Procès du "tueur de DRH" : "Il a un profil qui justifie une réduction de sa peine" assurent ses avocats

"Gabriel Fortin est ancré dans un trouble de personnalité paranoïaque" pose l'expert devant la Cour d'assises de l'Isère en ce quatrième jour d'audience. "Dès lors, il y a une dimension délirante psychotique. Donc une altération du discernement" conclut le médecin. Cette dernière expertise psychiatrique de l'accusé a été demandée par la présidente de la cour pour le procès en appel de celui qu'on surnomme "le tueur de DRH", après les assassinats d'Estelle Luce, Patricia Pasquion et Géraldine Caclin en janvier 2021, ainsi que pour la tentative d'assassinat sur Bertrand Meichel.

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"Une atténuation de la responsabilité"

La précédente expertise estimait Gabriel Fortin pleinement responsable de ses actes. Mais le médecin n'en démord pas et dit s'appuyer sur des textes qui font référence, sur la base d'un raisonnement scientifique. Il explique, posément : il n'y a "pas de délire" chez l'accusé, mais bien un trouble de personnalité paranoïaque. "Il y a une atténuation de la responsabilité, mais bien aussi une part de responsabilité", citant la volonté, l'orgueil et la rancune tenace de Gabriel Fortin. Cette audience est un moment clé pour la défense.

"Le maximum de la peine passe de la perpétuité à trente ans"

"L'expert conclut à une altération du discernement, ça a des conséquences importantes puisque l'article 122-1 prévoit que le maximum de la peine passe de la perpétuité à trente ans" souligne Me André Buffard, l'un des avocats de l'accusé, "sauf si naturellement la cour prenait des dispositions spéciales".

Lors de son audition, l'expert est aussi catégorique concernant "la dangerosité majeure" de l'accusé. Il précise que les traitements médicamenteux s'avèrent inefficaces, et sachant que Gabriel Fortin refuse les soins, "il n'y a chez lui aucune raison d'amélioration."

Pour Me Bertrand Sayn, avocat de la défense, cela ne justifie pas pour autant d'écarter la possibilité d'une réduction de peine. "L'expert évoque une dangerosité après un passage à l'acte, ça parait dans la logique des choses. Mais il faut prendre en compte toutes les mesures susceptibles d'être prises à sa sortie" souligne-t-il, "on a de très nombreuses évaluations et de très nombreux mécanismes juridiques et procéduraux qui doivent permettre de rassurer la cour d'assises."

"On parle d'un homme dangereux"

Les arguments de la défense ne passent pas auprès des parties civiles. Mathieu Caclin, le mari de Géraldine Caclin, assassinée par Gabriel Fortin à Guilherand-Granges, conteste leurs propos. "On parle d'un homme dangereux qui ne s'engage dans aucun processus médical" explique-t-il, "l'expert a été formel : on n'a pas de décompensation chez lui. Il n'y a pas d'espoir". Il n'imagine pas un instant la possibilité de voir Gabriel Fortin sortir de prison. Mathieu Caclin rappelle que la cour d'assises de la Drôme avait bien reconnu l'altération du discernement, mais le verdict était la peine maximale. "La motivation de la cour d'assises de Valence portait sur la gravité des faits, mais aussi sur l'idée qu'il n'allait pas s'engager dans un processus médical" appuie-t-il.

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