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"À cause de moi elle est partie, c'est impardonnable", les timides regrets de Monique Olivier

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Monique Olivier a laissé poindre de l'émotion ce mardi, lors de son interrogatoire. C'est la première fois qu'elle était interrogée sur les faits depuis le début de son procès à Nanterre. Mais elle continue de se retrancher derrière Michel Fourniret, expliquant qu'elle ne faisait qu'obéir.

Monique Olivier regarde les photos tuméfiées de Joanna Parrish Monique Olivier regarde les photos tuméfiées de Joanna Parrish
Monique Olivier regarde les photos tuméfiées de Joanna Parrish © AFP - Benoit Peyrucq

Pour la première fois depuis le début de son procès devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, Monique Olivier a semblé secouée devant les photos du visage tuméfié de Joanna Parrish, une des victimes du tueur en série Michel Fourniret dans l'Yonne. L'accusée s’est expliquée ce mardi lors de son premier interrogatoire sur les faits. Elle est jugée pour trois affaires pour complicité d’enlèvement, de viol et de meurtre. Avant d’aborder le dossier Estelle Mouzin, l’ex-femme de Michel Fourniret était interrogée sur les meurtres de l’Yonne, celui de Marie-Angèle Domèce et celui de Joanna Parrish.

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C’est la deuxième semaine du procès de Monique Olivier à Nanterre. Aujourd'hui âgée de 75 ans, elle est le seul espoir pour trois familles de disparues d'obtenir des réponses. Elle comparaît à Nanterre depuis le 28 novembre.

"Elle était belle, elle ne méritait pas ça"

Après une longue matinée d'interrogatoire, Monique Olivier s'ouvre un peu. Face aux questions des avocats des parties civiles, face à la photo du visage tuméfié de Joanna Parrish, Monique Olivier baisse la tête. Ses mains tremblent, elle esquisse un « non » de la tête. Elle a l’air extrêmement secouée. "Elle était belle, elle ne méritait pas ça. Je suis désolée" finit-elle par bredouiller après un long silence.

Peu à peu, sous le flot des questions précises des avocats des parties civiles, Monique Olivier s’ouvre un peu, répond plus librement. Confrontée aux faits et aux témoignages, elle se livre un peu plus. "C’est encourageant", mais sans doute trop peu pour les familles des victimes et pour Didier Seban, l’un des avocats des parties civiles.

La famille Parrish a quitté la salle. Les proches de Joanna, tuée à l'âge de 20 ans en 1990, n'ont pas eu le courage d'en entendre plus.

La lâcheté comme excuse

Pressée de questions par les avocats des parties civiles, Monique Olivier reconnait qu’il y a de la lâcheté, qu’elle laisse faire parce qu’elle a peur. Dans la "chasse" aux victimes lancée par Michel Fourniret, "j'étais le chien, j'ai jamais été autre chose que le chien qui doit obéir", décrit-elle.

L’avocat des familles de victimes souligne qu’en 16 ans, jamais elle ne s’est révoltée, là où d’autres auraient refusé. Il ne la croit pas quand elle se pose en victime. Elle jouissait par procuration de ce qui arrivait aux jeunes filles. Par petites touches, Maître Seban bouscule Monique Olivier sur sa responsabilité. Elle finit par monter d’un ton, expliquant que ce n’est pas elle qui a décidé.

Qu'a-t-elle pu penser quand Joanna Parrish "a crié, car elle a sans doute crié", demande une assesseure. "Lâchement, je n'ai rien fait. Je l'ai entendue crier un peu, mais je ne suis pas intervenue. C'est la peur, la panique, (je suis) incapable de faire quoi que ce soit", se défend l'accusée.

En début de matinée, le président a insisté pour savoir comment ces agressions étaient préparées. On est dans l'organisation, la méthode, la préméditation, donc on est dans la qualification d'assassinat. Quant au corps de Marie-Angèle, l'accusée assure ne pas savoir où il est. "Je n'ai plus aucun intérêt à me taire. Il est préférable de rendre le corps aux familles. Pourquoi je me tairais, par méchanceté ?" demande Monique Olivier, de sa voix faible et calme, sans apporter de réponse.

Les victimes en suspens

Bouche fermée et regard noir, Didier Seban, lance Monique Olivier sur d’autres victimes. Lui est convaincu qu’il y en a d’autres, d’autres corps, et que c’est pour ça qu’elle ne veut pas dire où sont ceux de Marie-Angèle Domèce et d’Estelle Mouzin.

C'est aussi la conviction de l'avocate de la famille Domèce, Corinne Herrmann qui tente de faire parler Monique Olivier.

Elle ne se souvient pas des meurtres, ou plutôt ne veut pas s'en souvenir. "Je préfère mettre ça de côté pour ne plus supporter ces horreurs" précise-t-elle en réponse à l'avocat général.

Didier Seban et Corinne Herrmann, les avocats des parties civiles, tentent depuis le début de ce procès d'obtenir des informations sur d'autres dossiers non résolus, notamment la disparition de Lydie Logé en 1993 dans l'Orne. Une trentaine d'ADN différents ont été retrouvés sur un matelas ayant appartenu au couple.

Le procès a pris du retard. Le président n'a même pas posé les questions transmises par les jurés. Le deuxième interrogatoire de Monique Olivier aura lieu lundi prochain, le 11 décembre. Le verdict doit normalement être rendu le 15 décembre.

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