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750 guêpes asiatiques lâchées dans les vergers de cerises de Vaucluse pour lutter contre la mouche Drosophila Suzukii

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La Ganaspis, une guêpe venue du Japon, viendra-t-elle un jour à bout de la Drosophila Suzukii qui détruit les cultures de cerises en Vaucluse ? Une expérimentation de cette solution naturelle est menée sur le territoire. Quelque 750 guêpes ont été lâchées ce lundi 6 mai 2024 à Malaucène.

Les petites guêpes ne font que quelques millimètres une fois adultes. Les petites guêpes ne font que quelques millimètres une fois adultes.
Les petites guêpes ne font que quelques millimètres une fois adultes. © Radio France - Dimitri Morgado

Peut-être une nouvelle solution pour se débarrasser des Drosophila Suzukii en Vaucluse ? Ces mouches, venues du continent asiatique, détruisent de plus en plus les cultures de cerises en Vaucluse. Ce qui met même en péril toute l'économie agricole du département.

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Alors ce lundi 6 mai 2024, l'INRAE de l’Institut Sophia Agrobiotech de Montpellier a lâché dans la nature 750 guêpes, sur les hauteurs de Malaucène, près de Carpentras. 500 femelles et 250 mâles. Une expérimentation qui a démarré en 2015 et qui vise donc à diminuer drastiquement la présence de cette mouche tueuse de cerises.

Une toute petite bête

Quand on parle de guêpes, on a des images en tête. Mais attention, il s'agit là de Ganaspis. Une sorte particulière de guêpes que les chercheurs sont allés chercher en Asie, au Japon. Elles ont ensuite été élevées dans un laboratoire de l'INRAE. Oubliez tout de suite la guêpe que l'on connaît.

Là, on est sur un modèle très réduit. "Ça ressemble un peu à des moucherons, décrit Léa Darmedru, assistante ingénieur sur le projet. Ce sont de tout petits insectes noirs avec des ailes qui font deux ou trois millimètres. C'est assez loin de ce qu'on imagine quand on pense à une guêpe. C'est la même famille, on a tendance à dire "guêpe" pour se faire comprendre, mais en fait ça ne pique même pas."

Elles ne piquent pas, et encore moins l'humain, mais elles s'incrustent un peu partout. Pour attaquer, cette guêpe exotique va introduire son dard directement dans la larve de la mouche. Elle va ensuite pondre dedans, et l'œuf va se nourrir de cette larve. "C'est ça qui permet de contrôler la population, détaille Léa Darmedru. Quand les mouches vont pondre, a priori, elles ne vont jamais pouvoir sortir." On comprend donc que dans cette étude, il s'agit surtout de se concentrer sur les 500 femelles lâchées ce lundi 6 mai 2024, ce sont elles qui vont faire le travail.

Faire s'acclimater la Ganaspis

Une fois ces bestioles implantées sur le territoire, l'objectif sera de voir si l'opération fonctionne, voir si cette guêpe exotique fait son travail correctement. Il faut aussi s'assurer que l'insecte s'adapte à nos climats. Elle est originaire d'Asie, rappelons-le. Si cela s'avère concluant, l'idée est surtout de faire en sorte que l'insecte reste et se développe sur nos territoires. "On veut qu'elle reste dans l'environnement, qu'elle se disperse et qu'elle contrôle Drosophila Suzukii partout, assure Nicolas Borowiec, ingénieur de recherche à l'INRAE. Dans les parcelles cultivées, mais aussi dans tous les réservoirs sauvages." Pour le moment, cinq lâchers ont déjà été effectués en France en 2023. "On espère en faire une vingtaine cette année dans tout le pays, dont une grande partie dans le Sud-Est", précise le chercheur.

Un risque économique fort

Il y a un élu qui se préoccupe de cette question dans les plus hautes institutions du pays. Le sénateur de Vaucluse Lucien Stanzione travaille depuis plusieurs mois, voire des années sur les questions agricoles. Il a suivi de près ces recherches autour de la Ganaspis. Il estime qu'il faut agir rapidement pour éviter que toute une économie ne finisse par s'effondrer.

"La situation est réellement critique, parce que nos agriculteurs aujourd'hui sont frappés par ce fléau de la Drosophila Suzukii, alerte l'élu. On sait que le Vaucluse est l'un des plus grands départements producteurs de cerises de qualité, et même de haute qualité. Cette économie-là est compromise par ce petit insecte."

Dans les têtes des producteurs de cerises, les questions se bousculent. Va-t-il falloir arrêter de travailler ce fruit à cause de ces mouches ? Lucien Stanzione craint que de plus en plus d'agriculteurs délaissent cet emblème régional. "Nous avons déjà des cerisiculteurs qui envisagent de changer de culture, et même d'arrêter la cerise, d'arracher les arbres puisqu'il n'y a plus de solutions, et de se reconvertir sur d'autres cultures, explique-t-il. Mais c'est très compliqué. Et puis ce n'est pas une solution puisque la cerise est quand même l'un des joyaux du département de Vaucluse."

Le comportement des Ganaspis va maintenant être suivi de près par les chercheurs. Il va falloir patienter pour savoir si cette guêpe est efficace ou non, probablement plusieurs années.

Il faut avoir les yeux bien en forme pour repérer les guêpes asiatiques.
Il faut avoir les yeux bien en forme pour repérer les guêpes asiatiques. © Radio France - Dimitri Morgado
Les chercheurs de l'INRAE et le sénateur Lucien Stanzione ont participé à ce lâcher à Malaucène.
Les chercheurs de l'INRAE et le sénateur Lucien Stanzione ont participé à ce lâcher à Malaucène. © Radio France - Dimitri Morgado

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