Passer au contenu
Publicité

Corse : après l'instauration de quotas, des contrôles pour encadrer la pêche aux oursins

Par

La pêche aux oursins est officiellement ouverte depuis le 15 février dernier et ce jusqu'au 15 avril. En raison de la raréfaction de la ressource, décision a été prise d'écourter la saison, sur arrêté préfectoral. Des quotas de pêche ont également été instaurés. Reportage.

Deux douzaines d'oursins pêchés dans la réserve des bouches de Bonifacio, le dimanche 18 février Deux douzaines d'oursins pêchés dans la réserve des bouches de Bonifacio, le dimanche 18 février
Deux douzaines d'oursins pêchés dans la réserve des bouches de Bonifacio, le dimanche 18 février © Radio France - Leria Maria Musso

C'est une problématique récurrente : depuis quelques années, les oursins sont de plus en plus rares dans les eaux qui entourent la Corse. Si le laboratoire Stella Mare a lancé un programme d'élevage d'élevage des oursins en 2018, avec, à terme, l'espoir de réintroduire des spécimens en mer pour sauvegarder l'espèce, l'heure est aujourd'hui à la préservation des échinodermes et à la restriction de la pêche.

Publicité

Un arrêté préfectoral a donc réduit la période de pêche à deux mois, du 15 février au 15 avril. Cette mesure s'accompagne de quotas de prélèvement. Les pêcheurs de loisir sont, en effet, autorisés à prélever deux douzaines d'oursins par pêcheur et par jour, avec un maximum de sept douzaines au-delà de trois plongeurs appartenant au même groupe. Les professionnels, eux, peuvent pêcher jusqu'à 500 douzaines par bateau et par semaine. A ces restrictions, s'ajoute un dernier critère : la taille. Les spécimens prélevés doivent mesurer au moins 5cm de diamètre, sans les épines.

Paul-José Fortini, agent de contrôle de la DMLC, montre le diamètre minimum autorisé que doit avoir un oursin pour être prélevé
Paul-José Fortini, agent de contrôle de la DMLC, montre le diamètre minimum autorisé que doit avoir un oursin pour être prélevé © Radio France - Leria Maria Musso

Informer les pêcheurs de loisir

Pour s'assurer que les mesures mises en œuvre par la préfecture sont bien respectées par les pêcheurs, récréatifs ou professionnels, la Direction de la Mer et du Littoral, la gendarmerie et l'Office de l'Environnement effectuent des contrôles sur les littoraux. La DMLC a ainsi mené 24 opérations de ce type depuis le 15 décembre dernier.

"On patrouille pour regarder s'il y a des gens à l'eau en train de prélever des oursins directement", explique Paul-José Fortini, agent de contrôle de la DMLC dans le sud de l'île. "On va aussi vérifier qu'ils sont au fait de la réglementation". Les premiers pêcheurs ne tardent pas à faire leur apparition et ils connaissent, pour la plupart, l'existence d'un arrêté préfectoral restrictif. Cependant, beaucoup d'entre eux n'ont pas en mémoire le nombre exact d'oursins qu'ils sont autorisés à prélever :"deux douzaines par personne et par plongeur  ; sept douzaines maximum s'il y a quatre plongeurs. Au-delà, si vous en voulez plus, il faut les acheter à un pêcheur professionnel", répètent inlassablement les agents de la DMLC et les militaires de la gendarmerie. En cause : la rédaction de l'arrêté préfectoral, qui mentionne à la fois les "pêcheurs de loisir" et les "personnes". Pour les contrôleurs, il est donc primordial de clarifier cette information et de la diffuser auprès des plaisanciers.

Contrôle d'un pêcheur venu de Portivechju pour ramasser des oursins, sur la plage de la Tunnara, le dimanche 18 février
Contrôle d'un pêcheur venu de Portivechju pour ramasser des oursins, sur la plage de la Tunnara, le dimanche 18 février © Radio France - Leria Maria Musso
Deux douzaines d'oursins pêchés sur la plage de la Tunnara, en Corse-du-Sud, le dimanche 18 février
Deux douzaines d'oursins pêchés sur la plage de la Tunnara, en Corse-du-Sud, le dimanche 18 février © Radio France - Leria Maria Musso

Des mesures discutées

Au total, six contrôles seront effectués dans la matinée. Un seul mènera à la rédaction d'un procès verbal car les deux pêcheurs impliqués ont largement dépassé la quantité de prélèvement autorisée. Certains des spécimens n'ont pas encore atteint la taille minimale obligatoire. Anthony, 32 ans, s'explique :"Je n'ai pas calculé ce que j'ai pris mais au moment de la découpe, on rejette les plus petits à la mer. Ca ne sert à rien de les ouvrir si on ne peut pas les manger." Il accepte de compter les oursins prélevés et de rejeter le surplus à la mer, pour conserver uniquement les deux douzaines par plongeur réglementaires, sans protester. Il risque jusqu'à 1500 euros d'amende.

Tous les pêcheurs de loisir contrôlés ce matin-là disent approuver l'instauration de quotas. C'est notamment le cas de François Bartoli, 71 ans, venu de Portivechju pour ramasser des oursins dans les rochers :"C'est très bien de faire ça parce que c'est vrai qu'il n'y a plus d'oursins. Il y a des gens qui en prennent beaucoup trop, notamment les plongeurs." Une opinion partagée par un jeune pêcheur, arrivé, lui aussi de la cité du sel et ayant souhaité conserver son anonymat :"Je connaissais la réglementation de la date, pas les quantités et restrictions mais c'est tant mieux que ce soit restrictif parce qu'il y en a de moins en moins, ça se justifie, c'est cohérent."

S'il adhère au principe de la régulation de la pêche, il exprime cependant un sentiment de frustration :"Je comprends le principe, seulement il faut l'appliquer dans sa globalité. On ne peut pas dire aux uns, vous prenez une douzaine, alors que d'autres à côté sortent 1 tonne." Tout comme un groupe d'amis originaires de la microrégion, qui ont également voulu rester anonymes. Eux s'estiment injustement lésés, condamnés à assumer les conséquences des pratiques d'autres pêcheurs, notamment professionnels :"Mon père m'amenait ici et maintenant, j'arrive me manger quatre oursins et je trouve les gendarmes. Je ne comprends plus rien. Ce qu'on n'arrive pas à comprendre c'est qu'on ait laissé autant de lest, qu'on n'ait pas limité avant qu'on en soit là."

Une incompréhension qui pourrait persister dans les années à venir, car la pêche aux oursins pourrait être totalement interdite, à la demande du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Corse (CRPMEMC), dès l'an prochain et ce pour une durée de trois ans, afin de garantir le renouvellement de la ressource.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined