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Bernard Minier, l'écrivain toulousain roi du polar : "Si le braille disparaît demain, ça sera dramatique"

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Bernard Minier, le roi du polar qui a grandi chez nous en Occitanie était notre invité ce jeudi matin pour défendre le braille et le CTEB à Toulouse, le plus grand centre de transcription des livres en braille en France.

Bernard Minier dans les studios de France Bleu Occitanie.
Bernard Minier dans les studios de France Bleu Occitanie. © Radio France - Alexandre Vau

Faut-il continuer à sauver le livre papier ? Achetez-vous encore des livres ? C'était le thème de notre quart d'heure toulousain ce jeudi avec un invité de prestige, Bernard Minier. Le roi du polar qui a grandi chez nous en Occitanie, à Montréjeau, était à Toulouse ce mercredi au Centre de Transcription et d'Édition en Braille quartier Borderouge pour défendre cette association dont il est le parrain.

Vous êtes le parrain du CTEB depuis l'année dernière. Racontez-nous déjà comment ça s'est fait ?

Une rencontre, comme souvent dans la vie. Ces gens là sont venus me voir à TPS Toulouse Polar du Sud, le festival polar qui se trouve du côté du Mirail et qui m'ont proposé ce parrainage. J'ai trouvé que ça avait du sens puisque moi je suis écrivain, donc je baigne dans les livres, je vis des livres et je lis beaucoup toute la journée. Et ça me paraît être une cause extrêmement noble et importante. Parce que parce que le braille, c'est l'inclusion de toute une catégorie de gens, c'est leur permettre l'accès à la lecture, l'accès à la lecture pour tous. Et évidemment, pour un écrivain, c'est fondamental.

On parle de près de deux millions de personnes si on compte tous les malvoyants. La production de livres, ce centre aussi à Toulouse, sont aujourd'hui menacés ?

En fait, faute de financements et d'aides, ils pourraient très bien demain disparaître. Parce qu'ils ont des difficultés financières. Parce que faire des livres en braille ça coûte très cher. Et évidemment, on les vend pas au prix de revient, sinon personne ne les achèterait. Le CTEB, chaque fois qu'ils vendent un livre, en fait, ils perdent de l'argent. Donc il leur faut des dons. Et j'appelle d'ailleurs les gens à donner. C'est facile, vous allez sur internet, le site web est présent. Il leur faut aussi des aides, des pouvoirs publics et de ce côté là, ça pêche pas mal. Il faut savoir que le ministère de la Culture, à ce jour, donne 20 000 € par an. Eux, ils ont un trou dans le budget de 300 000 € chaque année. Donc voilà, ils y arrivent pas. Et le danger, c'est que demain il y ait plus de livres et de textes en braille en France qui soient publiés. Et il ne faut pas oublier qu'ils font non seulement des livres, mais ils font aussi les relevés bancaires pour toutes les grandes banques françaises, la signalétique dans les lieux publics et ils font aussi les programmes comme le programme du Festival d'Avignon, ils font plein d'autres choses à côté et tout ça qui pourraient disparaître.

Vous espérez rencontrer la ministre de la Culture, prochainement à Paris ?

Oui, j'espère la rencontrer parce que je suis invité au salon du 7e arrondissement, qu'elle organise. Et j'espère à cette occasion pouvoir lui parler du sujet. Parce que 20 000 € par an, c'est une goutte d'eau dans le budget du ministère, et ce n'est clairement pas suffisant.

Moins de 10% des livres sont édités en braille en France avec des délais qui ne sont pas ceux des livres qui sortent ? C'est un véritable problème ?

Le braille, ça permet d'apprendre non seulement à lire, mais à écrire. Ça apprend l'orthographe, ça apprend à construire une phrase. On sait que la pensée, c'est du langage, s'apprend et ça active tout un tas de zones cognitives. En effet, comme je n'arrête pas de le répéter, c'est comme si on disait à un enfant voyons maintenant qu'il y a des livres audio, t'as plus besoin d'apprendre à lire, à écrire. Ben non, évidemment que non. C'est une question d'inclusion ou d'exclusion si jamais ça venait à disparaître et qu'il n'y a pas d'accès à la culture. Il n'y a pas d'égalité des chances sans égalité d'accès aux livres.

Vous avez sorti votre dernier polar la semaine dernière "Les Effacés", en version papier et braille simultanément. Ça ne se fait quasiment jamais ? Comment avez-vous fait ?

Ils sortent 200 livres par an. Ils sortent des romans, mais aussi des essais. Tous les grands auteurs sont aujourd'hui publiés et transcrits en braille par le CTEB. Beaucoup de livres pour la jeunesse avec des illustrations, des gravures en relief pour que les enfants non seulement lisent le texte, mais aussi les illustrations. Moi comment j'ai fait ? C'est un privilège. Je suis leur parrain (sourires). Ben oui, c'est ça. Il faut savoir que eux, ils ont l'accès libre. Il y a une loi qui oblige les maisons d'édition à donner les fichiers gratuitement pour qu'ils puissent s'en emparer, et ça me paraît très bien. Mais le problème, c'est le financement derrière.

La directrice du CTB disait il faut plus de l'argent de la part de l'Etat, mais peut-être aussi des maisons d'édition. Est ce que votre maison d'édition XO, qui publie votre dernier roman serait prête à jouer si ce n'est pas déjà le cas ?

Alors ils jouent le jeu dans la mesure où ils donnent déjà les fichiers. J'ai mon attachée de presse qui passe pas mal de temps à promouvoir le braille et en parler autour d'elle. Donc on a déjà tout ça qui se met en place. Après pour le reste, on verra. Moi je suis évidemment un donateur aussi dans mon cas. Mais il y a plein de choses à faire, il y a plein de choses à faire petit à petit et j'espère qu'on va y arriver. Parce que si le braille disparaît demain, ça sera absolument dramatique pour toute une génération.

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