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"On est presque débordé par les sangliers" : reconnaît le président de la Fédération de chasse au Pays basque

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Ce dimanche, la saison de la chasse s'ouvre en France. Dans les Pyrénées-Atlantiques, 7.500 chasseurs basques et autant en Béarn sont recensés cette année par la Fédération qui constate une hausse considérable de sangliers sur le département et de plus en plus en zone urbaine.

Philippe Etchevest est le président de la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques depuis 2012. Philippe Etchevest est le président de la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques depuis 2012.
Philippe Etchevest est le président de la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques depuis 2012. © Radio France - Yvan Plantey

Ouverture de la chasse ce dimanche partout en France et pour les 7.500 licenciés au Pays basque (15.000 dans les Pyrénées-Atlantiques). Des battues ont eu lieu ces derniers mois, mais cela reste une date symbolique dans l'année, même si les chasseurs sont de moins en moins nombreux. On compte une baisse de 3% parmi les licences délivrées cette année dans les Pyrénées-Atlantiques alors qu'il y a, dans le même temps, toujours plus de grand gibier à chasser. Entre le problème des sangliers, celui de l'indemnisation des agriculteurs après les dégâts causés et la hausse des licences délivrées aux femmes, Philippe Etchevest, le président de la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques fait le point.

France Bleu Pays Basque : À quel point les sangliers posent-ils problème ?

Philippe Etchevest : Il n'y a jamais eu autant de sangliers. On est à la limite d'être débordé parce que la population explose. Actuellement, dans les Pyrénées Atlantiques, on est à 5.400 prélèvements par an contre 2.200 il y a dix ans. Je vais vous citer par exemple une commune comme Saint-Pée-sur-Nivelle. Il y a cinq ou six ans, 70 sangliers étaient prélevés par an. Maintenant, ils sont à 110 voire 130 sangliers. Il faut bien réguler cette population.

Ça c'est dans l'intérieur mais la Côte est aussi touchée. Le sanglier est un animal très opportuniste et donc il va venir se réfugier le long des maisons, où il y a un peu de sable et quelques ronciers. Il y a trois jours, on a posé des pièges et quatre sangliers ont été capturés au lac Marion, à Biarritz. Il y a deux mois, à Saint-Bernard, à la sortie de Bayonne, on a fait pareil, on a posé une cage de piégeage et en trois jours, on avait onze sangliers. Depuis deux ou trois ans, on a commencé à remarquer qu'il y a de plus en plus de sangliers qui se réfugient en zone urbaine.

Avec tous les dégâts qu'ils occasionnent...

Le premier gros problème, ce sont les dégâts aux cultures puisque la loi prévoit qu'il n'y ait que le chasseur et ses cotisations qui payent les dégâts de grand gibier à nos amis agriculteurs. Voilà, ça c'est l'aspect économique. Deuxièmement, il y a un autre aspect dont ne parle pas, malheureusement : ce sont les accidents sur la route. Dès qu'il y a un chasseur qui s'est mal comporté, ça fait la Une de tous les journaux à des heures où tout le monde regarde. Par contre, le nombre de blessés, le nombre de personnes handicapées, et malheureusement, le nombre de morts à cause de ces accidents, personne n'en parle.

Voilà, j'aimerai bien faire un petit clin d'œil, une petite escarmouche à nos amis assureurs qui sont toujours là pour se gaver. On paye cher les assurances pour les chiens, les frais de véto et ainsi de suite. Et on n'a jamais un brin de restitution pour les chasseurs bénévoles qui régulent les sangliers, les chevreuils et les cerfs.

Justement, certaines fédérations sont au bord de la faillite à cause de l'augmentation des indemnisations. C'est le cas de celle des Pyrénées-Atlantiques ?

On n'a pas été tout à fait au bord de la banqueroute. Mais en 2019, où il y a eu une explosion des populations de sangliers, on a eu un pic de dépenses. Dans les Pyrénées Atlantiques, on était à 540.000 € de dégâts qu'on a dû payer aux agriculteurs, auxquels il faut ajouter 60 000 € d'expertise, plus tous les frais de dossier. En gros, on est à 800-840.000 €. Dans les Landes, ils étaient à 1,2 million d'euros de réparation. Donc ça vous plie une fédération. Sachant que les fédérations ne vivent que du prix de leur timbre fédéral. Nous, c'est 92 € multiplié par 15 000 (1.380.000 euros, NDLR).

On a 11 employés, il faut les payer et tout le reste sert à gérer la partie cynégétique. Donc, il va arriver un moment où je ne vais pas vous dire qu'on ne pourra plus payer puisque la loi permet aux préfets de vous obliger à augmenter le timbre de chasse, même de façon vertigineuse, parce que les fédérations ont l'obligation de payer les dégâts de gibier. Mais, à un moment donné, si vous mettez le permis à un prix exorbitant, vous avez certains jeunes qui n'ont pas les moyens et qui ne prendront carrément plus le permis. Ça aura un effet contraire.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les licences de chasse sont en baisse de 3% cette année... mais le nombre de chasseuses augmente. Comment l'expliquez-vous ?

Déjà, on s'en félicite ! On a plafonné pendant des années à 2 ou 3% de femmes parmi les licenciés et là, on arrive à avoir 10 à 12 % cette année. Est-ce que les femmes sont de plus en plus attirées par la chasse ? Peut-être pas, mais attirées par la nature parce que maintenant la chasse, ce n'est plus seulement prélever un gibier. Il y a une certaine éthique de la chasse qui n'est pas exprimée que par le tableau de chasse. Il y a un phénomène de la ruralité.

Il y a aussi le bouche-à-oreille : elles ont des amis qui chassent. Mais de toute façon, c'est comme ça qu'on recrute à 90% : des amis qui chassaient et qui leur ont fait part de la convivialité des parties de chasse. Et pour être très honnête, c'est vrai que la présence féminine apaise beaucoup de choses au niveau du dialogue ou du respect de la personne !

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