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Le risque de grippe aviaire continue de couver en Haute-Vienne

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La préfecture de la Haute-Vienne met en en garde face au risque toujours élevé de grippe aviaire. Même si le département n'a pas été touché depuis près d'un an, l'épidémie est toujours présente en France et la période de migration des grues pourrait la relancer.

Aucun foyer de grippe aviaire n'est recensé depuis avril 2022 en Haute-Vienne, mais les mesures de biosécurité restent impératives dans les élevages Aucun foyer de grippe aviaire n'est recensé depuis avril 2022 en Haute-Vienne, mais les mesures de biosécurité restent impératives dans les élevages
Aucun foyer de grippe aviaire n'est recensé depuis avril 2022 en Haute-Vienne, mais les mesures de biosécurité restent impératives dans les élevages © Radio France - Valérie Mosnier

La Haute-Vienne n'a pas connu de nouveaux cas de grippe aviaire depuis avril 2022, mais le virus circule toujours en France avec actuellement 314 foyers recensés essentiellement dans des élevage des Pays de la Loire et 321 cas dans la faune sauvage. Fin janvier c'est une basse-cour à Flayat, dans le sud de la Creuse qui avait été touchée et 15 communes corréziennes placées en zone de surveillance.

Le risque est toujours qualifié d'élevé en France par le ministère de l'Agriculture et encore plus en cette période de migration. Il faut donc toujours mettre les volailles à l'abri a rappelé ce vendredi Fabienne Balussou, la préfète de la Haute-Vienne en visite sur un élevage bio de poules pondeuses à Saint-Jean-Ligoure.

La barrière des mesures de biosécurité

Chez David Lavaud, on n'entre pas dans les bâtiments d'élevage comme dans un moulin. Première, puis deuxième puis troisième paire de surbottes, lavage des main et combinaison sont de rigueur. "C'est une mise en place au jour le jour, après une fois qu'on a l'habitude pour nous c'est une routine. A mes yeux, oui, elle est indispensable" explique l'éleveur qui s'est lancé dans les poules pondeuses depuis 2009 avec sa femme, en parallèle d'une trentaine de vaches allaitantes.

Deuxième paire de surbottes enfilée avant d'accéder à l'atelier de conditionnement des oeufs
Deuxième paire de surbottes enfilée avant d'accéder à l'atelier de conditionnement des oeufs © Radio France - Valérie Mosnier

Ici, tout est fait pour protéger les 12.000 poules pondeuses de la grippe aviaire. Le GAEC Lauterie n'a heureusement pour l'instant jamais connu de cas, peut-être grâce au respect scrupuleux des mesures de biosécurité. Accès aux sites délimité, interdit aux personnes extérieures... Le quai de chargement des œufs est positionné pour que le camion n'ait pas besoin de rentrer dans la zone professionnelle. Le bac d'équarrissage est aussi tenu loin des sites où sont les volailles, car la contamination peut arriver par les roues des véhicules passés par d'autres élevages.

Les œufs des 6.000 poules pondeuses destinés au groupe Cocorette sont stockés dans ce bâtiment
Les œufs des 6.000 poules pondeuses destinés au groupe Cocorette sont stockés dans ce bâtiment © Radio France - Valérie Mosnier

"Le virus extrêmement contagieux peut-être transporté par l'homme, par les animaux et par l'air et il faut se protéger contre les trois", explique Philippe Deguenin, directeur Régional de l'Alimentation, de l'agriculture et de la forêt de Nouvelle Aquitaine, "la règle d'or de la biosécurité c'est aussi toute la traçabilité. Quand on sait qu'un élevage est contaminé, on retrace tous les animaux qui sont rentrés, sortis. Tous les produits et même parfois tous les humains pour vérifier qu'ils ne sont pas allés contaminer d'autres élevages."

La biosécurité est la seule solution actuellement pour se protéger de la grippe aviaire rajoute t-il. L'éleveur haut-viennois en a bien conscience. Lui, dont son exploitation a subi l'an dernier les conséquences de l'épizootie : "On a eu 5 semaines de vide sanitaire en plus du réglementaire (17 semaines). Les poulettes ne sont pas arrivées en temps en heure, elles venaient d'une zone où il y avait la grippe aviaire et un abattage total. Donc le temps de remettre en place un schéma de production, c'est long."

Le confinement des volailles : les particuliers appelés à la responsabilité

Les poules de David Lavaud ne peuvent pas sortir actuellement. Pourtant, l'éleveur leur a aménagé un beau parcours extérieur en plantant de nouveaux arbres pour que les gallinacés aient de l'ombre. Mais il va falloir attendre encore un peu pour profiter du plein air. "Historiquement, il y a des périodes plus à risque car le virus est résistant au froid et à l'humidité" explique Sophie Pellarin, chef de l'unité action sanitaire/vétérinaire au Sral de la Draaf Nouvelle-Aquitaine, "et à ça il faut associer la présence du virus sur le territoire soit lié à l'avifaune, soit aux élevages."

Face à la situation, les services de l'Etat rappellent aussi que les particuliers doivent mettre leurs poules à l'abri ou bien installer un filet de protection au dessus de leur basse-cour. "Un particulier peut être très proche d'un éleveur professionnel, qui peut être touché par la grippe aviaire. Si ce dernier est dans un rayon bien délimité c'est un abattage total pour lui. C'est très important", insiste Franck Buffel, directeur adjoint à la DDETSPP de la Haute-Vienne.

La solution du vaccin ?

Si la claustration et les mesures de biosécurité restent les solutions pour éviter la contamination, la piste du vaccin est désormais bien avancée. La commission européenne a donné son feu vert en février dernier pour les pays de l'Union. En France, le plan de vaccination devrait démarrer en septembre. Mais le vaccin ne sera pas le remède miracle prévient Philippe Deguenin : "Premièrement ce vaccin n'est pas encore sûr, il a été testé et il marche, mais on ne sait pas combien de temps il dure. Et puis, même quand vous avez un vaccin, on l'a vu avec le covid, vous pouvez attraper la maladie. Donc ce n'est pas une barrière à 100% parce que la maladie mute. C'est un gros progrès d'avoir un vaccin, mais ce n'est pas la solution à tout. On ne se passera jamais de la biosécurité."

Un avertissement pour surveiller le virus d'encore plus près car l'épizootie devient endémique constate le directeur de la Draaf Nouvelle-Aquitaine : "Le virus reste chez nous. Les oiseaux migrateurs ont contaminé la faune sauvage et la faune sauvage se contamine elle-même. On appelle ça l'endémisation, une maladie saisonnière devient endémique, présente toute l'année, avec quand même un pic saisonnier un peu comme la grippe pour les humains. Ça veut dire d'une part qu'il faut être vigilant toute l'année et d'autre part qu'il n'y a plus de zones indemnes."

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