine dernière et nous avons énormément de collègues qui ne peuvent plus payer. Nous avons un tiers des collègues artisans-bouchers qui ne peuvent plus payer.

Au-delà de l'impact économique que l'on a évoqué, quelles conséquences cela aurait sur une petite commune, par exemple, de perdre son boucher ?

Vous savez que nous avons dans nos villages deux boucheries en moyenne, donc je pense déjà que ça créé un lien social. Et nous avons besoin de manger du bon. Nous, artisans bouchers, nous sommes là pour préserver le "savoir-manger".

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