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"On ne sait plus quoi faire pour attirer des employés ", ce restaurateur honfleurais peine à recruter

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Les restaurateurs sont à la peine à Honfleur, confrontés depuis quelques mois à des difficultés de recrutement. Le gros point noir : le manque de logements en location permanente parce que les propriétaires mettent leurs biens sur Airbnb. La ville tente d'y remédier.

Olivier Descourtis, gérant du restaurant les Deux Ponts depuis 4 ans à Honfleur Olivier Descourtis, gérant du restaurant les Deux Ponts depuis 4 ans à Honfleur
Olivier Descourtis, gérant du restaurant les Deux Ponts depuis 4 ans à Honfleur © Radio France - Louis Fontaine

"Mais où sont passés les gens ?", c'est l'interrogation d'Olivier Descourtis, âgé de 50 ans, il est gérant depuis 2019 du restaurant les Deux Ponts à Honfleur. Avec 25 ans d'expérience dans la restauration, il est confronté, comme ses confrères, depuis quelques mois, à des difficultés, voire des impossibilités de recrutement.

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Le gros point noir : le manque de logement sur la Côte Fleurie et l'envolé du prix du m² sur le littoral normand. Si cette tendance était déjà présente en 2019, la crise sanitaire a accéléré le mouvement. Trouver des salariés, c'est donc devenu un vrai casse-tête, alors pour attirer du monde, Olivier et son épouse veulent mettre en place une semaine à quatre jours, via une annonce relayée sur Facebook.

Le restaurant les Deux Ponts peut accueillir jusqu'à 220 couverts.
Le restaurant les Deux Ponts peut accueillir jusqu'à 220 couverts. © Radio France - Louis Fontaine

"Je suis obligé de fermer et refuser des clients"

Olivier Descourtis : Avec une organisation normale, il manque huit salariés actuellement. Et là, nous, on essaie de passer sur la semaine de quatre jours, donc il en faut beaucoup plus encore. La seule issue, c'est de fermer une fois de plus par semaine où refuser du monde pour pouvoir fonction. Ce week-end, par exemple, je vais sacrifier une salle, car mon serveur a quitté nos rangs. Le week-end dernier, j'ai refusé 150 personnes. C'est un manque à gagner de 30 à 40 %.

Un appel à candidature... toujours en appel

OD : Je souhaite être le plus attractif possible, donc on réfléchit beaucoup avec mon épouse. On s'est dit, pourquoi ne pas proposer une semaine de quatre jours, travailler quatre jours, pour trois jours de repos, pour essayer justement de se dire voilà, avec trois jours de repos par semaine, on peut quand même avoir une vie de famille normale. Le post a fait énormément de partage. Au début, on était très heureux et puis on a eu deux appels, deux appels en retour ! On ne sait plus comment faire.

Acquisition d'un immeuble pour loger les salariés

OD : Tout à l'heure, on parlait des problèmes que peuvent raconter les salariés. Donc c'est vrai qu'il y a le côté horaires. Il y a aussi le côté logement parce que sur la Côte Fleurie, c'est très prisé avec un mètre carré qui est très cher, même en location. Aujourd'hui, on est en train d'acheter un immeuble pour essayer de loger notre personnel. Ce n'était pas du tout dans les projets, alors c'est un endettement. Et puis en même temps, on se dit si le chiffre d'affaires baisse, que va-t-on faire ? Je n'ai pas trop le choix.

Comment vous envisagez 2023 ?

OD : Je n'envisage rien, en tout cas en termes de personnel. Mais en termes de clientèle, je sais qu'on Honfleur restera Honfleur, ça, il n'y a pas de souci. On essaye de voir avec les différents lycées hôteliers, Pôle Emploi, mais ça débouche rarement sur quelque chose. On a perdu la mentalité de "bosseur" qu'on avait à l'époque. Je peux être arrangeant, je peux former, je peux proposer, mais si en face, l'envie n'est pas là, ça ne sert à rien.

Si ça ne s'améliore pas, on va revoir la carte. C'est une nouvelle option puisque de toute façon, on travaille toujours. Un chef d'entreprise essaie d'être visionnaire et de voir à l'avance. La future option, c'est de se dire "ma carte, il va falloir que je la réduise pour pouvoir travailler plus simplement en fonction du nombre de personnels que j'ai.

La municipalité tente de rééquilibrer le marché locatif

Parmi les raisons de cette pénurie : le manque de logements disponibles dans la célèbre ville portuaire. Depuis quelques années, beaucoup de propriétaires ont retiré leurs biens du parc locatif à l'année pour basculer vers Airbnb. La municipalité a signé l'an dernier une convention avec la plateforme de location à la semaine pour tenter de rééquilibrer l'offre locative. “Nous avons revu les règles régissant les meublés de tourisme” confirme Christophe Buisson, conseiller municipal chargé du développement économique et du tourisme à Honfleur. “Désormais les propriétaires doivent obtenir en mairie un numéro d’enregistrement obligatoire pour pouvoir publier une annonce sur la plateforme Airbnb. L’autorisation est sujette à compensation, c'est à dire qu’elle suppose que le propriétaire acquiert un autre bien d'une même surface qui sera destiné une location à l'année” précise l’élu honfleurais.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

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