Lutter contre le renoncement aux soins : les hôpitaux de l'ex Midi-Pyrénées renforcent leur coopération

L'accès aux soins est toujours aussi inégal en France. Une nouvelle étude commandée par l'association des maires ruraux de France le révèle assez clairement. Un des principaux enseignements à retenir notamment : Les habitants des zones rurales ont moins recours aux soins hospitaliers que les habitants des zones urbaines. 16% en moins, en moyenne.

Tendance au renoncement aux soins

Pas de hasard dans cette statistique selon les auteurs de l'étude, c'est bien le déficit d'offre de santé de proximité qui conduit les usagers à ne pas "oser" le déplacement pour se faire soigner. C'est une vraie tendance de "renoncement aux soins" qui inquiète les professionnels de santé "on le voit, explique Didier Jaffre, directeur de l'ARS (Agence régionale de Santé) Occitanie, dans les prises en charge de certaines maladies, qui se font de plus en plus tard. Des dépistages qui auraient pu être faits bien plus tôt".

Les grands hôpitaux sont pourtant conscients de ce fossé qui se creuse d'année en année, et pour tenter d'y répondre, les hôpitaux de l'ouest de la région Occitanie viennent de lancer une vaste coopération. Une association, structure souple, dont le lancement a été formalisé ce vendredi 10 novembre à Toulouse, au CHU, à l'unanimité de toutes les directions d'établissements de santé du territoire de l'ouest-Occitanie (en gros l'ex-région Midi-Pyrénées).

"H2O" comme "Hôpitaux d'Occitanie Ouest"

L'organisation s'intitule "H2O" pour "Hôpitaux publics d'Occitanie Ouest" et son but est de permettre, par exemple, aux médecins des grandes villes de faire des roulements dans les plus petits hôpitaux avec, souvent, le CHU de Toulouse comme point central. Mais les collaborations peuvent se faire dans toutes les directions, et l'intérêt principal est de réfléchir non plus établissement par établissement, mais bien par territoire.

L'exemple des urgences d'Auch

Autre avantage : les professionnels toulousains qui, par exemple, participent régulièrement à la prise en charge des urgences au centre hospitalier d'Auch s'inscrivent dans un projet à long terme. Fini les intérims à outrance où les remplaçants venaient, repartaient, souvent à grand frais, et sans participation au projet médical, sans réel "engagement professionnel" à écrire ensemble un projet médical entre médecins et personnels soignants.

"Ils travaillent sur des organisations médico-soignantes, ça les intérimaires ne le faisaient pas"

Sylvie Lacarrière, est la directrice de l'hôpital d'Auch : "On a créé cette équipe territoriale des urgences avec la participation d'urgentistes du CHU de Toulouse. 70 urgentistes interviennent au centre hospitalier d'Auch pour combler l'équipe d'Auch. Ils interviennent sur tous les postes, dont les urgences, le SMUR et la régulation. Ils interviennent en journée, en nuit, en semaine et en week-end. Et ce qu'on attendait d'eux, c'est qu'ils travaillent sur des organisations médico-soignantes des urgences. Médecins et soignants travaillent ensemble et travaillent sur des projets et sur une bonne prise en charge des patients, ce qui nécessite de rédiger des procédures, des protocoles. Ça, les intérimaires ne le faisaient pas. Ils n'avaient pas l'envie de s'investir dans le service."

50 hôpitaux en coopération

De Cahors à Foix, de Tarbes à Rodez, de Carcassonne à Auch : 50 centres hospitaliers d'Occitanie Ouest ont décidé de travailler ensemble, avec une même philosophie : demander aux médecins de s'inscrire dans une réflexion collective, à l'échelle du territoire. Appartenir à deux équipes, Jean-François Lefebvre, le directeur du CHU de Toulouse en confirme l'intérêt : "Nos médecins, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent avoir des conditions d'exercice sécurisé en équipe. Le CHU de Toulouse s'est fait employeur, pas pour envoyer le dernier médecin recruté à Auch, mais pour que toute l'équipe des urgentistes travaillent tous ensemble. C'est ainsi 70 médecins qui travaillent désormais sur les deux sites". Mutualiser les moyens, notamment les moyens humains. Pour maintenir l'offre de santé de proximité.

Et c'est encourageant, deux exemples le démontrent, parmi d'autres : Auch a retrouvé de quoi faire tourner ses urgences, Cahors a retrouvé l'équivalent de 3,5 postes en cardiologie contre 1,5 avant.