Six anti-ours condamnés pour avoir perturbé un rassemblement d'écologistes en Ariège en 2018

Le tribunal correctionnel de Foix condamne les six responsables d'associations qui ont organisé la perturbation d'un rassemblement d'écologistes en 2018 en Ariège à trois mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende.

Ces peines sont supérieures aux réquisitions du parquet. Lors de l'audience le 18 octobre dernier, le procureur avait requis 500 euros d'amende, deux mois de prison avec sursis et un stage de citoyenneté à l'encontre de chacun des six prévenus. Le procès avait eu lieu dans un climat crispé, avec 2.000 personnes rassemblées à Foix pour apporter leur soutien aux prévenus.

Le président de la fédération de chasse de l'Ariège, Jean-Luc Fernandez fait partie des six hommes condamnés, à l'issue du délibéré ce mardi 29 novembre il parle de "mascarade" et s'étonne de la "sévérité" du jugement : "C'est astronomique et disproportionné, le message est politique, le monde rural doit se taire c'est clair" indique Jean-Luc Fernandez.

À l'inverse l'une des parties civiles, l'association pro-ours FERUS, parle de victoire pour la démocratie, la liberté d'opinion et la possibilité de s'exprimer sans être censuré :

"Si le droit de manifester existe, il s'arrête là où commence la liberté des autres et cela a été largement dépassé ce jour-là : les déclarations par haut-parleur, c'était choquant, elles montraient qu'à partir du moment où on n''avait pas les mêmes opinions qu'eux, on n'avait rien à faire dans ce département, on n'est pas dans un western de Sergio Leone*, on ne peut pas faire n'importe quo*i" souligne Patrick Leyrissoux, vice-président coordinateur ours à FERUS.

Rappel des faits

Les faits remontent au 5 mai 2018 à Labastide-de-Sérou. 150 écologistes étaient réunis dans la salle des fêtes de cette petite commune des Pyrénées ariégeoises située au nord-ouest de Foix pour échanger sur les atteintes à l'environnement et notamment la question de l'ours.

Les anti-ours considérant ce rassemblement comme une provocation avaient alors envahi le village à l'appel de plusieurs fédérations et associations au volant de tracteurs, rassemblant au total quelques 750 militants chasseurs et syndicalistes agricoles.

Le rassemblement avait dégénéré, des militants associatifs avaient été agressés, des pierres avaient été jetées, nécessitant l'intervention des CRS.

Fédérations et associations condamnées elles-aussi

La Fédération départementale des sociétés d'exploitants agricole, les Jeunes agriculteurs, l'Association de sauvegarde du patrimoine Ariège-Pyrénées (Aspap) et la Fédération départementale des chasseurs de l'Ariège ont été reconnues coupables d'entrave à la liberté de réunion. Chacune d'entres elles écope d'une amende de 2000 euros.

Les six associations environnementales parties civiles recevront 5.000 euros chacune de dommages et intérêts. Les prévenus devront aussi régler 1.000 euros à chaque partie civile.

Les condamnés annoncent qu'ils font appel. Il y aura donc un deuxième procès.