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Les hôpitaux bretons en manque de bras : "Ça commence à être compliqué"

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Du personnel en arrêt, des difficultés de recrutement, la situation se tend jour après jour dans les hôpitaux bretons. Conséquences : des conditions de travail difficiles avec des soignants souvent rappelés sur leurs jours de repos. Certains services sont également menacés.

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Hôpital © Radio France - Aurélie Lagain

On en parle depuis plusieurs semaines maintenant, les hôpitaux bretons manquent de bras. Les soignants qui se mettent en arrêt sont difficilement remplacés et certains services fonctionnent en flux tendus. Conséquences : des conditions de travail difficiles avec des soignants souvent rappelés sur leurs jours de repos. Yann est aide-soignant dans un hôpital breton, il fait partie du pôle de remplacement : "En cinq jours, on a changé quatre fois mes services d'affectation et mes horaires. Les arrêts n'arrêtent pas de tomber et je navigue partout. Je dirais qu'on essaye de boucher les trous comme on peut", témoigne le jeune homme. Plusieurs services fonctionnent "assez fréquemment" en sous-effectif. "Ça commence à être compliqué, sachant que l'hiver n'a pas vraiment commencé", s'inquiète le soignant.

Un appel sur les réseaux sociaux

Alors certains prennent le problème en main. C'est le cas du collectif InterUrgences de Bretagne. Il a diffusé un message sur le réseau social Facebook pour inciter les gens à postuler dans les hôpitaux. Yann est membre du collectif : "_La page Facebook est suivie par un peu plus de 2.000 personnes, alors on s'est dit que ça pouvait inciter les gens à postuler. On veut aussi leur dire de ne pas hésiter à envoyer des candidatures spontanée_s", explique le soignant. Pour le moment, ils ont reçu une dizaine de CV qu'ils ont transférés aux directions des établissements concernés. 

Auprès de la direction et du personnel, le message est clair : l'hôpital public manque de bras. - Yann, aide-soignant

Évidemment Yann précise qu'ils n'ont aucun impact sur le recrutement mais ils servent de "relais". Une solution pour se sentir utile, explique l'aide-soignant : "Le discours qui revient c'est qu'ils n'arrivent pas à recruter mais on ne sait pas à quoi c'est dû. Est-ce un manque de budget, est-ce que les candidats ne correspondent pas aux profils recherchés ou bien est-ce qu'il n'y a pas de CV sur la table ?", s'interroge Yann. 

La psychiatrie en difficulté

L'établissement public de santé mentale de Saint-Avé, près de Vannes dans le Morbihan, va devoir fermer des lits, faute de praticiens et face aux difficultés de recrutement du personnel paramédical. La direction précise que ce sont une quarantaine de lits qui sont concernés, sur plus de 300 en activité ; ça représente environ 13% de la capacité du site.

Pascal Benard est le directeur de l'Établissement Public de Santé Mentale du Morbihan (EPSM) : "C'est une situation inédite. Je n'ai jamais connu de telle pénurie de professionnels", déclare le directeur. Il détaille : "Il nous manquera 15 médecins début janvier 2022. Ça concerne des psychiatres, des pédopsychiatres ou des addictologues. Par exemple sur les quatre addictologues qui exercent aujourd'hui, trois vont partir. Actuellement, il nous faudrait une trentaine d'infirmiers ou aides soignants supplémentaires". En tout, ce sont 1.300 salariés qui travaillent dans l'établissement. Parmi eux, 50 médecins ; il en manquera donc 30% d'ici quelques semaines.

Le directeur poursuit : "Il y avait deux possibilités : soit essayer de prendre les brides ou alors risquer de voir un délitement progressif de la sécurité des soins. On a donc proposé des mesures pour resserrer le nombre de lits. Il ne s'agit pas de mesure d'économie ou une restructuration cachée mais c'est tout simplement pour récupérer des effectifs." Pascal Benard se dit très ému de la situation : "On est confronté à une difficulté sans précédent : on souhaite recruter mais ce sont les candidats qui nous manquent", confie le directeur qui exerce depuis plus de 20 ans.

Des services entiers menacés 

Cette situation menace des services entiers. Par exemple à Carhaix en Centre-Bretagne, la direction du CHRU de Brest recherchait activement des anesthésistes pour travailler les 24 et 25 décembre. Si personne ne répondait à l'appel, les patients de maternité et de chirurgie auraient dû être transférés vers d’autres hôpitaux. Mais l'hôpital a finalement trouvé des volontaires, in extremis.

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