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Pour une poignée de dollars : addition (Affaire Breuil)

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Décembre 1991, 10 accusés d’âge mûr sont accusés aux assises d’avoir implanté un gigantesque réseau de fausse monnaie sur la côte basque. Avec Thierry SAGARDOYTHO, l’heure de rendre des comptes a maintenant sonné ...

Le palais de justice de Pau
Le palais de justice de Pau © Radio France - Paul Nicolaï

Pour ce crime de gros sous et de faux billets verts, l’Avocat Général Jérôme Carbonnel présente l’addition au nom de la Société. L’accusateur public exprime haut et fort sa conviction : « les 8 milliards de centimes de fausse monnaie n’étaient pas destinés à l’ETA mais à Jean Breuil ». L’ex parrain ne trouve aucune grâce à ses yeux : « truand, affabulateur, dangereux », les compliments pleuvent dans la bouche de l’accusation. « Avec Breuil, ce sont les mots contre les choses, sa parole contre les cantines de dollars ». Pour lui, exit les stratagèmes politico-policiers : « les enquêteurs ont agi dans le strict respect des lois de la République ». Parce qu’il a été « le commanditaire, l’instigateur, l’organisateur et le réceptionnaire de cette fabrique industrielle de faux dollars », Breuil mérite à ses yeux la peine maximale : 20 ans de réclusion criminelle.

La parole est donnée à la défense de l’ex parrain basque : le ténor Parisien Jean-Yves Le Borgne sort les gants de boxe : « Breuil n’est pas un ange, comme d’ailleurs les Renseignements Généraux ne sont pas l’incarnation de la vertu ». De sa voix de stentor, il égrène divers scandales récents lors desquels, à ses yeux, « la raison d’État a entravé la vérité au point que des lampistes ont été jetés dans l’arène » : le RAINBOW WARRIOR, l’affaire du Pasteur Doucet, les fausses factures… Selon l’avocat, ce procès n’est pas celui de la fausse monnaie mais un prétexte pour neutraliser Breuil, le « condamner à mort ». Aux côtés de l’ex parrain, ses co-accusés risquent gros : les imprimeurs, livreurs et receleurs encourent d’un an ferme à 12 années de réclusion. « Homme de paille, porte-valise, exécutant », les ex complices d’hier cherchent maintenant à minimiser leur rôle à l’ombre de l’ex parrain

6 hommes et 3 femmes délibèrent. Selon leur serment, la loi prescrit aux Jurés de « s’interroger dans le silence et le recueillement, en cherchant, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite sur leur raison les preuves rapportées contre l’accusé, et les moyens de sa défense ». 4 heures durant, Jurés et Magistrats délibèrent et votent « au nom de leur intime conviction ». Samedi 7 décembre 1991, il est 2 heures du matin. Le verdict tombe. Dans un silence de cathédrale, le Président Robert Cordas égrène les condamnations : en haut de l’affiche, Breuil écope de 15 années de réclusion criminelle. Les peines tombent : 10 ans pour l’imprimeur, 6 à 8 ans pour ses hommes de mains, prison avec sursis pour les lampistes. L’affaire des faux Dollars s’achève. L’ex légende de la côte basque vient de signer un long bail dans les Prisons de la République.

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