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Exposition des enfants aux écrans : que disent les scientifiques ?

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Le rapport d'experts sur les écrans va être remis à Emmanuel Macron ce mardi. Il préconise notamment d'interdire l'usage des écrans aux enfants de moins de trois ans. Mais que disent les scientifiques sur le sujet ? France Bleu fait le point.

Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse mardi soir, a annoncé vouloir "reprendre le contrôle de nos écrans" Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse mardi soir, a annoncé vouloir "reprendre le contrôle de nos écrans"
Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse mardi soir, a annoncé vouloir "reprendre le contrôle de nos écrans" © Getty - Catherine Falls Commercial

Des bambins collés devant la télé ou qui scrutent la tablette tactile : Emmanuel Macron va recevoir officiellement ce mardi les conclusions d'une commission d'experts sur "l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans" afin d'en réguler l'usage.

Lors de sa conférence de presse en janvier, le chef de l'État avait déjà annoncé vouloir réguler plus largement l'utilisation des écrans pour nos enfants. Il n'avait pas exclu qu'il y ait "des interdictions" et des "restrictions" dans l'usage des écrans par les enfants, mais attendait le rapport final de ce groupe d'experts composé des "meilleurs scientifiques", épidémiologistes, cliniciens ou encore sociologues. Deux députés Les Républicains, Annie Genevard et Antoine Vermorel-Marques avaient aussi déposé début avril une proposition de loi pour réguler l'usage des écrans. Y a-t-il consensus sur l'exposition des enfants aux écrans ? Voici ce que disent les scientifiques sur le sujet.

Des études prudentes

Devant la presse, le président de la République avait dit souhaiter un consensus scientifique sur l'impact des écrans sur les enfants, alors que les petits de deux ans passent près d'une heure par jour devant un écran, selon une étude de Santé publique France publiée en avril 2023. Emmanuel Macron a demandé que ces professionnels "puissent nous dire : avant tel âge, ça n'est pas raisonnable de mettre un écran devant un enfant". Ce sujet "est très important pour la solidité de nos démocraties parce que si on a des adolescents et des futurs citoyens dont le rapport à la vérité a été mal bâti, en tout cas construit sur des réseaux sociaux où la différence entre la vérité et la contre-vérité n'était pas claire, bonjour la génération des complotistes", avait justifié le locataire de l'Élysée.

L’exposition des enfants aux écrans a en effet déjà fait l'objet de nombreuses études, dont les conclusions se révèlent souvent prudentes. Selon une étude de l'Inserm publiée en septembre 2023, ce n'est pas tant la présence d'écrans qui influence le développement de l'enfant, que le moment, et la manière dont celui-ci les regarde. Jonathan Bernard, qui devra évaluer les effets des écrans sur leur santé pour Emmanuel Macron, a récemment sorti une étude qui montre que le nombre d'heures passé devant une télévision ne détermine pas la capacité d'un enfant à réaliser un dessin de bonhomme. C'est en fait le contexte social qui joue : "Oui, il existe une différence de capacités graphiques selon leur niveau d'écran, mais cette différence est due aux facteurs socio-culturels et socio-économiques de la famille", avait expliqué le scientifique de l'Inserm dans l'émission Bonjour Docteur sur France Bleu.

Pour Sabine Duflo, psychologue clinicienne et membre de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique),"il y a quand même un consensus pour dire qu'avant deux ans, il n'y a aucun intérêt et même des effets négatifs à mettre un enfant, un petit enfant, devant un écran". Invitée de franceinfo, cette professionnelle précise : "Après deux ans, il peut y avoir quelques petits bénéfices sur des temps extrêmement courts, avec un contenu très choisi et un parent à côté de l'enfant, ce qui, dans la vie réelle, n'arrive quasiment jamais puisque la plupart des parents utilisent les écrans pour occuper les enfants et se libérer du temps". Et de souligner : "un temps excessif a des effets (il y a énormément de littérature là-dessus) sur des compétences essentielles comme le langage, l'attention et un domaine aussi important que le sommeil."

Des préconisations désormais cadrées par un rapport d'experts

Les scientifiques du groupe d'experts avaient pour mission de détailler une doctrine de régulation adaptée aussi bien aux enfants qu'aux parents et proposer à Emmanuel Macron des outils adaptés pour tous les publics : la famille, le milieu scolaire et les professionnels de santé. Le locataire de l'Élysée souhaitait un consensus posé et partagé face aux études prudentes. "On a laissé beaucoup de familles sans mode d'emploi", a déploré le chef de l'État qui n'entend pas culpabiliser les parents. Sans donner plus de détails, il n'avait pas exclu qu'il y ait "des interdictions" et des "restrictions". Le Président avait surtout pour objectif de donner les clés pour apprendre à mieux les utiliser. Devant les experts de cette nouvelle commission, Emmanuel Macron a notamment émis l'idée de s'inspirer des jeux vidéos qui utilisent le classement PEGI pour indiquer l'âge minimum requis pour y jouer.

Le rapport qui va être remis au chef de l'État ce mardi prend le chemin demandé par Emmanuel Macron. Il vise à guider les parents et non à imposer des contraintes par la loi. La commission préconise d'interdire l'usage des écrans aux enfants de moins de trois ans et de téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l'accès les années suivantes pour les adolescents.

Cette commission devra maintenant évaluer les dispositifs mis en place depuis 2017 comme l'interdiction du portable au collège ou encore l'obligation d'installer un dispositif de contrôle parental sur les terminaux (smartphones, ordinateurs, télévisions et consoles de jeu) mis sur le marché français. Ce dernier dispositif doit être activé en juillet.

Des recommandations existaient déjà

Toutefois, des préconisations avaient déjà été émises pour aider les parents à préserver leurs enfants des tablettes, smartphones et autres écrans au sein des foyers, notamment par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou le Haut Conseil de la santé publique. Ce dernier recommandait déjà de proscrire les écrans avant trois ans "si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies" et de pas installer "d’écran dans la chambre des enfants et ne pas les laisser regarder la télévision une heure avant l’endormissement". En clair, pas de dessin animé ou de tablette, seul, sans aucune interaction et dans le seul but de distraire.

La psychologue Sabine Duflo avait également plaidé pour "faire de la prévention et responsabiliser les parents" car "les enfants ont des temps d'écran de plus en plus longs, souvent même la nuit, évidemment à l'insu des parents, ce qui a un impact ensuite sur les apprentissages". Le Haut Conseil préconisait d'ailleurs de ne pas installer d'écran dans la chambre des enfants plus âgés, ni de les laisser regarder la télé une heure et demi avant d'aller se coucher. Mais la régulation des écrans est "très compliquée dans la sphère privée", avait renchéri auprès de l'AFP Justine Atlan, directrice générale de l'association e-Enfance.

Serge Tisseron, membre du Conseil national du numérique, s'était dit lui pour une "politique de la ville" qui proposerait des activités alternatives aux écrans pour les jeunes isssus de milieux modestes. "Les classes favorisées gèrent mieux les écrans, car elles peuvent proposer des alternatives", a-t-il ajouté auprès de l'AFP.

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