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Colère des agriculteurs : "Il y a des avancées" mais "le rythme n'est pas le bon" pour le président de la FNSEA

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Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, est attendu ce vendredi à Pont-à-Mousson pour assister à l'assemblée générale de la FDSEA de Meurthe-et-Moselle. Il exprime l'impatience des agriculteurs vis-à-vis du gouvernement, après la grande mobilisation du début de l'année.

Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA
Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA © Maxppp - Mathieu Herduin

Les agriculteurs, adhérents de la FDSEA de Meurthe-et-Moselle, se réunissent ce vendredi 15 mars en assemblée générale à Pont-à-Mousson, en présence d'un invité de marque : Arnaud Rousseau. Le président de la FNSEA, en première ligne lors des manifestations et blocages du mois de janvier, était encore dans le bureau de Gabriel Attal en début de semaine pour faire le point sur la mise en œuvre des promesses du gouvernement. France Bleu Lorraine l'a rencontré.

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France Bleu Sud Lorraine : Arnaud Rousseau, quel message allez-vous adresser aux agriculteurs de Meurthe-et-Moselle qui, comme dans d'autres régions, se sont particulièrement mobilisés durant les manifestations du début d'année ?

Arnaud Rousseau : J'ai l'intention d'apporter un triple message. Le premier, c'est de rendre compte du travail qui a été effectué par la FNSEA au profit de l'ensemble de nos adhérents, pour leur expliquer ce qui a été fait depuis toutes ces semaines. Et c'est important de rendre compte du travail effectué. Le deuxième, c'est que, moi, j'ai besoin d'écouter aussi ce que les adhérents de Meurthe-et-Moselle avec leur diversité, en fonction de leurs lieux d'habitation, et ils n'ont pas les mêmes problématiques où les mêmes types d'exploitation. Donc c'est important pour moi d'écouter le terrain. Et la troisième chose, c'est donner des perspectives.

Vous avez rencontré Gabriel Attal en début de semaine pour faire un point sur les mesures qui avaient été annoncées par le gouvernement et leur mise en application. Qu'en est-il ?

On considère, au moment où je vous parle, que le rythme n'est pas le bon. Le niveau d'attente est extrêmement fort. On a repris les 62 propositions qu'avait faites le Premier ministre en les listant et je reconnais qu'un certain nombre d'entre elles ont été mises en œuvre. Par exemple, un certain nombre de décrets qui raccourcissent les délais d'instruction des dossiers, sur l'eau, sur les autorisations d'installations classées. Donc, il y a des choses qui avancent sur les mesures d'urgence. Je pense aussi à ceux de nos collègues agriculteurs qui sont en agriculture biologique et qui traversent une période difficile et sur lesquels des aides d'État ont été mises en œuvre. Et ces aides commencent à être versées. Donc, ça, c'est très concret. Et quand il y a des avancées, nous, on reconnaît qu'il y a des avancées.

Mais on a encore beaucoup de sujets sur lesquels il y a des incertitudes, sur lesquels on n'est pas encore au rendez-vous. Je pense notamment de cette loi d'orientation agricole sur laquelle on attend beaucoup. On attend beaucoup sur trois sujets : l'installation et la transmission, parce que l'agriculture, a besoin d'installer de nombreux jeunes. De nombreux agriculteurs vont partir en retraite, il faut qu'on favorise ce mouvement.

La deuxième chose, c'est la compétitivité. Comme tous les secteurs d'activité, l'agriculture est soumise à la concurrence, notamment de pays qui produisent dans des conditions qui ne sont pas les nôtres. Donc, il faut qu'on aide à la compétitivité des entreprises françaises et singulièrement en Meurthe-et-Moselle, avec, par exemple en polyculture élevage, des mesures pour les bovins qui sont attendues.

Et enfin, rétablir ce qu'est la souveraineté alimentaire française. On veut continuer à produire pour nourrir les Français avec une alimentation de qualité, reconnue comme étant l'une des plus durables au monde. Et pour ce faire, on a besoin aussi qu'on reconnaisse que l'agriculture, par exemple, est d'intérêt général majeur pour la nation. Ça doit se cristalliser dans la loi, et ça ne sera pas avant deux mois.

Cela ne va donc pas assez vite ?

Non, non, ça ne va pas assez vite. Maintenant, on est conscients que tout ne peut pas se faire en quelques semaines. Mais je vous donne un exemple. Le gouvernement a décidé de suspendre un conseil stratégique qui concerne les produits qu'on utilise dans nos fermes. Entre le moment où il l'a annoncé et le moment où il a finalement envoyé une circulaire à son administration, on a attendu près d'un mois. On considère que ce délai est beaucoup trop long.

Vous parlez de produits phytosanitaires. Le député du Toulois, Dominique Potier, lui-même agriculteur, a rendu en décembre un rapport parlementaire très critique sur l'usage des produits phytosanitaires en France. Il a eu des mots assez durs à l'encontre des concessions du gouvernement sur le plan Ecophyto. Il dit "c'est un déni de réalité." Qu'en pensez-vous ?

Je connais bien Dominique Potier et je ne partage pas son point de vue. Il est agriculteur comme moi. Il n'y a pas de déni de réalité. La réalité, c'est qu'on est dans une impasse. Et d'ailleurs, c'est ce que dit le rapport de Dominique Potier sur la séparation entre le conseil et la vente. Le rapport dit "ça ne fonctionne pas". Donc il n'y a pas de déni de réalité. Ce que les agriculteurs veulent, c'est trouver des solutions concrètes sur leur ferme.

Moi, je voudrais d'abord redire que la production alimentaire française est l'une des plus sûres au monde, qu'on a tendance à l'oublier et que probablement demain on pourra faire mieux avec moins de produits phytosanitaires. On est prêts à aller dans ce sens et je crois qu'on le partage avec Dominique Potier. En revanche, on dit que dans la période de transition, on ne peut pas nous mettre dans des impasses. Si cela se traduisait par plus d'importations, on n'aurait pas fait avancer l'agriculture française. Voilà ce qu'on dit. Il faut construire les trajectoires, donner les moyens aux agriculteurs de progresser. En attendant, on a besoin de trouver ces alternatives.

Quel est l'état d'esprit des agriculteurs aujourd'hui ? La colère est-elle apaisée, ou est-ce qu'ils sont prêts à reprendre le chemin des blocages ?

Les agriculteurs continuent à être mobilisés. Ils se disent qu'ils n'ont pas fait tout ça pour ne pas obtenir de résultat. L'attente est très forte, la colère est toujours palpable et on ressent parfois même une certaine frustration. J'ai indiqué au Premier ministre lundi soir qu'il fallait maintenant des résultats concrets, cela fait près d'un mois que nous avons suspendu les barrages sur les autoroutes. Il y a quelques points d'avancées, je vous l'ai indiqué, mais nous considérons qu'encore une fois, il y a trop de choses qui ne sont pas arrivées. Et moi, j'invite encore une fois le gouvernement à nous les donner rapidement. En tous les cas, d'ici une quinzaine de jours, avec le rendez-vous probablement chez le président de la République la semaine prochaine. Je crois que c'est ce que les agriculteurs attendent. Ils le disent depuis le départ : les phrases et les mots ne suffisent plus. Il nous faut des actes concrets, mesurables sur nos fermes.

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