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VIDÉOS - Élections 2022 : panel, méthodologie, marge d'erreur... Comment sont fabriqués les sondages ?

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  • France Bleu

À une semaine de l'élection présidentielle, les enquêtes d'intentions de vote sont scrutées de près par les prétendants à l'Élysée et les commentateurs. Comment sont fabriqués les sondages ? Comment les lire ? France Bleu fait le point avec Mathieu Gallard, directeur d'études chez IPSOS.

Bureau de vote de la ville de Nice (Alpes-Maritimes) (illustration). Bureau de vote de la ville de Nice (Alpes-Maritimes) (illustration).
Bureau de vote de la ville de Nice (Alpes-Maritimes) (illustration). © AFP - ARIE BOTBOL / Hans Lucas

À une semaine de l'élection présidentielle, les enquêtes d'opinion fleurissent dans les médias et s'invitent dans les débats. Souvent critiqués, les sondages sont de plus en plus utilisés par les partis politiques notamment. En 1995, 157 enquêtes d'opinion avaient été réalisées dans le cadre de l'élection présidentielle. Il y en a eu 193 en 2002, 293 en 2007, 409 en 2012 et 560 lors du dernier scrutin présidentiel, en 2017, selon la Commission des sondages. Un record. Comment sont réalisés les sondages ? Comment les interpréter ? Qui contrôle le travail des sondeurs ? France Bleu fait le point avec Mathieu Gallard, directeur d'études chez IPSOS.

Comment sont réalisés les sondages ?

Les sondages électoraux sont encadrés par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et à la diffusion de certains sondages d’opinion. Selon sa définition légale un sondage est, "quelle que soit sa dénomination, une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d’une population par l’interrogation d’un échantillon". Ils n'ont pas vocation à prédire l'avenir "mais juste à éclairer l'état de l'opinion publique, le rapport de force électoral, les intentions de vote, mais aussi en termes de préoccupations des Français à un instant donné", a défendu Jérôme Fourquet, politologue et directeur du département "Opinion" à l'Ifop, le 11 novembre sur franceinfo, alors que les instituts de sondage sont l'objet de critiques sur la pertinence de leurs enquêtes en période électorale.

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Les sondages peuvent être commandés par des médias, des think-tank mais aussi des partis ou des élus soucieux de prendre le pouls de l'opinion sur certaines mesures, leur image ou encore des slogans de campagne. Mais ces enquêtes d'opinion ne représentent qu'environ 10% du chiffre d'affaires d'IPSOS, et un quart de celui de l'Ifop. Les premiers clients des instituts de sondages, dont le métier est de vendre leurs études de marchés, sont des entreprises privées

Comment les personnes interrogées sont-elles choisies ?

Un sondage doit être représentatif de la population française. Pour y parvenir, IPSOS a constitué un panel de plus de 300.000 personnes, qui recense l'ensemble des catégories de la population, en se basant sur les données de l'Insee (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, géographie, type d'habitat...). Les répondants doivent "représenter une France en miniature", explique Mathieu Gallard.

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Les sondés sont-ils rémunérés ?

"Les personnes interrogées reçoivent une gratification en forme de bons cadeaux qui sont d'une valeur extrêmement limitée (...) équivalente à quelques dizaines de centimes d'euros", précise Mathieu Gallard. 

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Comment sont interprétés les résultats ?

Une fois les résultats établis, les instituts de sondages les mettent en perspective avec ceux des enquêtes précédentes pour dégager des tendances. 

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Les sondages étant essentiellement réalisés sur Internet, comment s'assurer que les résultats ne sont pas faussés ?

Depuis les années 2000, les questionnaires en ligne ont massivement remplacé les enquêtes téléphoniques. Une évolution qui s'est notamment traduite par une meilleure estimation du vote RN, les sondés étant moins réticents à partager leurs opinions sur Internet qu'avec un enquêteur. Mais pour limiter les erreurs et s'assurer que l'échantillon est bien représentatif en termes politiques, les sondeurs procèdent à des "redressements politiques". Une pratique discutée, "qui suscite beaucoup de fantasmes" reconnaît Mathieu Gallard. "En réalité, c'est assez simple : même si l'échantillon est représentatif en termes d'âge, de sexe, de géographie etc. il peut ne pas l'être en termes politiques, c'est à dire qu'il peut y avoir davantage d'électeurs de gauche que de droite dans notre panel" explique le directeur d'études. "Pour remédier à cela, on demande aux personnes qu'on interviewe pour qui elles ont voté lors de la précédente élection." L'objectif est de corriger les résultats, en tentant de faire davantage ressembler le panel à la population. 

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Est-ce possible d'éviter les biais lors de la formulation des questions ?

C'est aux sondeurs de formuler les questions qui sont ensuite validées par le commanditaire. Comment éviter des formulations susceptibles de biaiser les résultats ? Les instituts peuvent "refuser de réaliser certaines enquêtes", assure Mathieu Gallard, directeur d'études chez IPSOS. 

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C'est quoi la marge d'erreur ?

La loi du 29 mars 2021 portant diverses mesures relatives à l'élection du président de la République, a étendu l'obligation de la mention des marges d'erreur à toute publication (initiale ou reprise) d'un sondage.

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Comment mesurer l'abstention ?

Considéré comme "l'angle mort" des sondages, l'abstention reste difficile à mesurer, en témoignent les dernières élections régionales. "C'est un comportement toujours perçu comme incivique et qui est donc un peu plus difficile à avouer", reconnaît Mathieu Gallard, "mais nous avons des méthodes pour faire face à ce biais : on demande aux personnes interrogées de se positionner sur une échelle de 0 à 10, 0 signifiant qu'ils sont absolument certains de ne pas aller voter, 10, qu'ils sont absolument certains d'aller voter". Les résultats sont aussi affinés grâce à des questions supplémentaires "par exemple sur l'intérêt des gens pour la campagne, pour ces élections en général."

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Comment le travail des instituts de sondage est-il contrôlé ?

Les instituts de sondages sont contrôlés depuis 1977 par la Commission des sondages. Elle vérifie tous les sondages publiés dans les médias, écartant ceux commandés par des partis ou des élus à des fins internes. Son contrôle s'exerce a priori et porte sur la méthode employée pour réaliser l’enquête d’opinion. La Commission des sondages examine une demi-douzaine de critères : la liste des indications obligatoires ; l’objet du sondage ; la méthode selon laquelle les personnes interrogées ont été choisies, le choix et la composition de l’échantillon ; les conditions dans lesquelles il a été procédé aux interrogations ; la proportion des personnes n’ayant pas répondu à l’ensemble du sondage et à chacune des questions ; s’il y a lieu, la nature et la valeur de la gratification perçue par les personnes interrogées ; s’il y a lieu, les critères de redressement des résultats bruts du sondage.

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Très peu d'enquêtes d'opinion sont retoquées par la Commission des sondages. Si un expert décèle un problème, un collège constitué "de magistrats, des professionnels de l'université et des spécialistes de la statistique va se réunir pour débattre du problème soulevé" précise Stéphane Hoynck, secrétaire général de la Commission des sondages, à l'AFP_._ En cas de non respect des critères, la commission demande un "correctif à l'organe de presse qui a publié le sondage avec la mise au point de la Commission lors d'une prochaine édition". 

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