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Décrit comme "dragouilleur", un surveillant pénitentiaire de Nantes condamné pour agressions sexuelles sur des collègues

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Un surveillant du centre de détention de Nantes a été condamné à 18 mois de prison avec sursis ce jeudi pour agression et tentative d'agression sexuelle sur trois de ses collègues entre 2018 et 2023. Lui nie les faits reprochés, mais admet que son "tempérament de dragueur" est d'un autre temps.

Un surveillant pénitentiaire était jugé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Nantes pour des agressions sexuelles sur deux collègues. Un surveillant pénitentiaire était jugé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Nantes pour des agressions sexuelles sur deux collègues.
Un surveillant pénitentiaire était jugé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Nantes pour des agressions sexuelles sur deux collègues. © Radio France - Anne Bertrand

"Dans un premier temps, j'avais du mal à comprendre ce qui m'arrivait". C'est l'histoire d'un homme, quinquagénaire, connu au travail pour son humour "clownesque". Pour faire rire, il met un mouchoir en tissu dans la partie haute de son pantalon pour faire croire à un sexe "hors norme". "C'était d'un autre temps. Peut-être que j'en ai pris tardivement conscience, mais j'en ai pris conscience", déclare le prévenu. Décrit comme "dragouilleur", il est surnommé Brad par ses collègues de l'administration pénitentiaire, où il travaille depuis 30 ans.

"Je m'excuse si c'étaient des gestes déplacés, mais il aurait fallu me le dire"

Cheveux poivre et sel, lunettes et chaîne en or, l'homme à la barre nie en revanche toute agression sexuelle et s'estime "sali à vie". L'une de ses collègues explique qu'elle cherchait par tous les moyens à l'éviter : "À chaque fois, il me posait la main sur la fesse et m’embrassait à moitié sur la bouche." Elle n'osait rien dire. "Je m’excuse si c’étaient des gestes déplacés, mais il aurait fallu me le dire", se défend le prévenu. *"*C’est comme ça qu’on fait la bise ?", rétorque la présidente du tribunal.

Une autre femme se souvient des mains aux seins, au point qu'elle mettait un foulard sur son décolleté en la présence de son collègue. Elle s'est décidée à porter plainte en juillet 2023 quand il a saisi sa main et l'a posée sur son sexe en érection. Lui se souvient seulement de lui avoir pris la main un jour où elle s'était mise à pleurer lors d'un problème au bureau.

La troisième victime raconte, elle, qu'il a tenté de l'embrasser sur la bouche. Elle le repousse brusquement : "Qui ne tente rien n'a rien", lui répond-il. Aujourd'hui, il dit : "J'ai pensé qu'il y avait un truc, je m'en excuse". À ce moment-là, sa femme, présente à l'audience, quitte précipitamment la salle.

18 mois de prison avec sursis comme demandé par la procureure

Le surveillant pénitentiaire a reçu des attestations de moralité de onze de ses collègues. Une femme parle de son "humour potache, grivois, mais qui jamais ne dépasse les bornes". L'une des plaignantes est aussi accusée "de ne pas être la dernière à parler de sexe" et de porter son alarme portative individuelle au niveau de la poitrine.

La présidente ne semble pas convaincue par ces témoignages. "Vous surveillez des détenus qui sont condamnés pour agressions sexuelles. Quand on travaille au ministère de la Justice, on sait où est la limite*"*, assène-t-elle au prévenu. Elle avance aussi que la direction pénitentiaire n'a pas eu "la réaction qu'il aurait fallu avoir". Quand les agentes ont dénoncé ces faits d'agression sexuelle, la directrice s'est focalisée sur la procédure administrative à l'encontre du surveillant et n'a pas alerté le procureur de la République.

Dans son réquisitoire, le Ministère public rappelle que "quand on est agent pénitentiaire, on doit être irréprochable". La procureure réclame 18 mois de prison assortis de sursis simple. Elle demande également un stage de lutte contre le sexisme aux frais du prévenu (avec amende de 500 euros en cas d'inexécution) et une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles. Dans son jugement, le tribunal correctionnel a suivi entièrement ces réquisitions. Le surveillant pénitentiaire, en arrêt maladie et prochainement à la retraite, est aussi condamné à payer des dommages et intérêts à ses collègues, allant de 2.600 à 4.800 euros.

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