Ardèche : plus de 70% de pertes sur les abricotiers, la faute aux trop fortes pluies du début d'année ?

"On ne sait pas trop d'où ça vient. C'est dur", se désole Emmanuel Sapet, arboriculteur à Colombier-le-Vieux dans le Nord-Ardèche. Au milieu de ses 17 hectares d'abricotiers, il constate jusqu'à 70% de pertes. Depuis treize ans qu'il travaille ici, il n'a jamais vu ça. "Est-ce que c'est dû à un trop d'eau ? En tout cas, ça a fait tomber tous les abricots au moment de la nouaison", quand le fruit commence à se former, "d'habitude je fais 250 tonnes d'abricots, là je vais en faire 60. J'espère qu'on va être aidés", détaille-t-il.

Les abricotiers Bergeron touchés

C'est l'ensemble du département qui serait touché, et même les départements voisins de la Drôme et de l'Isère, selon Christel Cesana, la présidente de la FDSEA en Ardèche. "Oui, ça fait une quinzaine de jours qu'on a des remontées. On a été alertés fin mars par les arboriculteurs du sud qui parlaient de grosses pertes, de chutes physiologiques inexplicables", raconte-t-elle. "Pour toute l'Ardèche, pour toutes les variétés des Bergeron, il y a une perte de 80 à 100 % d'abricots", ajoute même la présidente du syndicat. Christel Cesana tente une explication : "Ce sont plusieurs facteurs, je pense. On a eu un été très chaud et très sec qui a fragilisé les arbres. Et après, on a eu un excès d'eau qui a asphyxié les racines pendant la floraison."

Christel Cesana rappelle l'épisode de gel de 2021 qui a fortement touché les exploitations, puis le marché "catastrophique" de l'an dernier. Elle ponctue : "On attendait cette année... c'est très inquiétant."

La préfète de l'Ardèche Sophie Elizéon s'est rendue ce mardi 16 avril sur l'exploitation d'Emmanuel Sapet à Colombier-le-Vieux pour constater les dégâts. "L'enjeu, c'est de pouvoir mesurer l'ampleur de la situation. J'ai compris que c'était l'ensemble du département" pose la préfète. Elle enjoint les arboriculteurs touchés à se signaler rapidement à leurs assureurs. "Pour les exploitants qui ne seraient pas assurés, il faut qu'ils montent leur dossier, pour nous permettre d'avoir un état des lieux et demander des compensations financières, si elles peuvent être accordées" explique-t-elle. Peut-être pour une reconnaissance de calamité agricole ? "Peut-être, si on arrive à identifier le phénomène météo qui serait à l'origine" a répondu la préfète à France Bleu Drôme Ardèche.