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Hôpital : Au CHU de Grenoble, "la situation est pire qu'avant le Covid"

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Le ministre de la Santé François Braun a annoncé dimanche le déblocage de 150 millions d'euros pour les "services en tension de l'hôpital", notamment en pédiatrie. Mais cela ne suffit pas estime l'invitée de France Bleu Isère ce mardi 25 octobre, Marie-Thérèse Leccia.

Le CHU Grenoble Alpes Le CHU Grenoble Alpes
Le CHU Grenoble Alpes © Radio France - Laurent Gallien

Le gouvernement a annoncé le week-end dernier un plan d'action pour l'hôpital, avec 150 millions d'euros pour les services de pédiatrie en crise en ce moment du fait de l'épidémie de bronchiolite. Mais "ça ne suffit pas", estime ce mardi 25 octobre sur France Bleu Isère Marie-Thérèse Leccia.

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France Bleu Isère : Le gouvernement a annoncé hier 150 millions d'euros pour les services en tension. Est-ce suffisant ?

Marie-Thérèse Leccia : C'est une annonce qui montre que le gouvernement a entendu le cri d'appel des pédiatres. Mais non, ça ne suffit pas parce qu'on a un tel retard de ressources humaines et de matériel dans nos hôpitaux qu'il faut beaucoup plus que ça pour compenser l'état actuel de nos hôpitaux et du système de santé en général.

Cette annonce arrive tout de même après le Ségur de la Santé l'an dernier. Et pourtant à vous entendre, on a l'impression que la situation est pareille qu'avant le Covid ?

La situation est pire qu'avant le Covid, puisqu'on a perdu beaucoup de ressources humaines depuis, nos équipes sont fragilisées, que ce soit à l'hôpital ou en ville. Et donc la situation s'est dégradée. Donc, encore une fois, les mesures Covid ou bien les 150 millions d'euros annoncés hier permettent des revalorisations salariales et d'améliorer, on va dire, une partie de la permanence de soins pour certains professionnels, mais ça ne corrigera pas les problèmes de fond.

Et à quel point aujourd'hui, l'épidémie de bronchiolite aggrave-t-elle la situation ?

Alors l'épidémie de bronchiolite se surajoute parce que, d'une part, les gens arrivent beaucoup à l'hôpital, puisqu'il manque de pédiatres et de médecins de ville et quand ils arrivent à l'hôpital, cela embolise les urgences, ça rajoute de l'activité. De plus, pour les bronchiolites les plus sévères, il n'y a pas de lit disponible. Très souvent, il manque de lits dans de nombreux services pédiatriques, ce qui nécessite de transférer même les enfants parfois. Il y en a à peu près un quart dans certaines régions qui sont transférés dans d'autres hôpitaux.

Dans le journal Le Dauphiné Libéré hier, vous écrivez "il fallait anticiper cette situation, mais rien n'a été fait". Rien n'a été fait vraiment ?

Encore une fois, depuis le Covid, il y a eu des mesures financières importantes. Mais les restructurations profondes que l'on attend n'ont pas été faites. Vous savez bien qu'il manque énormément de médecins et d'infirmières et ça fait très longtemps qu'on le dit. La prise en charge de filières sensibles, comme la psychiatrie, ou la question des personnes âgées et les organisations entre la ville, les hôpitaux, etc... ça n'a pas été anticipé. Tout ça, donc, ce sont des restructurations profondes que l'on attend et auxquelles aujourd'hui le gouvernement ne s'attaque pas.

Les horaires des urgences avaient été réduits cet été, en raison du manque de soignants (il fallait appeler le 15 en cas d'urgence). Quel bilan faites-vous de cette période-là ?

Alors, on va dire que ça a levé un peu de pression sur la journée. Mais ça n'a pas levé de pression sur la nuit, parce que nous sommes, avec la clinique des Cèdres, le seul service ouvert la nuit. On sait aussi qu'on a un énorme souci sur Grenoble en lien avec les filières psychiatriques, que ce soit la psychiatrie adulte ou enfant, et cela apporte beaucoup de charge à l'équipe des urgences.

Et puis il faut vraiment qu'on s'attaque à la question de l'organisation au niveau de la médecine de ville et du recours aux services d'urgences des hôpitaux. Il y a tout un travail d'éducation sur le bon usage des urgences, utiliser la bonne urgence au bon endroit.

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