Fêtes de Bayonne : attention à la stigmatisation des "gens de l'extérieur" alerte l'opposition municipale

C'est un débat que la majorité municipale de Bayonne n'avait pas vu venir. Celui d'une communication qui culpabilise les "gens de l'extérieur". Ce jeudi 28 mars, à l'occasion d'une délibération anodine autour des "fêtes traditionnelles", l'opposition a saisi la balle au bond pour critiquer les mesures prises ou envisagées par la mairie pour juguler la trop forte affluence lors des évènements festifs que sont la Foire au Jambon (4 au 7 avril) et les Fêtes de Bayonne (10 au 14 juillet). L'afflux de visiteurs en trop grand nombre, qui a atteint son paroxysme en 2023, pose à la fois des problèmes de sécurité et de sauvegarde des traditions noyées dans des flots d'alcool. Mais attention à ne pas stigmatiser les visiteurs, un réflexe de plus en plus courant, alerte une élue.

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"Ceux de l’extérieur qui n’ont pas les codes"

Juliette Brocard, membre du groupe d'opposition Bayonne Ville Ouverte (BVO), a en effet redondi sur les propos tenus dans la semaine par l'adjoint à la Culture. Lors de la conférence de presse de présentation de la Foire au Jambon qui est décalée d'une semaine cette année pour ne pas coïncider avec le week-end de Pâques, Yves Ugalde a expliqué : "nous souhaitons écarter le public qui pose problème après 20 heures, ceux de l’extérieur qui n’ont pas les codes et ne font pas la différence entre la java et le fandango. Pour la java, il y a les bords de Marne". L'élu entendait faire un trait d'humour en critiquant au passage la communication d'un établissement bayonnais qui appelle les visiteurs à venir "faire la java" à l'occasion de la Foire. Mais ses propos ont choqué certains.

Pour Juliette Brocard, quand on a un problème, "on a tendance à accuser l'autre". Dans le cas des évènements festifs à Bayonne, c'est la stigmatisation des "gens qui viennent de l'extérieur", que l'on aurait tendance à rendre responsables des problèmes. Une petit musique "qu'on entend régulièrement", ajoute-t-elle, regard tourné vers l'extrême-droite. Certes, elle reconnait que son collègue de la majorité n'avait pas cette intention, mais elle met en garde les élus sur leurs responsabilités dans le choix des mots qui peuvent encourager "le repli sur soi, la montée du communautarisme, le refus de l'autre. On exclut et on n'a jamais de paroles apaisantes, de paroles où on parle de ce qui nous rassemble."

Yves Ugalde, qui avait également déclaré lors de cette conférence de presse que "tout le monde est le bienvenu à Bayonne", nie toute volonté de stigmatiser et estime qu'on interprète ses propos et qu'on lui fait dire ce qu'il n'a pas voulu dire. "Bayonne a toujours été une ville de confluence et de passage", défend également Martine Bisauta, qui estime que l'on fait un faux procès à la majorité municipale.

Foire au Jambon déplacée d'une semaine, "c'est stupide"

Une majorité surtout coupable d'une "surcommunication", estime de son côté Mixel Esteban, lui aussi membre de l'opposition. "Bayonne est victime de la politique de tourisme qu'elle mène depuis ces dernières années", estime l'élu écologiste qui aurait aimé que la mairie prenne le temps de la réflexion face aux enjeux sécuritaires notamment des Fêtes de Bayonne : "il aurait été judicieux cette année de profiter de la période des Jeux Olympiques pour faire une pause", selon lui. Il estime qu'avancer la cérémonie d'ouverture de quelques heures, comme l'a annoncé le maire Jean-René Etchegaray sur France Bleu Pays Basque, et déplacer la fête foraine sont des mesurettes, "ce sont des bouts de solution qui vont dans le bon sens, mais qui sont très loin d'être suffisantes."

Jean-Marc Abadie, membre de Bihar Baiona - Demain Bayonne, le 3e groupe d'opposition, estime lui aussi que la mairie se contente de peu. En particulier en ce qui concerne la Foire au Jambon. Pour lui, "c'est stupide" de croire que déplacer la date d'une semaine "va faire en sorte qu'il y ait moins d'affluence et que les gens se réapproprient cette fête comme étant une foire avant tout et pas les Fêtes de Bayonne." Son groupe plaide pour un évènement en milieu de semaine, du mardi au vendredi ou du mercredi au samedi. Il souhaite également voir déplacer le périmètre officiel des exposants de l'hypercentre - la place Roland-Barthes, à l'entrée du Petit Bayonne - vers les allées Paulmy, un peu plus à l'écart des bars.

Les bilans de la Foire au Jambon et des Fêtes de Bayonne cette année seront donc surveillés avec une grande attention par les uns, comme par les autres.