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Écrans : pas de téléphone avant 11 ans, ni de réseaux sociaux avant 15 ans, ce que préconise le rapport de la commission

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Un rapport d'experts, remis ce mardi à Emmanuel Macron, préconise d'interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans et les téléphones portables avant 11 ans, en limitant strictement l'accès aux réseaux sociaux pour les adolescents.

La commission d'experts alerte sur les conséquences pour la santé des enfants, "leur développement et leur avenir" (photo d'illustration). La commission d'experts alerte sur les conséquences pour la santé des enfants, "leur développement et leur avenir" (photo d'illustration).
La commission d'experts alerte sur les conséquences pour la santé des enfants, "leur développement et leur avenir" (photo d'illustration). © AFP - Mathieu Thomasset

C'est le fruit de trois mois de travail, depuis la création le 16 janvier d'une commission d'experts sur le sujet. Un rapport d'une centaine de pages, remis ce mardi à Emmanuel Macron au sujet de l'usage des écrans chez les plus jeunes, alerte sur leurs "effets négatifs, directs et indirects". Les dix experts de la commission dépeignent notamment les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante".

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Si les experts estiment que "les écrans ne sont pas à l'origine de troubles du neurodéveloppement", ils appellent à la "vigilance" pour "éviter l'amplification de symptômes". Pour "reprendre le contrôle", les experts préconisent d'empêcher tout usage des écrans par des enfants de moins de trois ans, en ouvrant ensuite, entre trois et six ans, un accès "fortement limité", "avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte".

Encadrement de l'usage à l'école

Dans ce rapport, la commission d'experts demande de "limiter autant que possible" l'usage des téléphones portables et des téléviseurs dans les maternités. La commission voudrait voir interdire les ordinateurs et téléviseurs dans les crèches et les classes maternelles, et déconseille l'équipement individuel en école élémentaire. Elle appelle à des "actions renforcées" auprès des assistantes maternelles et à une formation des enseignants souhaitant utiliser des outils numériques à vocation pédagogique, avec un encadrement de leur déploiement.

Sur France Inter ce mardi matin, la ministre de l'Éducation a tenu à faire la distinction avec les "réseaux sociaux du numérique pédagogique" qui est "un outil numérique accompagné". Nicole Belloubet estime que "ce n'est pas quelque chose qui doit être rejeté".

Le rapport se penche également sur l'impact de l'usage des écrans par les adultes en présence des enfants"Un parent qui est en train de jouer avec son enfant et qui regarde son téléphone, ou qui est en permanence interrompu, cela perturbe la mise en place de la relation parent-enfant, et peut avoir un retentissement sur le développement socio-émotionnel de l'enfant", a déclaré Servane Mouton, neurologue et co-présidente de la commission, devant la presse à l'Élysée.

Pas de réseaux sociaux avant 15 ans

"Remettons l'outil numérique à sa place : jusqu'à au moins six ans, l'enfant n'a pas besoin d'écran pour se développer" a insisté Servane Mouton. "Il faut réapprendre aux parents à jouer avec leurs enfants", a-t-elle ajouté. "L'enfant a besoin d'interaction, d'être à l'extérieur, de jouer avec ses pairs, de chanter, danser, courir. Il ne faut pas que l'écran écrase ces besoins-là".

La commission préconise aussi de n'autoriser le téléphone portable qu'à partir de 11 ans, via un téléphone sans internet jusqu'à 13 ans. À partir de cet âge-là, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques" comme Mastodon ou Bluesky.

Sur France Inter, Nicole Belloubet à demander à "éviter à tout prix la circulation des téléphones portables au collège". Elle souhaite que "les portables puissent être déposés à l'entrée et qu'ils ne circulent pas dans les collèges."

Des applications "addictogènes"

Mais avant même le rôle des parents et des professionnels de l'éducation, les auteurs du rapport insistent sur l'importance de celui joué par les industriels qui "développent des produits avec des composantes addictogènes". Ce sont "eux les premiers responsables, ils jouent sur la captation de l'attention, ce qui conduit à des usages inappropriés et excessifs", souligne Servane Mouton.

La commission dénonce ainsi "les stratégies de captation de l'attention des enfants" et appelle à lutter contre les "services prédateurs" des acteurs économiques, comme le "fil de déroulement infini" ou le "lancement automatique de vidéos". Elle souhaite qu'ils permettent aux utilisateurs de mieux paramétrer les fonctionnalités des applications et le contrôle parental.

Les réseaux sociaux, facteurs de risque de dépression

"Il s'est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment "sur le sommeil, la sédentarité - qui favorise l'obésité - ou encore la myopie", est-il écrit dans le rapport. Les réseaux sociaux représentent notamment un "facteur de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante". Par ailleurs, "le niveau d'exposition des enfants" à des contenus pornographiques et violents "apparaît alarmant".

Les experts reconnaissent toutefois les limites de leurs préconisations, dont certaines relèvent du champ européen ou encore de la sphère privée. "Légiférer dans l'espace privé, c'est compliqué, on ne va pas rentrer dans les familles et interdire", relève le psychiatre addictologue Amine Benyamina, co-président de la commission. Mais le rapport se veut avant tout "un guide" qui "pourra être utilisé dans les maisons et dans les espaces communs".

Les adolescents passent 3 heures par jour sur les écrans

D'après une enquête Ipsos pour le Centre national du livre, les jeunes de 7 à 19 ans passent en moyenne plus de trois heures par jour sur les écrans. Lors d'un discours sur l'Europe jeudi à la Sorbonne, Emmanuel Macron a plaidé pour un "contrôle parental" de l'accès aux réseaux sociaux dans les pays européens pour les adolescents de moins de 15 ans.

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