La vente de munitions de chasse chez les buralistes dans les Pyrénées-Atlantiques ne fait pas l'unanimité

Le quotidien des plus de 7.000 chasseurs dans le Pays basque pourrait bien changer dans les mois à venir. Le gouvernement a annoncé une expérimentation dans les Pyrénées-Atlantiques à partir du 1ᵉʳ janvier pour que les buralistes puissent vendre des cartouches de chasse. En réalité, aucun des acteurs ne se dit prêt pour l'instant et ils restent dubitatifs à propos de cette annonce.

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La vente dans les zones rurales

Des négociations pilotées par le ministère de l'Intérieur sont en cours entre les représentants des buralistes, des armuriers et des chasseurs. Ces discussions portent sur plusieurs contours majeurs de cette expérimentation. Il y a la question des "zones de chasse", qui correspond à des limites géographiques de lieux où il y a des chasseurs, mais pas d'armurier à proximité.

C'est le cœur de ce changement, puisque ce sont dans ces zones que les buralistes pourront faire la demande afin de vendre des cartouches de chasse. La philosophie : loin des armuriers, pour ne pas affecter leur chiffre d'affaires, mais proche des chasseurs qui limiteront les kilomètres pour faire le plein. Une mesure nécessaire d'éloignement pour Michel Bernizan, armurier à Bayonne. "Les points de vente doivent s'installer dans des zones rurales, alors là pourquoi pas, mais cela doit être bien ciblé", explique-t-il.

L'enjeu financier

Surtout que ces ventes de cartouches de chasse sont une manne financière immense pour les armuriers. Dans ce magasin bayonnais, c'est la moitié du chiffre d'affaires par an. Pour l'instant, les armuriers demandent que les buralistes viennent s'approvisionner chez eux, et non pas directement par les grossistes. Une manière de compenser le possible manque à gagner.

Mesure qui ne fait pas sens en face, puisque l'objectif est de s'éviter ces distances à couvrir en voiture. "En tant que solution de secours et d'appoint, je ne peux que me féliciter de ce nouveau service, explique Philippe Etcheveste, président de la fédération de chasse dans les Pyrénées-Atlantiques. Les armuriers ne vont pas nous perdre, ça sera pour dépanner." C'est sur cet aspect que les chasseurs veulent se montrer rassurant : il s'agirait d'une autre option au compte-goutte pour s'éviter de longues virées afin de récupérer seulement quelques cartouches. "Ça peut faire économiser quelques kilomètres à des chasseurs isolés, mais on se pose des questions parce que les cartouches, ce sont quand même des explosifs", abonde Philippe Etcheveste.

Une longue mise en place

De ce côté-là, les buralistes montrent patte blanche. Il leur faudra une formation de deux jours pour obtenir un agrément auprès de l'État, qui permet ensuite de vendre des munitions pour des armes à feu d'un certain calibre. Puis, ils devront également adapter leurs magasins pour assurer le stockage, en toute sécurité, de ces objets dangereux et qui pourraient attirer la convoitise de certains mauvais esprits.

Dernière mission, trouver des buralistes motivés pour cette nouvelle aventure de diversification. Pour le moment, au Pays basque, très peu d'entre eux ont fait connaître leur désir de cette évolution.