Saga de Paris : Suzy Solidor
Une des égéries du Paris Scandale
On l’appelait la madone des matelots, pour ses chansons de marins, androgyne, lesbienne, bi, garçonnes, anar, amie des intellectuels, modèle pour les peintres, Kisling, Picabia Fugita, Bacon, peintres et des intellectuels de l’entre-deux guerre. Suzy Solidor, un nom qui claque comme un coup de cravache sur les plus beaux culs de Paris.
Le Tout Paris des années folles qui ne pensent qu’à faire la fête, tourner la page de la grande guerre, en rupture et rejet des conventions sociales. Suzy Solidor dans son cabaret "La vie parisienne”, quai Voltaire est une des égéries du Paris Scandale.
“La boite de nuit" est la grande nouveauté mondaine du Paris des années 20. Suzy Solidor s’installe dans plusieurs endroits de la capitale, rue de Montpensier, rue Balzac, rue Saint Anne. Elle lance Charles Trénet, et ne s’entoure que de chanteurs et chanteuses homosexuelles.
Dans son spectacle, comme une sirène enroulée dans un filet de pêche, Solidor enchaîne chansons et poésies, celles de son ami Jean Cocteau qui dira de la voix de Suzy qu’elle part de la profondeur de son sexe. La figure légendaire de l’aéropostale, Jean Mermoz, tombe fou amoureux de l’icône des nuits parisiennes. "Mermoz est arrivé dans ma vie comme un avion" dira-elle.
Les années folles se fracassent au krach boursier de 1929. Paris ne sera plus jamais Paris, mais la capitale n’a pas encore vécu le pire, l’occupation dès 1940. Il y a ceux qui fuit, il y a les résistants, les collabos et puis il les entre-deux, les libertaires comme Arletty et Suzy Solidor qui accueillent avec sympathie les officiers allemands, ajoutant même à son tour de chant la version français de Lily Marleen, ce qui luis vaudra un blame du comité d’épuration et une interdiction de chanter dans son cabaret après la libération durant 5 ans.
1983, Suzy Solidor s’éteint à l’âge de 83 ans à Cagnes sur Mer, loin, très loin du chic parisien des années folles.