Crise agricole : des formations en Vaucluse pour sensibiliser au suicide chez les paysans

La MSA Grand Sud forme des sentinelles agricoles. Des personnes qui peuvent aider nos paysans qui font face à des pensées suicidaires. On le sait, la profession est en difficulté. Des problématiques mises au premier plan lors de la récente crise agricole de ce début d'année 2024.

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Cette formation est menée par une psychologue qui détaille le processus qui mène au suicide, les signes à repérer et la manière de réagir. Ce jeudi 18 avril 2024, une session était organisée à La Tour-d'Aigues. Session dédiée cette fois spécifiquement à des personnels de lycées agricoles pour leur permettre d'accompagner au mieux les paysans de demain.

Faire face au quotidien

On le devine dans le regard des participants, tous ont déjà fait face à un élève en grande difficulté psychologique. C'est le cas d'Elisa Bouet, CPE par intérim au lycée agricole de Gap. "Pas plus tard que la semaine dernière, où j'ai une élève qui est arrivée en m'exposant un peu son histoire de vie, explique-t-elle. Je suis passée à l'offensive en lui demandant vraiment si elle avait des idées de suicide, ce à quoi elle a répondu oui."

La situation est aussi arrivée à Jérémy Dupuis, CPE au lycée agricole d'Orange, et c'est pour ça que cette formation est importante. "En tant que CP, on travaille beaucoup avec les infirmières, et c'est vrai que repérer la crise suicidaire ou l'éviter fait partie de notre quotidien", déplore-t-il.

La faute à une période compliquée pour les élèves, l'adolescence, mais aussi parce que ces futurs agriculteurs savent que leur vie sera compliquée dans ce métier. Aurélie Arias est la psychologue de cette formation. "La question de cette incertitude quant à l'avenir pèse énormément et c'est un facteur aggravant dans la question du mal-être, détaille la professionnelle.

Et quand on nous promet un avenir pas glorieux, où il y a plus de nuages que de soleil, forcément, entretenir sa santé mentale, c'est très compliqué." Selon une étude, en 2021, les agriculteurs de moins de 65 ans avaient un risque de se suicider 43 % supérieur au reste de la population.

Un dispositif nécessaire

Ces formations sont mises en place dans le cadre d'un Plan interministériel de prévention du mal-être agricole. Stéphane Kacza est responsable de sa mise en place à la MSA Alpes-Vaucluse. Pour lui, il s'agit d'une nécessité d'apporter les clés au plus jeune âge. "Le milieu agricole, c'est un milieu plutôt taiseux, ils ne vont pas vers des travailleurs sociaux, ils ne vont pas dire à leur voisin qu'ils ne vont pas bien, explique-t-il. L'idée, c'est vraiment d'avoir des yeux et des oreilles attentives et de pouvoir leur conseiller d'être accompagnés et d'oser aller vers des personnes qui vont pouvoir les aider."

La crise agricole, mise en lumière ce début d'année 2024, a permis aux paysans de se retrouver entre eux. De ne plus être seul. Mais une fois les blocages levés, il a fallu rentrer à la maison. "Il faut être encore plus vigilant parce qu'il y a des personnes qui sont retournées sur leurs exploitations agricoles avec leurs problématiques sans vraiment de solutions, détaille Stéphane Kacza. Il y a un risque de contagiosité suicidaire."