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17 caméras pour 680 habitants : dans l'Eure, les villages s'équipent de plus en plus de vidéosurveillance

Le département de l'Eure encourage ses communes à s'équiper de caméras de vidéosurveillance. De plus en plus de petits villages franchissent le pas, défendent la décision et se défendent de restreindre les libertés individuelles, le reproche fréquent de cette politique de surveillance.

Cinq caméras ont été installées sur ce poteau électrique de la Vieille-Lyre Cinq caméras ont été installées sur ce poteau électrique de la Vieille-Lyre
Cinq caméras ont été installées sur ce poteau électrique de la Vieille-Lyre © Radio France - Théophile Pedrola

Un rond-point central autour duquel se concentrent la mairie, l'école, un commerce, un gite, sa statue de Bourvil et une salle des fêtes. Le cœur du bourg de La Vieille Lyre, 682 habitants, est très concentré. Sur un lampadaire, en hauteur, trois caméras de surveillance. Les voitures passent sans s'arrêter. Sur l'une des sorties du village, un autre lampadaire sur lequel sont fixées pas moins de cinq caméras. Elles surveillent le va-et-vient des véhicules. En tout, 17 caméras ont été installées l'an dernier dans ce petit village du sud de l'Eure, un des pionniers en la matière.

Moins d'incivilités sur la commune ?

"Je n'y pense même pas en me promenant, assure Martine, une habitante, affairée dans une des petites rues autour du centre-bourg. Si le maire a jugé qu'il fallait en mettre je lui fais confiance, mais cela ne me dérange pas du tout", assure-t-elle. Le maire en question, c'est Marc Morière, qui a décidé l'an dernier d'installer ces caméras "après deux cambriolages sur la commune", explique-t-il. Du matériel municipal a été volé, pour un préjudice estimé à 19.000 euros selon l'élu. Des dépôts sauvages de déchets ont aussi été enregistrés sur la commune : "ce qui nous coûte des sous pour le nettoyage", expose-t-il. La solution est vite apparue : des caméras. Et en nombre. Depuis un an "nous n'avons plus de souci de dépôts et selon la gendarmerie le nombre de cambriolages sur le secteur a baissé", explique Marc Morière. Mais la solution n'est pas miracle : "on peut imaginer que l'on n'a fait que déplacer le problème." D'autant que le rapport de cause à effet ne peut pas être établi. Mais la médiatisation de cette commune et les panneaux annonçant la vidéosurveillance à chaque entrée du village peuvent dissuader.

Ces 17 caméras ont coûté environ 47.000 euros. Mais la mairie n'en a dépensé "que" 17.000, aidée financièrement par l'Etat, mais aussi par le département de l'Eure, qui prend en charge 20% du prix d'achat des caméras installées par les communes euroises, si le projet est validé par les forces de l'ordre.

Sur ce lampadaire de la Vieille Lyre, trois caméras sont installées.
Sur ce lampadaire de la Vieille Lyre, trois caméras sont installées. © Radio France - Théophile Pedrola

500.000 euros d'aides dépensés par le département

Une quarantaine de communes ont ainsi été aidées financièrement par le Conseil départemental de l'Eure, explique son président, Alexandre Rassaërt, ce qui représente un coût d'environ 500.000 euros, en plus des caméras directement installées par le département. Il y en a plus de 15.000 dans tout l'Eure, y compris les caméras privées.

Mais Alexandre Rassaërt n'y voit pas de gaspillage : "Ce n'est pas que de la communication ou que de l'affichage, assure l'ancien maire de Gisors. Toutes les mairies équipées sont très sollicitées par les gendarmes ou les policiers pour consulter les images. Je n'ai pas de statistiques mais au quotidien, quand on est maire, on voit bien l'intérêt."

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Restriction des libertés individuelles ?

Plusieurs communes ont eu la main lourde : 14 caméras pour 459 habitants à Amfreville-les-Champs, 27 caméras pour 1.700 habitants à Frenelles-en-Vexin ou donc les 17 caméras pour les 682 habitants de la Vieille-Lyre, pour ce citer qu'elles. Cela fait une caméra pour 40 habitants dans ce dernier cas. N'est-ce-pas un peu trop ? "Je ne me permettrais pas de dire cela, évacue Alexandre Rassaërt. La sécurité d'une commune, c'est l'affaire du maire et c'est à lui d'évaluer l'effort et le besoin qu'il a en vidéoprotection."

A la Vieille-Lyre, le maire a été conseillé sur les emplacements et le nombre de caméras par la gendarmerie, qui, on le rappelle, valide chaque projet d'installation dans l'Eure et qui semble donc en profiter. "Ce n'est pas trop, indique Marc Morière. On a discuté avec la gendarmerie sur le nombre et le positionnement, et ces caméras sont nécessaires là où elles sont. On peut être amené à visionner les vidéos pour des enquêtes", indique le maire, rappelant que sa commune est située sur l'axe entre Conches-en-Ouche et Bernay.

"J'assume de faire de la sécurité une priorité pour les habitants, conclut le président du Conseil départemental. J'ai des convictions fortes et on doit donner aux forces de l'ordre les outils pour protéger les habitants. Ce n'est pas une recette magique, mais un outil efficace. Pour ceux qui pensent que cela porte atteinte à leur liberté, je ne suis pas d'accord : il y a énormément de garde-fous dans l'utilisation des images. Il faut garder un juste équilibre entre la protection des libertés et la sécurité, et je pense que l'on est dans un juste équilibre."

Le conseil départemental prévoit encore d'installer rapidement une centaine de caméras supplémentaires, positionnées sur les axes routiers aux entrées du département. Le sujet sera évoqué en session plénière en juin prochain.

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