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Grève dans la santé : "Le seul moyen de garder du personnel dans les hôpitaux, c'est de mieux les payer"

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La CGT et ses alliés appellent à manifester ce mardi 11 janvier pour réclamer l'embauche de personnels, l'ouverture de lits et une hausse des salaires dans le secteur de la santé. "On constate une continuité dans la fermeture des lits", dénonce notre invité, infirmier à Voiron.

Hôpital en grève Hôpital en grève
Hôpital en grève © Radio France - Emmanuel Moreau

Les soignants, mais aussi les  sages-femmes, professionnels de la petite-enfance, des services d’aides à domicile, des EHPAD, les travailleurs sociaux, médico-sociaux, ATSEM... La CGT santé-action sociale et de la fédération CGT des Services publics appellent à une mobilisation nationale ce mardi 11 janvier pour de meilleures conditions de travail. Le syndicat réclame notamment l'embauche massive de personnels, l'ouverture de lits et une hausse des salaires. "On ne constate pas de volonté politique de mettre fin aux maux de l'hôpital", dénonce sur France Bleu Isère Olivier Pautonnier, infirmier-anesthésiste à l'hôpital de Voiron, un hôpital qui connaît des manques de personnels récurrents.

Quel est votre quotidien, comment vous ressentez cet hôpital qui craque de partout ?

Ecoutez moi, je suis infirmier depuis trente ans. Et je constate qu'on a une situation qui était prévisible, puisqu'au au fil des réformes hospitalières, en particulier depuis 1995, il y a une volonté de réduire l'offre de soins. Résultat : aujourd'hui on est dans l'incapacité de soigner l'ensemble de la population en 2022. C'est le constat qu'on peut faire partout en France, à Voiron comme ailleurs, et dans le privé y compris.

Au début de la crise, on parlait du manque de blouses, de masques, de matériel globalement. Est ce que ce problème est réglé aujourd'hui ? Et si oui, où s'est déplacé le problème ?

Je pense que le scandale des masques et du matériel de protection qui aurait dû être à disposition, a révélé qu'il y avait des manques dans l'organisation. Mais malheureusement, les politiques menées depuis n'ont pas été du tout changé cela. Il n'y a pas eu de rupture, on constate une continuité dans la fermeture des lits, le personnel qui s'en va. La situation s'aggrave de manière un peu chronique et on ne constate pas de volonté politique de mettre fin à cela, malgré les déclarations du ministère. Sur le terrain, on ne voit pas du tout de changement, je dirais même qu'on voit une aggravation quasi "naturelle".

Il y a pourtant eu le Ségur de la santé, avec des hausses de salaires, notamment. Mais ça n'a pas du tout arrangé les choses selon vous ? 

La situation est extrêmement complexe. C'est compliqué de tout régler rapidement, il y a un problème de fond. maintenant, le problème majeur, c'est que le Ségur ne correspondait pas vraiment à la revendication des hospitaliers : nous demandions surtout le déblocage du point d'indice pour augmenter tous les hospitaliers. Et de ce côté-là, ça a été très compliqué et les mesures sont en-deçà de ce qu'on demandait. En plus, en contrepartie, il y a la loi de transformation de la fonction publique, qui touche aussi les hôpitaux, avec une remise en cause des statuts, l'organisation générale des hôpitaux, etc...

Bien sûr le Ségur, c'est mieux que rien, je ne dis pas le contraire, mais ça ne correspond pas vraiment au fond du problème qui est, comme je le rappelle depuis le début, un problème de financement et la politique de santé publique. Il n'y a pas que l'hôpital qui est touché : la médecine libérale, les Ehpad, la psychiatrie. On est dans un état pré-catastrophique je dirais, parce que les gens travaillent beaucoup, mais que les politiques de santé sont inquiétantes pour l'avenir.

Vous avez des collègues qui ont quitté l'hôpital ces dernières années ?

Oui, mais je tiens à calmer un peu les interprétations. Le Covid n'est pas une histoire de vaccin. Le Covid a révélé la crise de l'hôpital. les gens partaient avant le Covid, Il parlait déjà avant, ils partiront après pour des raisons diverses et variées : les conditions de travail et puis les salaires surtout. Il faut être franc : le seul moyen de garder du personnel dans les hôpitaux, c'est de mieux les payer. Si vous les payer mieux, vous avez moins de problèmes d'effectifs. Et donc ça tourne mieux, c'est mathématique.

Il y a une campagne présidentielle qui arrive. Pour l'instant, les questions de santé sont complètement absentes des discours des candidats. Comment vous l'expliquez et comment vous comptez vous faire entendre ?

On en parle un peu, je crois que le ministre de la Santé parle d'un projet de "grande Sécu". Alors sous cette appellation qui pourrait paraître sympathique, on voit une continuité de la politique actuelle, on continue de rationner l'offre de soins. C'est le nerf de la guerre. Pourquoi en 2022, il n'y a pas de programme politique qui dit "On veut revenir à l'esprit de la Sécurité sociale, à la santé publique, à l'objectif de soigner tous les citoyens" ? Il y a une nouvelle journée de mobilisaiton le 27 janvier. J'espère que les politiques entendront les revendications des personnels hospitaliers.

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