"Il reste deux euros sur mon compte" : en Mayenne, les salariés d'Expotrans n'ont toujours pas reçu leur salaire de mars

Cela fait plus d'une semaine que les salariés de l'entreprise de transport Expotrans exercent leur droit de retrait. Mandatée par la région depuis deux ans pour transporter les enfants en situation de handicap, Expotrans ne leur a toujours pas versé leur salaire du mois de mars, ce mercredi 24 avril. Une situation qui semble partie pour durer, et qui consterne la quarantaine de salariés.

Dominique Deroche occupe ce poste depuis huit mois. S'il exerce son droit de retrait aujourd'hui, il n'oublie pas que les enfants sont aussi des victimes de la situation. "Mardi soir, j'ai laissé une gamine en lui disant que je ne savais pas si on allait se revoir. Elle était en larmes. Ça nous touche, car on les adore", affirme l'ancien chauffeur poids lourd. Sa pension de 1.200 euros l'oblige à travailler chez Expotrans pour avoir un complément de retraite. "J'ai prévenu les familles des enfants de mon retrait et elles sont tout à fait d'accord avec moi. On ne va pas se lever à 5 heures du matin pour ne pas être payé", déplore-t-il.

La Région pointée du doigt

Pas de salaire et pas non plus de complémentaire santé. Expotrans n'a jamais souscrit de mutuelle d'entreprise pour ses employés, une mauvaise surprise pour Danielle Cottier. La salariée a dû débourser 880 euros pour ses nouvelles lunettes de vue, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. "J'ai proposé d'entamer une grève de la faim pour qu'on se fasse entendre. Cela fait vingt-quatre ans que je travaille dans les transports scolaires, je n'ai jamais vu ça. On nous a jeté dans la gueule du loup."

L'employée incrimine la Région, qui a cédé le marché à Expotrans il y a deux ans. Un avis que partage Julien Le Cornec, le référent de l'entreprise en Mayenne. "Ce sont eux qui ont choisi Expotrans, ce sont eux qui ont choisi du bas coût. Voilà le résultat." Lui aussi est démuni. Avec sa femme, ils sont tous les deux salariés de la société et attendent près de 4.000 euros de salaire. "Il me reste deux euros sur mon compte, lâche-t-il. Je ne sais pas comment je vais faire." Les employés sont en lien avec une avocate pour porter l'affaire devant les prud'hommes. Une cagnotte en ligne a été créée pour leur venir en aide.