Le Centre Pompidou se délocalise au Neubourg grâce à un camion itinérant

Il fait dix-sept mètres de long et dix mètres de large. Sa façade est vert pastel. Le Mumo - pour Musée Mobile - est stationné dans la cour du lycée professionnel agricole Gilbert Martin (Le Neubourg). Depuis lundi, les classes de primaires, de collèges et de lycées s'enchaînent pour découvrir "Être(s) vivant(s)". Les pièces proviennent du Centre Pompidou à Paris. Au-delà de l'exposition présentée, l'idée est de faire découvrir aux habitants du Pays du Neubourg l'art et les musées en général.

"Qu'est-ce que vous voyez sur cette œuvre ?", interroge Armelle, médiatrice du Mumo. "Un ballon de foot !", "Un monsieur !" Les réponses des élèves de la classe de 4e du collège Geneviève de Gaulle s'enchaînent, quoiqu'un peu timidement. Durant 45 minutes, la dizaine d'adolescents se voit présenter les douze artistes et leurs œuvres - une vingtaine - exposées de-ci de-là dans le camion-musée.

"L'art, c'est ma personnalité"

Tableaux, collages, photographies ou sculptures, toutes les pièces exposées sont contemporaines. À 14 ans, Lilou n'a pas souvent l'occasion d'aller au musée. Pourtant, l'art est une manière pour elle de faire parler sa personnalité : "Je veux devenir maroquinière. Ces tableaux, ça m'inspire pour fabriquer des chaussures ou des sacs." La jeune femme, qui dessine "tout le temps" est ravie de l'initiative du Mumo.

Après la visite guidée du camion, on passe à l'atelier pratique. Trois-quarts d'heure encore, pour permettre aux élèves de laisser libre cours à leur imagination et leur créativité. Aujourd'hui, on crée "à partir du hasard", annonce mystérieusement Armelle. On badigeonne de la brou de noix - un colorant naturel créé à partir de l'écorce de noix - sur un miroir. Puis, on applique une feuille de papier blanc dessus. À partir des motifs obtenus, il faut continuer le dessin.

Une culture pour toutes et tous

Les doigts noircis, Tylian s'en donne à cœur joie. "J'ai fais une licorne parce que la tâche m'a fait penser à un cheval avec des ailes." Le jeune homme adore dessiner, mais il avoue avoir parfois du mal à saisir l'art contemporain. "Si je ne comprends pas, ça ne m'intéresse plus." Un biais que tente de briser Armelle. Selon elle, c'est courant que les adultes comme les enfants, pensent que cette forme d'art n'est pas faite pour eux. "Il y a cette idée que c'est une culture très éloignée d'eux et qui n'est pas accessible. Or c'est faux, car quand on les confronte à des œuvres, ils ressentent les émotions que l'artiste a voulu faire passer."

Plus on initie tôt à l'art contemporain, plus les personnes pourront se façonner un regard sur le monde, "la manière dont on le perçoit et donc comment on le vit", ajoute solennellement Armelle. Cette démocratisation de l'art ne s'arrête pas au Neubourg, puisque le Mumo a repris sa route. Depuis le 18 avril, ce sont les habitants de Saint-Aubin d'Écrosville (Eure) qui peuvent profiter du musée ambulant.

Retrouvez toutes les informations sur le site : MuMo (musee-mobile.fr)