Disparition d'Émile au Vernet : une "mise en situation" à l'abri des regards

Pour tenter de comprendre comment le petit Émile a disparu, les juges d'instruction ont organisé toute la journée ce jeudi une "mise en situation", sorte de reconstitution. Émile, deux ans et demi, s'est volatilisé le 8 juillet dernier dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) alors qu'il était en vacances chez ses grands-parents maternels. Il avait échappé à leur surveillance.

Toute la journée ce jeudi, durant dix heures et dans des conditions météorologiques difficiles, dans le hameau fermé au public pour l'occasion, les juges d'instruction, enquêteurs, avocats et 17 personnes convoquées, la famille et des habitants, ont revécu la disparition du garçon.

"L'objectif, c'est de retracer de manière chronologique la soirée du 8 juillet dernier" a expliqué à franceinfo Pierre Coursières, commandant en second du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, "de faire rejouer la scène aux personnes impliquées, faire des déplacements, quasiment du minute par minute". Minute par minute, jusqu'au moment, où à 17h15, après sa sieste, Émile s'est volatilisé.

Des témoignages qui se contredisent

D'après le reporter de franceinfo sur place, les enquêteurs s'intéressent à la famille de l'enfant, son grand-père, mais aussi à deux voisins dont les témoignages se contredisent. Ils sont les derniers à avoir vu Émile vivant dans la rue qui descend du hameau. Les enquêteurs devaient, grâce à cette "mise en situation", matérialiser leurs déclarations, voir s'il y a des incohérences, notamment avec la téléphonie.

Fait inhabituel, cette mise en situation n'a pas eu lieu à la même période que le jour de la disparition, intervenue au début de l'été. Les montagnes sont poudrées de neige, il pleuvait à verse ce jeudi matin et il a neigé dans l'après-midi, la végétation et la lumière sont très différentes de celles de juillet 2023. Pour Pierre Coursières, "la météo n'est pas un facteur déterminant. La zone utilisée pour la reconstitution, c'est le centre du hameau, donc la végétation n'entre pas en ligne de compte".

Une reconstitution à huis clos

Les enquêteurs avaient-ils un élément précis à vérifier ou une information qui les a conduits à accélérer la procédure ? Tout s'est déroulé dans le plus grand secret ce jeudi. Les gendarmes avaient mis en place un gros dispositif pour faire de cette reconstitution un véritable huis clos. Un escadron de gendarmes mobiles a été mobilisé, les routes ont été barrées, des drones survolaient les journalistes. Le survol de la zone était d'ailleurs interdit par arrêté préfectoral. L'accès au hameau du Haut-Vernet a été interdit jusqu'à ce vendredi matin.

Depuis la disparition d'Émile, une enquête de flagrance a d'abord été ouverte pour "recherche des causes de disparition inquiétante". Fin août, elle a ensuite basculé en enquête préliminaire pour "enlèvement, arrestation, détention et séquestration arbitraires". De nombreuses recherches et perquisitions ont été menées, mais elles sont pour le moment restées infructueuses.