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Fort risque d'avalanches dans les massifs alpins : les conseils de l'Anena, les experts de la neige

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Après les chutes de neige et vents qui ont battu les pentes montagneuses ces derniers jours, le risque d'avalanche s'est renforcé, prévient Météo France, évalué à 3/5 ou 4/5. Pour éviter les drames, l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches donne quelques recommandations.

Panneau indiquant le risque d'avalanche dans la station d'Avoriaz, en Haute-Savoie. Panneau indiquant le risque d'avalanche dans la station d'Avoriaz, en Haute-Savoie.
Panneau indiquant le risque d'avalanche dans la station d'Avoriaz, en Haute-Savoie. © Radio France - Patrick Genthon

Attention si vous allez skier hors des pistes ce week-end. Le risque d'avalanche est désormais "marqué" à 3/5 ou "fort" à 4/5 selon Météo France dans les Alpes du Nord et les Alpes du SudLe danger sera surtout présent dès 1800 à 2000 mètres d'altitude selon les massifs. Les chutes de neiges et les vents rendent le manteau neigeux très instable. Le 27 décembre, deux skieurs sont morts dans une avalanche à Saint-Gervais en Haute-Savoie. Des drames parfois évitables pourtant, avec une meilleure préparation.

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- © Radio France - Denis Souilla

Prendre le temps d'analyser le terrain

D'abord se renseigner en amont avec les bulletins de neige et sur place auprès du service des pistes, et puis une fois sur la pente évaluer le danger si une avalanche devait se déclencher. C'est possible notamment d'un simple coup d'œil, explique Frédéric Jarry, chargé de mission auprès de l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches (Anena), basée à Grenoble : "Quand on est face à une pente à plus de 30 degrés, il va falloir faire une pause pour justement analyser correctement la situation. Qu'est ce qu'il se passe si jamais une avalanche part ? Est-ce que je suis emporté par une avalanche qui va finalement s'écouler très facilement et qui va aboutir à un dépôt qui va être très faible en amplitude, en volume, et je vais alors me retrouver en surface ? Ou au contraire, est-ce que je vais aller taper des arbres, taper des rochers parce que je suis dans un couloir raide ou sauter une barre rocheuse ?

"Et si l'avalanche arrive à un endroit où on a un gros replat d'un coup, ou alors à un creux, elle va s'accumuler à cet endroit-là, et même si c'est une plaque qui fait quelques dizaines de centimètres d'épaisseur, on peut se retrouver facilement avec un 1m50, 2 mètres, 3 mètres de neige au-dessus de la figure. Et en fait, cette question là, on l'oublie souvent et c'est une réponse qui est très facile à donner et qui finalement, souvent peut donner rapidement et facilement la réponse  à : 'J'y vais ou je n'y vais pas.'"

Même en station, le hors-piste n'est pas sécurisé

Attention aussi : des avalanches sont parfois déclenchées pour sécuriser les routes et les abords immédiats des pistes. Mais ça ne va pas au-delà, prévient Stéphane Bornet, le directeur de l'Anena : "On a certaines personnes qui ont tendance à croire que faire du ski hors piste en station, elles peuvent le pratiquer en toute sécurité. Ce qui s'opère en déclenchements préventifs d'avalanche en station, c'est la sécurisation des pistes, des itinéraires, des remontées mécaniques, mais en aucun cas la sécurisation des zones hors piste. On ne sécurise pas les zones hors piste. Ce qui veut dire que quand on pratique le hors-piste, même à proximité immédiate d'une piste, la sécurisation n'a pas été mise en œuvre. Et donc on court autant de risques en station, en hors piste qu'en milieu naturel en montagne. Avec le petit bémol qu'à proximité des stations, on a les services des pistes qui sont toujours prêts à intervenir potentiellement assez rapidement. Alors que quand on est en pleine montagne, il faudra déjà passer l'alerte, que les services de l'État se mettent en route et puissent atteindre la zone de secours".

Une échelle de risque souvent mal comprise et sous-estimée

Le bulletin des neiges justement, un risque 2/5 peut donner l'impression d'être faible. Mais il peut en fait être bien plus important qu'on ne le pense, explique Stéphane Bornet : "On a une échelle européenne du risque d'avalanche qui s'étend sur cinq niveaux, le niveau 5 étant le plus élevé. En pratique de montagne, on ne sort pas quand on est en risque 5. Et quand on regarde cette échelle européenne du risque d'avalanche, on a souvent tendance à penser que le risque 3 se situe au milieu de cette échelle à cinq niveaux est un risque moyen. En aucun cas ! C'est un risque marqué. C'est un risque important qui fait que c'est par ce risque là qu'on a la plus grosse accidentologie actuellement. Le risque 2 sur l'échelle européenne du risque d'avalanche est intitulé comme étant 'limité'. Il ne faut pas simplement regarder le chiffre et le nom 'limité', mais il faut regarder un peu le détail de cette échelle du risque d'avalanche limitée. C'est limité à certaines zones, dans certaines pentes, à certaines circonstances. Il ne faut pas traduire limité comme peu élevé. C'est un risque qui est présent mais qui est présent dans certaines zones spécifiques."

20 à 30 morts chaque année

Le temps couvert de ce week-end devrait néanmoins calmer les ardeurs d'une partie des skieurs, mais le risque reste élevé lorsque le soleil reviendra en milieu de semaine. L'Anena note que le nombre de morts dans les avalanches en France sur la dernière décennie est passé à 25 par an environ, contre plus d'une trentaine pendant les quatre décennies d'avant, et ce alors que le nombre de pratiquants, lui, a augmenté. Un progrès donc, mais loin d'être encore suffisant conclut Stéphane Bornet.

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